Affaire Boulin : un assassinat pas un suicide
Ce que prouveraient plusieurs témoignages recueillis par la justice. La mort de Robert Boulin en 79 alors ministre du travail retrouvé mort dans 50 cm d’eau serait dû à un assassinat. Une affaire dont il faut rappeler le contexte d’après Wikipedia « Selon Laetitia Sanguinetti, la fille d’Alexandre Sanguinetti, cofondateur du Service d’action civique (SAC), ce dernier lui avait déclaré, quinze jours après la mort de Boulin, qu’il s’agissait d’un « assassinat ». L’affaire de l’achat de la garrigue à Ramatuelle avait été montée de toutes pièces pour décrédibiliser Boulin, qui aurait eu connaissance d’un réseau de financement illégal de partis politiques, en particulier – mais pas seulement – du RPR. De même, Michel Jobert a affirmé au journaliste Jean Mauriac, proche de la famille Boulin, que le ministre du Travail en savait trop sur le financement du RPR, notamment via Saddam Hussein, mais aussi Omar Bongo. Olivier Guichard a aussi confirmé la thèse de l’assassinat à Jean Mauriac.
……Lors d’un entretien accordé à France Inter en 2009, l’ancien ministre gaulliste Jean Charbonnel devient la première grande figure politique à affirmer publiquement croire à l’assassinat de Robert Boulin. Il affirme qu’Alexandre Sanguinetti lui a donné les noms du commanditaire et de l’exécutant de cet assassinat deux mois après la mort de Robert Boulin, au cours d’un repas à Brive-la-Gaillarde, et qu’il est prêt à les donner à la justice en cas de réouverture de l’enquête. Jean Charbonnel meurt en 2014 ». Les témoignages ont été recueillis par la juge d’instruction Aude Montrieux, depuis la réouverture de l’affaire Boulin, le 11 septembre 2015. Ces témoignages révélés en exclusivité par 20 minutes. Un médecin réanimateur, qui s’est immédiatement rendu sur place, à l’époque, décrit des blessures sur le corps du ministre, avec un visage « hors de l’eau ». « Ce n’était pas possible que ce soit un suicide », conclut cet homme, jamais entendu dans l’enquête initiale. Un autre témoin affirme sur procès-verbal que Robert Boulin était accompagné de deux individus, dans son véhicule, peu de temps avant sa mort. Pour la fille du ministre, Fabienne Boulin, il s’agit d’« une avancée très importante dans l’enquête ». Son avocate, Marie Dosé, réclame la déclassification de tous les documents liés à l’affaire Boulin. Il s’agit d’un témoignage qui pèse lourd : celui du premier médecin qui a examiné le corps de Robert Boulin, juste après sa découverte par un escadron de gendarmerie, dans l’étang Rompu, le 30 octobre 1979, à 8h40.Entendu le 19 janvier 2016 par la juge Aude Montrieux, ce médecin livre un témoignage circonstancié qui accrédite la piste de l’homicide de Robert Boulin. A l’époque, l’homme (dont nous préserverons l’anonymat) est alors médecin réanimateur au SMUR (Service mobile d’urgence et de réanimation), auprès des pompiers de Rambouillet. Alerté par radio, il se rend en forêt de Rambouillet, ce 30 octobre 1979. Lorsqu’il arrive sur place, seuls deux gendarmes se trouvent déjà sur les lieux. La dépouille du ministre flotte encore « dans un coin de l’étang » du Rompu. Son constat, comme celui des pompiers qui l’accompagnent, est clair : « Tout de suite, ce qui nous a sauté à l’idée, c’est qu’il était dans l’eau, mais pas dans la position d’un noyé, explique-t-il. Il était à quatre pattes, un bras en l’air et un autre vers le bas. (…) On avait l’impression qu’il avait été placé mort dans l’eau, parce qu’il n’avait pas la position d’un noyé dans l’eau. A priori, il devait être mort avant. Un pompier a même fait la remarque : Tiens, on a l’impression qu’on l’a apporté dans une malle. (…) Il était presque à genoux. On aurait dit qu’on le sortait d’une malle. (…) Il était comme assis, c’est à dire qu’il était comme dans une position assise mais penchant vers le bas. Ça, c’était très bizarre. Un noyé aurait été à plat sur l’eau. (…) Vu sa position dans l’eau, ce n’était pas possible que ce soit un suicide. » Autre témoin capital : celui d’un homme qui dit avoir croisé Robert Boulin, juste avant sa mort… accompagné de deux individus, à bord de son véhicule. France Inter avait révélé l’existence de ce témoin, en 2013. C’est en s’appuyant notamment sur ce témoignage que la fille du ministre, Fabienne Boulin, a obtenu la réouverture d’une information judiciaire pour « arrestation, enlèvement et séquestration suivi de mort ou assassinat. » Entendu le 17 décembre 2015 par la juge Aude Montrieux, cet homme confirme sur procès-verbal ce qu’il nous avait révélé. Croisant le véhicule de Robert Boulin, le 29 octobre 1979, vers 17 heures, à Montfort-l’Amaury, il se souvient. « J’ai nettement reconnu le passager qui était M. Boulin. (…) Il y avait le chauffeur. M. Boulin, à la droite du chauffeur et une autre personne à l’arrière. (…) Ce n’étaient pas des personnes détendues et gaies. Ils avaient des visages assez fermés. (…) [Les deux personnes dans le véhicule du ministre] étaient plus jeunes que M. Boulin. Ils avaient des cheveux plutôt foncés, pas blancs. » Ce témoin se dit « formel » sur le fait qu’il s’agissait bien de Robert Boulin. « Je suis sûr de l’heure, de l’endroit et de la personne. »
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