Martinez – El Khomri : une rencontre pour rien ?
D’une certaine manière cette rencontre relève essentiellement d’une stratégie de communication tant de la part du gouvernement que de la part de la CGT. Si le sujet n’était pas aussi sérieux on pourrait parler de tragique comédie les deux parties veulent seulement démontrer qu’elles sont ouvertes à la discussion mais sans changer d’un iota leur position. Les deux parties n’ont d’ailleurs cessé d’affirmer depuis une dizaine de jours qu’elles étaient prêtes à se rencontrer immédiatement. En vain puisque personne n’a pris l’initiative de fixer une date avant celle de la réunion de ce vendredi. En l’état des positions des un et les autres et du rapport de force, cette rencontre ne débouchera sur rien. Cela d’autant plus que la ministre du travail elle El Khomri ne dispose d’aucun pouvoir de décision et que la gestion du dossier est assurée directement par Manuel Valls qui ne fera aucune conception à une organisation qui a politisé le débat. On connaît l’argumentaire de la CGT : il ne s’agit plus de retirer le texte mais de changer son architecture en particulier sur l’article 2 qui prévoit l’inversion des normes. Autrement dit on maintient le texte mais on change le contenu et sa logique. Une position non négociable pour le gouvernement. Un gouvernement qui s’il devait modifier complètement la philosophie du texte n’aurait plus qu’à démissionner. Il faudrait donc sans doute un miracle pour que Myriam El Khomri et Philippe Martinez, qui se rencontrent ce vendredi à 8 heures au ministère du Travail, puissent s’entendre sur la loi travail quand on entend le ton adopté par chacun. Et surtout les méthodes de force. Des images publiées par la préfecture de police et qui tournent sur les réseaux sociaux font apparaître des manifestants affublés de chasubles rouges, arracher des pavés. Interrogé sur la question, Philippe Martinez a maladroitement confirmé qu’il s’agit de militants de la CGT qui ont participé à des violences contre la police lors de la manifestation contre la loi travail. «Il y a dû avoir un ordre, je pense, de la préfecture de police, de charger les manifestants. Quand c’est comme ça, chacun essaie de se défendre», a-t-il déclaré ce matin sur RTL. Une nouvelle polémique d’autant plus dommageable que le secrétaire général de la CGT a assuré ce jeudi matin qu’«on a le sens des responsabilités et notre volonté c’est de dialoguer». Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a appelé Philippe Martinez à «prendre ses responsabilités» et à «condamner» les syndicalistes qui seraient coupables de violences. Nul doute que ce sujet sera à l’ordre du jour de la réunion entre Myriam El Khomri et Philippe Martinez. Au grand dam certains syndicats. «Avec toutes ces violences, on ne parle même plus du fond. Ce n’est plus possible. Il est grand temps de réinstaller la culture du dialogue dans ce pays», affirme Véronique Descacq, secrétaire générale adjointe de la CFDT, ce jeudi matin sur Radio Classique. «Nous sommes contents de rencontrer la ministre, déclare a Catherine Perret, secrétaire confédérale, chargée de la loi travail pour la CGT. Nous ne l’avions plus rencontré en tête à tête au ministère depuis le 3 mars dernier». Cette rencontre doit avant tout permettre de «clarifier les choses et de mettre sur la table les propositions de la CGT», explique-t-on au ministère. «Il était important que le dialogue reprenne» entre le gouvernement et le premier syndicat français «qui ne venait à aucune réunion du ministère» sur la loi travail, selon le ministère. Pour Philippe Martinez, ce rendez-vous permettra d’«écouter et discuter sur les choses qui ne vont pas dans le texte». Mais aucune annonce ne sera faite à l’issue de la rencontre, annonce le ministère.
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