Archive mensuelle de avril 2016

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Secret des affaires » : bien gardé par l’Europe et tous les grands partis politiques français

Secret des affaires » : bien gardé par l’Europe et tous les grands partis politiques français

Les eurodéputés français, ont voté dans leur grande majorité la directive sur le secret des affaires.  (55 pour, 10 contre, 3 abstentions). Officiellement cette directive a pour objet de protéger contre l’espionnage industriel qui constitue évidemment un risque indéniable pour les entreprises. Mais le secret concernera tout le reste y compris notamment  les dimensions commerciales et financières. Après l’affaire Panama Papers le calendrier européen tombe bien mal dans la mesure où la directive ne participe guère de la transparence et constitue même un sérieux obstacle pour les lanceurs de d’alerte et les journalistes. Curieux que la plupart des députés européens français se soit retrouvée sur ce concept de secret qui montre sans doute une certaine consanguinité entre la finance et le système politique, sans parler de  certains parlementaires qui ne souhaitent pas particulièrement que les médias mettent le nez  dans la gestion de leur fortune.  Si elle vise à protéger les entreprises contre le vol, la directive définit aussi ce qu’est une divulgation « licite » d’un secret des affaires, telle qu’une découverte indépendante ou par étude ou démontage d’un produit obtenu légalement. « L’idée ce n’est pas de verrouiller et d’empêcher la circulation des connaissances », a assuré Constance Le Grip, eurodéputée Les Républicains et rapporteur du projet de directive, lors d’une conférence de presse. Deux anciens collaborateurs de PricewaterhouseCoopers (PwC) et un journaliste français seront jugés à partir du 26 avril au Luxembourg pour la divulgation des données à l’origine du LuxLeaks (révélation d’accords secrets privilégiés entre le fisc luxembourgeois et des multinationales). Ce procès ne serait, selon Constance Le Grip, plus possible sous le régime de la directive. Une pétition lancée par une cinquantaine d’associations et de syndicats de journalistes jugeant « trop large » la définition du secret des affaires et appelant au rejet de la directive, a recueilli 140.000 signatures mais la Fédération européenne des journalistes a jugé positivement les garanties apportées par la dernière version du texte. « Le vice originel de cette directive, c’est que le secret est la règle, la communication l’exception », a estimé Pascal Durand, eurodéputé Vert, lors d’un point de presse.

 

(Avec Reuters)

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Brésil : corruption généralisée

Brésil : corruption généralisée

C’est le paradoxe brésilien qui pourrait aboutir à un coût d’État de fait  mais cependant constitutionnel avec la destitution de la présidente. Une présidente accusée de corruption par des parlementaires encore davantage corrompus. Dilma Rousseff risque d’être poussée vers la porte de sortie dans les prochains jours. Les députés brésiliens ont voté, hier soir, pour sa destitution. La présidente brésilienne est très contestée ces derniers mois dans son pays. Elle est accusée d’avoir maquillé les comptes publics pour minimiser le déficit budgétaire. Dilma Rousseff est aussi empêtrée dans un vaste scandale de corruption. Pour Frédéric Louault, spécialiste du Brésil, ce que les députés brésiliens reprochent principalement à Dilma Rousseff c’est « d’avoir commis un crime de responsabilité et d’avoir engagé des dépenses importantes en violant la Constitution, sans demander l’aval du Congrès ». Selon l’universitaire, ce ne sont pas les scandales de corruption qui menacent le maintien au pouvoir de la présidente : « pour l’instant il n’y a aucune accusation de corruption formelle. A l’inverse la majorité des députés qui ont voté hier pour l’impeachment sont, eux, poursuivis pour des crimes de corruption ». Le mandat de Dilma Rousseff ne tient qu’à un fil. Une commission doit se réunir le mois prochain au Sénat pour décider d’accepter ou non la demande de destitution des députés. Mais Frédéric Louault se fait peu d’illusion : « On est très loin d’une moralisation de la vie politique. Sachant que les personnes qui sont en embuscade pour prendre le pouvoir derrière Dilma Rousseff sont elles-mêmes directement impliquées dans des scandales ». Pour le professeur à l’Université libre de Bruxelles, au Brésil « il n’y a pas un seul parti qui est considéré comme propre et qui est accepté par la population comme tel ». En cas de destitution c’est l’actuel vice-président, Michel Temer, qui assurera l’intérim. Son parti politique, le PMDB, est lui-même impliqué dans l’affaire de corruption Petrobras.

