Un plan anti-djihad ?

Un  plan anti-djihad ?

Même si terrorisme et radicalisation sont liés, le plan présenté par Manuel Valls ressemble davantage à une auberge espagnole qu’à une stratégie globale et cohérente. Certes certaines mesures sont sans doute nécessaires, certaines analyses pertinentes mais traitées de manière trop isolée et trop partielle. Manque notamment les liens avec la guerre en Syrie en Irak et en Libye, le lien avec le développement du communautarisme et les situations de non-droit dans certains quartiers. Lundi Manuel Valls présentera la feuille de route du Comité interministériel pour la prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR). Un catalogue de 80 mesures plus ou moins inédites, qui vont de la mobilisation des armées sur le terrain à la meilleure prise en charge des victimes de terrorisme, qui révèle surtout le souci d’associer le plus grand nombre d’acteurs de la société, publics comme privés, laïcs mais aussi religieux, à cette problématique. Une « mobilisation générale », dixit Manuel Valls, qui part d’un constat sans concession. « La radicalisation et le terrorisme sont liés, argumente le Premier ministre. On est face à un phénomène sournois qui a pénétré très largement la société et qui la menace, car il peut se massifier. La radicalisation d’une partie de notre jeunesse, séduite par un modèle de contre-société mortifère, est à mon sens le défi le plus grave auquel nous faisons face depuis la Seconde Guerre mondiale, car il abîme en profondeur le pacte républicain. » Si le plan présenté ce lundi matin comporte toute une série de mesures purement sécuritaires, il met aussi l’accent sur la déradicalisation. Sans fixer de doctrine, mais avec un objectif général : doubler d’ici à deux ans les capacités de prise en charge des personnes radicalisées ou en voie de radicalisation, et de leurs familles. Le système mis en place en 2014, avec l’instauration du numéro vert de signalement et la création de cellules de suivi préfectorales, est amplifié. Une « cellule nationale de coordination » doit aussi voir le jour au sein du CIPDR. Une manière de répondre aux nombreuses critiques sur l’hétérogénéité et l’efficacité variable des structures sollicitées en urgence pour mener la déradicalisation. « Certaines associations sont débordées ou pas à la hauteur de la tâche », regrettait par exemple publiquement Nathalie Bécache, la procureur de la République de Créteil (Val-de-Marne), lors d’un colloque organisé il y a dix jours par le CIPDR. « C’est vrai qu’on a tâtonné, admet Manuel Valls, mais ça a été le cas dans tous les pays confrontés au problème. » Une « grille d’indicateurs de sortie de la radicalisation » sera élaborée afin de mesurer l’efficacité des programmes entrepris. Le plan prévoit enfin d’encourager la recherche, avec la mise en place d’un « conseil scientifique permanent sur la radicalisation et le terrorisme » et l’attribution de bourses universitaires pour les travaux relevant de ce champ. Il n’y a pas si longtemps, Manuel Valls s’attirait pourtant les foudres du monde de la recherche avec sa fameuse déclaration : « Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser. » « Je tenais simplement à rappeler que la responsabilité individuelle des personnes qui vont combattre ne devait pas être occultée, se défend-il. Mais nous avons bien entendu besoin d’approfondir nos connaissances sur la question. Nous devons mettre en place une école de pensée française qui nous permette d’avoir un temps d’avance. »

 

(Avec le Parisien et AFP)

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