Ne pas vider la loi travail de sa substance (CFDT°)
La CFDT est sortie de son silence pour mettre en garde le gouvernement sur ses éventuelles intentions de vider la loi de son contenu. Il faut dire que la majorité a accumulé les contradictions pour trouver uen issue au conflit en cours. Certains proposent de modifier l’article 2 et même de renoncer à la hiérarchie de normes qui permet aux entreprises (après avis des syndicats majoritaires et referendum) de décider de certaines conditions sociales dans l’entreprise. Or la CFDT est très attaché à la décentralisation du débat social dans l’entreprise. Les contradictions au sein de la majorité découlent largement du fait que nombre de députés sont déboussolés à la fois par la radicalisation des conflits mais aussi par l’avis négatif de l’opinion sur cette loi (dont en fait très peu connaissent le contenu !). « Il est hors de question que le gouvernement renonce à ses engagements, que ce soit en retirant la loi ou en la vidant de sa substance, a donc-t-il martelé Laurent berger, le patron de la CFDT, ce mercredi 25 mai. Ce serait un coup dur pour les salariés car ils perdraient le bénéfice des nouveaux droits reconnus par le texte. » Cette prise de position forte de la CFDT n’est pas étonnante. « Cette organisation s’est engagée depuis plusieurs mois dans un combat pour influencer le contenu de la loi El Khomri. Après être parvenue à un compromis, elle dit aujourd’hui au gouvernement: ne cédez pas à ceux qui privilégient la logique de blocage des raffineries plutôt que la technique de négociation », analyse Bernard Vivier, président de l’Institut supérieur du Travail. Car la loi Travail, c’est un peu la loi Berger, un temps rebaptisée ministre bis de la rue Grenelle. De fait, le numéro un de la centrale de Belleville a pesé de tout son poids pour « rééquilibrer » la première version du texte, divulguée à la mi-février, qu’il jugeait « inacceptable en l’état ». La CFDT comme les autres syndicats a découvert dans la presse le contenu du texte avec ses deux mesures chocs, à savoir la simplification du licenciement économique et la barémisation des indemnités prud’homales. Ces deux chiffons rouges pour les partenaires sociaux ont été incorporés à la dernière minute et sans concertation par le Premier ministre, Manuel Valls. D’où la colère de Laurent Berger qui a alors brandi la menace d’un « désordre social ». Pris d’un coup de chaud, le gouvernement a fini par céder aux revendications de la CFDT qui a largement influencé le contenu de la deuxième version du texte. Dans ces conditions, le retrait du projet de loi sous la pression de la CGT serait un camouflet pour l’organisation réformatrice.
(Avec le Parisien et AFP)
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