(France Info)

La CFDT devant la CGT en 2017 ? (Stéphane Sirot)

La CFDT devant la CGT en 2017 ? (Stéphane Sirot)

La CGT « sera certainement dépassée » par la CFDT en 2017 lors des prochaines élections professionnelles nationales, selon l’historien Stéphane Sirot, spécialiste des syndicats, invité ce lundi de France Info. La CGT, première organisation syndicale française, tient cette semaine son 51e congrès à Marseille. « Lors des dernières élections (en 2013), les deux organisations étaient au coude-à-coude », a rappelé Stéphane Sirot. La CGT avait obtenu 26,77% contre 26% pour la CFDT. Selon lui, la CGT pâtit notamment d’une double image : « Il faut distinguer le plan national où la CGT donne l’image d’un syndicat d’opposition, et le plan de l’entreprise où la CGT signe énormément d’accords collectifs. Il y a plusieurs CGT, d’une certaine façon », a expliqué l’historien. Les organisations syndicales, CGT en tête, sont par ailleurs confrontées « à un défi majeur », d’après Stéphane Sirot : « Les syndicats en France ont plutôt tendance à se considérer comme des syndicats de salariés, c’est-à-dire de personnes actives qui ont un emploi stable, et ont en revanche beaucoup plus de difficultés à capter les travailleurs qui ne sont pas des salariés, les jeunes, les CDD, les emplois précaires. »

 

(France Info)

La CGT travaillée par le gauchisme

La CGT travaillée par le gauchisme

Depuis des années la CGT et tiraillée entre le radicalisme des gauchistes notamment de solidaire et le réformisme incarné notamment par la CFDT. Pour ne pas être débordé à gauche, la CGT est donc contrainte d’en rajouter ou au minimum de s’aligner sur les positions les plus radicales. Radicales offrant aussi ainsi à la CFDT l’occasion d’occuper l’espace réformiste. En cause les positions erratiques de l’organisation depuis le deux Bernard Thibault, lequel avait commencé à opérer un sérieux recentrage de la centrale. Depuis la CGT est écartelé entre sa situation de syndicat majoritaire qui implique de mener les luttes de manière responsable avec des résultats dans les entreprises où il signe d’ailleurs de nombreux accords et ça tentation permanente d’apparaître au plan national comme le fer de lance de la contestation systématique. Bref il y a une urgence de recentrage de la ligne idéologique et de la stratégie.  La CGT a entamé lundi à Marseille un congrès crucial pour son avenir, un an après l’éviction du secrétaire général Thierry Lepaon et face à une CFDT qui menace de lui ravir la première place des organisations syndicales françaises. Philippe Martinez, qui a remplacé dans la douleur Thierry Lepaon en février 2015, a résolument placé la confédération sous le signe de l’opposition à la politique du gouvernement, dont la CGT rejette notamment le projet de réforme du Code du travail contre laquelle elle a co-organisé plusieurs journées d’action. Pour la CGT, ce 51e congrès a un double enjeu : solder la succession ratée de Bernard Thibault, qui a culminé fin 2014-début 2015 avec l’affaire de la rénovation du logement de fonction et du bureau de Thierry Lepaon ; mais surtout enrayer la perte d’influence de la première centrale syndicale française désormais talonnée par le premier syndicat réformiste, la CFDT. « La CGT est bien présente dans le paysage social français, c’est la première centrale syndicale de notre pays et elle compte bien le rester », a lancé Philippe Martinez. « On nous traite de dinosaure, de dernier des soviets. Ces insultes nous montrent au contraire qu’on est bien vivant, car on ne tire pas sur les morts », a-t-il dit. La crainte de perdre la première place des organisations syndicales lors de la prochaine mesure de leur représentativité en mars 2017 est dans l’esprit des délégués. Philippe Philippe Martinez l’a lui-même reconnu lors d’une récente rencontre avec l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis). « On constate (…) qu’il y a un différentiel de 300.000 électeurs entre la CFDT et nous », avait-il alors expliqué. « Cela pose la question de notre implantation dans les entreprises. » En 2013, la CGT, qui revendique près de 700.000 adhérents, est arrivée juste en tête des élections professionnelles avec 26,77% des suffrages, devant la CFDT (26%), Force ouvrière (15,94%), la CFE-CGC (9,43%) et la CFTC (9,30%).

