CGT : la fuite en avant, pourquoi ?
Le blocage du carburant par la CGT constitue sans doute lune des dernières étapes de radicalisation de cette organisation. Une fuite en avant très risquée car elle risque maintenant de faire basculer l’opinion jusque là assez favorable aux protestataires. Mais un soutien relatif dans la mesure où le taux de grévistes et de participants aux manifestations n’a jais été important et qu’en outre il s’effrite (exemple 15% de grévistes à la SNCF ou pourtant est notamment en jeu le futur statut). Du coup faute de participation active des salariés, la CGT choisit l’action radicale la plus périlleuse en voulant priver la France de carburant. Les conséquences très néfastes peuvent être très rapides, l’absence carburant va en effet freiner la mobilité en particulier de ceux qui ont un besoin incontournable de leurs véhicules pour travailler. Aussi sur l’ensemble de -économie dont les modes de production et de commercialisation reposent essentiellement sur le principe des flux tendus ; en clair il n’y a plus de stocks dans les usines et les commerces ; les stocks sont dans les camions qui livrent chaque jour et parfois plusieurs fois par jour. En fait la CGT livre une bataille avec un triple objectif. Il ya bien sur la loi travail dont elle demande le retrait notamment sur la hiérarchie des normes qui va laisser des marges de manœuvre aux entreprises aussi favoriser la décentralisation syndicale soutenue par la CFDT et combattue par la CGT. Ensuite, faute de clarification de sa ligne interne (entre courant gauchistes, radicaux et réformistes) la CGT choisit la fuite en avant pour ne pas à avoir à définir une ligne claire. En outre la CGT veut apparaître comme la seule force d’opposition, en tout cas la plus radicale face au pouvoir en place aujourd’hui mais aussi demain. Dernier élément, la question de la représentativité. La CGT risque peut être d’être dépassée en 2017 par la CFDT en terme d’audience. En occupant le terrain des luttes et des médias, elle pense se refaire une santé. En perte de vitesse et de repères, la CGT joue à quitte ou double son avenir dans un bras de fer très politique avec le gouvernement et agit comme si elle pariait sur une défaite de la gauche aux élections de 2017, selon des analystes. A défaut d’être en mesure de rassembler une masse critique de manifestants lors de ces journées d’action à répétition, la CGT paraît surtout miser sur la mobilisation très médiatique de militants déterminés dans des bastions stratégiques. C’est le cas dans l’industrie pétrolière, où le blocage de raffineries et de dépôts fait tache d’huile, à la SNCF, où elle a déposé un préavis de grève reconductible les mercredis et jeudis, à la RATP, où elle appelle à la grève illimitée à partir du 2 juin ou dans les transports routiers. « Ce qu’on attend des autres salariés des autres secteurs c’est qu’ils viennent nous rejoindre », a déclaré lundi à France Inter le secrétaire fédéral de la branche pétrole de la CGT, Emmanuel Lépine. « Parce que à nous seuls, les raffineurs, nous n’allons pas pouvoir faire reculer le gouvernement. » Contrairement à FO, la CGT a rompu pratiquement tous les ponts avec le gouvernement et le Parlement. Son secrétaire général, Philippe Martinez, a lui-même admis lundi sur RTL ne plus être en contact avec l’exécutif depuis deux mois. « Ces mouvements vont peu à peu s’essouffler mais la CGT aura gagné l’image de l’organisation syndicale la plus résistante. » Pense Raymond Soubie, président des sociétés de conseil Alixio et Taddeo, spécialiste des relations sociales « La question est de savoir combien de temps cela va durer », ajoute cependant l’ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, pour qui la CGT risque « d’y laisser des plumes parce que beaucoup de gens n’apprécient pas cette stratégie ». Cette stratégie n’est en effet pas sans risque pour une centrale syndicale qui garde une forte capacité d’organisation mais a montré ces derniers temps des signes de faiblesse face aux « casseurs » qui sévissent en marge des manifestations. « La situation se tend de plus en plus. On n’a jamais connu ça. Si le gouvernement ne nous entend pas, on risque d’avoir des formes de radicalité qu’on n’arrivera pas à maîtriser », s’inquiète un haut responsable de la CGT. Si le mouvement se prolonge, avec des difficultés croissantes de ravitaillement en carburant ou de circulation, et s’il perturbe l’Euro de football, qui commence le 10 juin, le risque pour la CGT est également celui de l’impopularité. (Avec Reuters)
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