Union européenne : la droite pour un recentrage
Constatant le relatif immobilisme de l’union européenne et ses contradictions, la droite semble désormais souhaiter un recentrage politique et géographique. Géographique, en privilégiant le noyau dur de l’Europe ou la seule zone euro. Politique, en limitant l’action européenne à quelques axes stratégiques, une dizaine pas davantage. En clair la droite réclame une Refondation de l’Europe en renforçant son rôle sur quelques axes majeurs et dans un espace géographique plus restreint. L’intention est sans doute louable mais la faisabilité politique complexe d’abord parce que la commission européenne ne cesse d’étendre le champ de ses pouvoirs tant sur le plan politique que géographique, on vient par exemple de rouvrir un peu la porte des négociations avec la Turquie (pour des motifs de gestion des flux migratoires). Ensuite et surtout parce que cette opération de recentrage nécessite très vraisemblablement un nouveau traité autre document d’orientation dont l’approbation devrait être soumise aux populations et évidemment aux Français aussi. Bref un nouveau référendum sur l’Europe avec les risques politiques cela comporte comme cela a été démontré en 2005. Les principaux candidats à la primaire à droite appellent lundi à régénérer le projet européen, qu’ils jugent dans l’impasse, en recentrant l’Union européenne sur son « noyau dur », voeu d’Alain Juppé, ou en organisant un référendum en France pour « refermer la blessure de 2005″, proposition de Bruno Le Maire. A l’occasion de l’anniversaire du discours fondateur de Robert Schuman, le 9 mai 1950, tous déplorent d’une même voix le blocage de l’historique « moteur » franco-allemand. Notamment Nicolas Sarkozy, qui reformule dans Le Figaro son idée d’un « traité de refondation » pour « changer les compétences des institutions communautaires et leur fonctionnement ». Quant à François Fillon, pour qui « l’Europe est en train d’aller droit dans le mur », il souhaite que l’UE « laisse aux Etats la vie quotidienne et qu’elle s’occupe de sujets que les Etats ne peuvent régler à sa place ». Alain Juppé, favori pour l’investiture présidentielle à droite, regrette que « la France manque à son rôle européen historique ». « Elle commente, elle critique, et finalement, elle suit et elle subit. Malgré la foi européenne d’Angela Merkel et sa science de la navigation, l’Allemagne ne peut ni ne veut être seule à la barre de l’énorme vaisseau. Et l’Europe dérive », écrit l’ancien Premier ministre dans une tribune publiée lundi dans Le Monde et intitulée « Oui à l’Europe debout! » Quelle que soit l’issue du référendum du 23 juin sur le « Brexit », Alain Juppé considère que l’Europe, « anémique » économiquement, « dissoute » politiquement, prise d’ »angoisse identitaire », doit se consolider sur la base des traités existants « en partant du noyau dur que constitue la zone euro ». Ce travail « exige une harmonisation fiscale progressive et la mise en cohérence de nos systèmes de protection sociale », dit-il. En matière de sécurité, il souhaite qu’Europol et Eurojust deviennent « une police et une justice directement compétentes » et juge nécessaire « un Livre blanc sur la défense ». Le maire de Bordeaux appelle de ses voeux « une politique commune des migrations légales » et « une politique commune de l’énergie ». Nicolas Sarkozy veut pour sa part que la France mette sur la table dès « l’alternance » de 2017 un projet de nouveau traité « quelle que soit l’issue du référendum sur le Brexit. » L’ancien chef de l’Etat répète dans Le Figaro vouloir « aller jusqu’au bout de l’intégration » avec l’avènement d’un Fonds monétaire européen et « d’un secrétaire général du gouvernement économique qui agisse comme un véritable directeur du Trésor. » Il invite à « revoir complètement la répartition des compétences entre les Etats et l’Union » et à recentrer ses compétences « sur pas plus d’une dizaine de politiques communes prioritaires. »
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