Minima sociaux : la réforme à l’envers

Minima sociaux : la réforme à l’envers

 

 

 

Face aux maquis des minima sociaux on ne pouvait que se réjouir de la volonté du gouvernement de remettre un peu d’ordre dans la solidarité nationale d’autant que le nombre d’allocataires ne cesse de progresser pour atteindre aujourd’hui de l’ordre de 4 millions. Une dérive liée évidemment au contexte de crise économique caractérisée notamment par une montée du chômage. Simplifier et harmoniser paraissaient donc une démarche de bon sens. Pour autant on peut s’interroger sur la pertinence de cette réforme dont une étape significative commence par la perspective d’un revenu minimum dès l’âge de 18 ans. En clair on commence par des dépenses supplémentaires au lieu de se préoccuper d’abord des économies possibles. D’une certaine manière,  c’est une réforme vue d’en haut qui n’est pas par ailleurs sans arrière-pensée politique pour tenter de récupérer les voix d’une jeunesse qui ne se reconnaît pas dans la politique gouvernementale. D’un point de vue méthodologique ont n’aurait pu commencer par analyser les conditions d’attribution des différentes allocations afin de faire le tri entre ceux, très majoritaires, qui justifient de la solidarité nationale et ceux qui s’installent durablement dans l’assistanat. Une telle démarche impliquait un audit global et précis des conditions concrètes d’attribution des prestations encore une fois si pour la très grosse majorité des allocataires ces minima sociaux sont justifiées ce n’est pas toujours le cas pour d’autres. De ce point de vue les armées d’assistantes sociales embauchées notamment par les collectivités locales contribuent  à installer des populations dans l’assistanat et à se couper des réalités professionnelles. Une bonne réforme donc mais conduite à l’envers. Mieux vaudrait en effet moins d’allocataires mais avec des revenus plus substantiels qu’une manne répandue de façon inconsidérée sans critère pertinent d’attribution et qui ne permet ni de sortir de la pauvreté, ni de se réinsérer. Manuel Valls souhaite en effet une réforme pour créer un revenu minimum pour les personnes précaires dès 18 ans comme suggéré par Christophe Sirugue, ont annoncé lundi le député socialiste et les services du Premier ministre. Avant cette complexe réforme systémique, des mesures de simplification et d’harmonisation seront prises en 2017, année des élections présidentielle et législatives, ont-ils précisé après la remise du rapport de Christophe Sirugue à Manuel Valls. « L’ensemble des propositions formulées dans le rapport visant à simplifier et harmoniser les prestations devraient être mises en œuvre très rapidement », a annoncé Matignon. « Le Premier ministre a demandé à ses ministres que les propositions de plus long terme présentées dans le rapport fassent l’objet d’un travail approfondi, comme le préconise Christophe Sirugue, qui permettra de s’engager dans cette réforme d’ampleur dans les prochains mois », poursuit le communiqué. L’entourage du Premier ministre a confirmé le souhait de Manuel Valls de mettre en œuvre la proposition de revenu minimum pour les personnes de plus de 18 ans en situation de précarité faite par Christophe Sirugue. Le député a précisé aux journalistes que ce chantier nécessitait selon lui des travaux très importants. « C’est quelque chose qui peut être acté en termes de principe ou d’engagement mais qui nécessitera du temps pour pouvoir être décliné en termes concrets », a-t-il dit. Dans son rapport, il propose de fusionner tous les minima sociaux dans une allocation de 400 euros par mois accessible à partir de 18 ans, alors que le RSA n’est l’est actuellement qu’à partir de 25, une mesure dont le coût est difficile à évaluer. Dans un entretien à Libération, le député évoque le chiffre de 3,5 milliards d’euros par an. Les services du Premier ministre ont précisé quant à eux qu’ils ne pouvaient pas estimer le coût d’une telle réforme dans l’immédiat. Christophe Sirugue propose que cette allocation soit complétée si le bénéficiaire est une personne âgée ou handicapée ou s’il est en situation d’insertion professionnelle. « La nécessité d’agir est bien une évidence: aujourd’hui, ni la simplicité, ni l’égalité de traitement des allocataires ne sont garantis », écrit-il dans son rapport. « Les dix minima sociaux existants se caractérisent par la complexité et la diversité des règles applicables aux allocataires », poursuit-il, en soulignant le risque que cette complexité rende le système inéquitable. Sur l’ouverture des minima à partir de 18 ans au lieu de 25, il juge que « priver la très grande majorité des jeunes de l’accès à notre dispositif universel de lutte contre la pauvreté ne me paraît plus acceptable ». La France compte dix minima sociaux dont bénéficient quatre millions d’allocataires : le revenu de solidarité active (RSA), l’allocation de solidarité pour les personnes âgées (ASPA), l’allocation adultes handicapés (AAH), l’allocation supplémentaire d’invalidité (ASI), l’allocation de solidarité spécifique (ASS), l’allocation veuvage (AV), le revenu de solidarité outre-mer (RSO), la prime transitoire de solidarité (PTS), le revenu de solidarité outre-mer (RSO), l’allocation temporaire d’attente (ATA) et l’allocation pour demandeur d’asile (ADA), lit-on dans le rapport.

