Produits dérivés : la dérive jusqu’à l’éclatement ?
Les produits dérivés représentent 1 million de milliards de dollars en théorie ne représentent pas de risque sauf si l’une des parties ne remplit plus ses obligations. Le risque de contagion pourrait alors provoquer une déflagration financière bien au-delà de tout ce qu’on a connu jusqu’alors Largement plus que l’ensemble des pièces, billets et des sommes déposées sur les comptes de dépôts de liquidités de l’ensemble de la planète, estimés à 81.000.000.000.000 dollars (81 trillions). Et bien au-delà de la valeur boursière de toutes les entreprises et entités cotées sur l’ensemble des places boursières mondiales (70 trillions de dollars). Un chiffre vertigineux donc, qui exprime également l’engouement et la frénésie qui entoure ce marché à la fois spéculatif et consubstantiel à l’activité des gestionnaires de portefeuilles. Comme le résume fort bien cette définition de la Documentation française, « les produits dérivés sont appelés de la sorte car leurs prix « dérivent » de la valeur d’autres actifs (actions, obligations, matières premières, immobilier…), mais aussi de variables monétaires, financières ou réelles (taux de change, taux d’intérêt, indices boursiers, indices climatiques) que l’on appelle le « sous-jacent ». Ils offrent ainsi une forme protection aux agents économiques: »Un gestionnaire de portefeuille pourra ainsi craindre la baisse du cours des actions, un importateur européen l’appréciation du dollar s’il doit honorer à plus ou moins brève échéance une facture libellée dans cette monnaie, tandis qu’un débiteur pourra légitimement s’inquiéter d’une possible hausse des taux d’intérêt s’il est endetté à taux variable. Les produits dérivés sont un des moyens permettant, selon différents mécanismes, de fixer dès à présent un prix pour ces actifs et ce, pour une date ultérieure. » La première raison de leur succès grandissant ne tient néanmoins pas uniquement à cet usage. Il est lié aux caractéristiques intrinsèques de ces produits financiers. Techniquement, parier sur une option permet de maximiser les gains, par rapport à un investissement dans un actif lambda. On bénéficie d’un effet de levier et de choix multiples, pour maximiser ses profits. Ensuite, les techniques qui ont évolué. Ce sont notamment les ETF qui ont changé la donne. Au milieu de marchés volatils et compliqués à suivre, ces instruments qui ne font qui suivre la tendance sans chercher à arbitrer de manière plus précise ont connu un succès croissant ces dernières années. Rien qu’aux Etats-Unis, leur montant est estimé à 2 ou 3.000 milliards (2 ou 3 « trillions ») de dollars. Et le marché grimpe de 13 à 15% par an. Un phénomène en accélération du fait de la croissance exponentielle des Fintech : beaucoup de ces entreprises financières non-bancaires proposent des solutions d’épargne et de placement via des ETF, gérés automatiquement par ordinateur. Ces ordinateurs sont également au cœur de la stratégie des hedge funds les plus performants de la planète. Là encore pour maximiser les profits de ces derniers. Mais il y a de forte chance que les encours de ces produits dérivés continuent de progresser. Soulevant quelques inquiétudes, du fait de la masse inimaginable qu’ils constituent, et de l’aspect systémique de cet océan de produits financiers. L’inconvénient est le lien étroit qui relie des classes d’actifs très disparates, mais qui au final pose la question centrale: qui sera en mesure de payer en cas d’effondrement? Beaucoup d’observateurs estiment que si une nouvelle crise financière devait arriver, les dérivés, par nature très volatiles et de qualité très diverses, en seraient l’instrument principal, et deviendraient rapidement une menace pour l’équilibre économique mondial.
(lu dans Bfm)
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