(Avec Reuters)

La Kwid Renault à 6000 € bientôt en Europe ?

 

 

 

 

Difficile de s’y retrouver dans les tendances lourdes qui vont caractériser le marché automobile.  D’un coté on note que le prix moyen de la voiture qui se situe autour de 25 000 € a nettement progressé au cours de ces dernières années, de l’ordre de 30 % en cinq ans. En cause la mode des SUV dont le coût est supérieur en général aux autres modèles aussi un grand nombre de gadgets informatiques qui permettent de justifier l’augmentation des prix. Inversement on constate aussi une demande de petit véhicule déshabillé des équipements informatiques inutiles et considérés seulement comme un outil de déplacement. (Sans parler de l’attentisme des automobilistes vis-à-vis du véhicule électrique).  C’est sans doute cette dernière tendance qui risque d’inciter Renault à introduire plus vite que possible son véhicule à très bas coûts là Kwid actuellement fabriqués et Bien une carrière européenne. Et cela pourrait même être pour bientôt: 2020. Officiellement Renault n’y songe pas encore. Pourtant la voiture est déjà testée depuis plusieurs mois sur les routes européennes. Mais pour l’homologuer, il va falloir revoir les normes de sécurités.  En clair : renforcer la structure ou encore l’équiper d’un airbag. Il va falloir aussi l’adapter aux normes antipollution. Un nouveau moteur sera donc indispensable. Des modifications qui vont renchérir son prix. Il faudra compter au minimum 6.000 euros contre 3.500 euros en Inde.  Il faut aussi un site compétitif proche du marché européen, comme l’usine de Tanger au Maroc.

Brésil : destitution de la présidente et probable coup d’Etat

Brésil : destitution de la présidente et  probable coup d’Etat

Cette fois ce ne sont pas les militaires qui préparent un coup d’État au Brésil mais la droite appuyé par certains juges très politisés. La présidente du Brésil est accusée de corruption et un processus est en cours pour sa destitution ; l’ assemblée  s’est prononcée pour cette destitution et c’est maintenant au Sénat de décider de l’éviction de la présidente, une probabilité sérieuse qui pourrait jeter le pays dans une crise profonde tellement les positions sont fortes tant au sommet de l’État que dans la population. La présidente et son entourage sont accusés d’avoir trafiqué les comptes pour assurer leur réélection on les accuse aussi de corruption Certes cette  corruption et sans doute réelle  notamment pour des motifs de financement de campagne électorale mais au Brésil toute la classe politique est impliquée dans les affaires. Si l’on devait écarter du pouvoir tous les responsables des gouvernements impliqués dans des affaires de ce type il ne resterait plus grand monde pour diriger les pays. C’est le revers actuel des conditions contradictoires de la démocratie. Ceci vaut pour le Brésil, mais pour nombre d’autres pays comme les États-Unis, la Russie ou même la France ( affaires Chirac, Sarkozy, Balladur et autres situations de corruption légale qui consiste tout simplement à additionner nombre de revenus ,  retraites et autre avantages liée au cumul des mandats, comme Hollande par exemple). Du coup la procédure en cours au Brésil est surtout de nature politique. Elle s’est  compliquée avec la tentative de faire entrer au gouvernement l’ancien président, Lula,  lui aussi impliqué et dont la justice a refusé la nomination au gouvernement. La problématique politique se complexifie car le Brésil connaît une crise économique très grave Du coup des manifestations sont organisées par la gauche et surtout par la droite dans le bras de fer engagé entre ces deux tendances politiques  L’opposition accuse aussi la présidente d’avoir sciemment maquillé les comptes publics l’année de sa réélection, en 2014. Un maquillage pourtant récurrent en France et qui aboutit à une dette réelle de plus de 30 000 € par habitant ! En tout cas au Brésil Un pas supplémentaire a été effectué vers la destitution de Dilma Rousseff. Le Parti des Travailleurs (PT) de la présidente brésilienne a reconnu dimanche soir sa défaite avant même la fin du vote sur cette question à l’assemblée.  Les putschistes ont gagné ici à la Chambre», mais cette «défaite provisoire ne signifie pas que la guerre est perdue», a déclaré le leader du PT à des journalistes alors que le score des pro-impeachment était de 200 voix supérieur à celui des pro-Rousseff. L’ouverture d’un procès politique contre la chef de l’Etat devra maintenant être ratifiée par le Sénat.

(Avec AFP)

Croissance : le FMI pour une relance keynésienne ciblée

Croissance : le FMI pour une relance keynésienne ciblée

 

 

 

À mesure que les prévisions économiques mondiales sont révisées à la baisse, le FMI ne cesse d’insister sur la nécessité de relance ciblée notamment en direction des infrastructures. Relance qui pourrait trouver un terrain favorable compte tenu notamment  de l’extrême faiblesse des taux mais qui se heurte évidemment au niveau d’endettement dans de nombreux pays. En fait on pourrait bien se satisfaire d’une croissance de 3 % environ en 2016 au lieu des 3,4% pronostiqués encore récemment. Deux facteurs explicatifs à cette de panne de croissance : la faiblesse aussi bien de la consommation que des investissements des entreprises. Du coup progressivement le FMI semble ce convertir au principe de la relance keynésienne mais sans le dire. D’un certain point de vue cet appel à l’utilisation de l’outil budgétaire constitue une nouveauté et contredit sur bien des points l’austérité préconisée notamment en Europe Le comité de pilotage du Fonds monétaire international (FMI) a donc  invité les Etats membres de l’organisation à orienter leurs dépenses vers le soutien à la croissance et appelé le Fonds à envisager de nouveaux prêts à des pays confrontés au ralentissement de la croissance. « Les risques de dégradation des perspectives de l’économie mondiale ont augmenté depuis octobre, ce qui fait entrevoir la possibilité d’un ralentissement plus généralisé et d’un retrait soudain des flux de capitaux », déclaré le Comité monétaire et financier international (CMFI) dans un communiqué publié samedi à l’issue de sa réunion de printemps. Exprimant les mêmes préoccupations que les ministres des Finances et les banquiers centraux du G20 vendredi, les 24 membres du CMFI appellent les Etats à s’ »abstenir de toute forme de protectionnisme et de dévaluation compétitive, et à laisser les taux de change réagir aux variations des paramètres économiques fondamentaux ». « Une politique budgétaire propice à la croissance est nécessaire dans tous les pays », souligne le communiqué, ajoutant que le maintien de politiques monétaires accommodantes reste approprié dans plusieurs économies avancées et que des réformes structurelles doivent accompagner des politiques de soutien à la demande. Le CMFI, présidé par le gouverneur de la banque centrale mexicaine, Agustin Carstens, appelle parallèlement le FMI à réexaminer sa panoplie d’instruments de prêt pour « réfléchir à ce qu’il pourrait faire pour mieux aider les États membres à gérer la volatilité et l’incertitude – notamment au moyen de concours financiers, y compris à titre de précaution ».

Hortefeux appelle Fillon et Le Maire à la « reconnaissance »….du ventre !

Hortefeux appelle Fillon et Le Maire à la « reconnaissance »….du ventre !

 

Après François Hollande le fidèle des fidèles de Sarkozy appelle lui aussi à la reconnaissance du ventre. Un message qui s’adresse en particulier aux deux principaux rivaux de l’ancien président de la république à savoir Bruno Lemaire et François Fillon. Il est clair que cet appel à la reconnaissance de la part de Brice Hortefeux qui n’a pas inventé la lune, ni la nuance,  traduit quand même une certaine conception du mode de reproduction politique. François Hollande lors de son allocution télévisée sur France 2 avait déclaré à propos d’Emmanuel Macron « il sait ce qu’il me doit ». En d’autres termes le pouvoir divin du monarque républicain s’impose aux courtisans qui ont fait l’objet de distinctions royales. Brice Hortefeux, fidèle de Nicolas Sarkozy, a dénoncé dimanche les critiques redoublées de François Fillon et Bruno Le Maire à l’endroit de l’ancien chef de l’Etat, jugeant que la rupture dont ils se revendiquent ne les exemptait pas de reconnaissance. Le 12 avril dernier, lors d’une réunion publique dans le Val-de-Marne, Nicolas Sarkozy, qui devrait se déclarer en septembre pour la primaire des 20 et 27 novembre, avait invité à « privilégier toujours ceux qui rassemblent à ceux qui divisent » et appelé à « un peu plus d’esprit collectif ». Une pique visant particulièrement son ancien Premier ministre, François Fillon, aujourd’hui l’un de ses rivaux pour l’investiture présidentielle à droite, qui a récemment estimé dans une interview au Monde qu’il serait « très difficile » pour Nicolas Sarkozy de se représenter. « Nicolas Sarkozy a toujours dit lui-même que les Français étaient régicides et, quand on a coupé la tête du roi, c’est dur de la remettre sur ses épaules… », avait-il justifié. « Je me demande si la vraie modernité, ce n’est pas la reconnaissance à l’égard de celui qui vous a nommé et avec qui vous a travaillé en confiance », a répliqué dimanche Brice Hortefeux au « Grand Rendez-vous » Europe 1-Le Monde-iTELE. « Si le vrai courage, ce n’est pas d’assumer une fidélité à l’égard de celui qui vous a confié les plus hautes responsabilités de l’Etat », a-t-il ajouté.

(Avec Reuters)

« Nuit debout » : Finkielkraut chahuté pourquoi ?

« Nuit debout » : Finkielkraut chahuté pourquoi ?

 

 

D’une certaine manière il ne faut guère s’étonner que le philosophe Finkielkraut ait été  insulté et chahuté lors de sa visite à Nuit debout, place de la république. Certes  l’insulte n’est sans doute pas l’outil privilégié du débat démocratique et l’affaire n’aurait pas pris cette dimension médiatique si la présence d’Alain Finkielkraut n’avait pas suscité cette violence verbale. Pour autant les institutionnels et autres oligarques de la pensée ou-et du système politique devraient manifester un peu plus de pudeur et de discrétion vis-à-vis d’un mouvement où justement leur  responsabilité est au cœur des enjeux. Il y a bien longtemps qu’Alain Finkielkraut a quitté ses habits de révolutionnaire, l’ancien maoïste s’est lui aussi laissé absorber par la pieuvre médiatique et participe donc de la reproduction du système précisément contesté à Nuit debout. Pire Finkielkraut  a  foulé aux pieds les valeurs universelles  en s’engageant de manière partisane du côté d’Israël. En outre depuis longtemps Finkielkraut à substitué à la maïeutique, l’incantation militante colérique, Finkelraut ne philosophe pas, il prêche comme un prophète possédé. Il hurle, tremble , vitupère.   On est loin de Socrate ! Cet incident autour de Finkielkraut démontre en tout cas que certains caciques du système sont toujours prêts à récupérer des formes de contestation pour oxygéner une pensée fatiguée et  obsolète.  La réaction de certains à l’égard de Finkielkraut n’est pas la plus adéquate cependant on peut comprendre que les participants de Nuit debout se méfient par-dessus tout des tentatives d’exploitation de leur mouvement par les partis politiques ,  par les syndicats mais d’une façon générale par les institutionnels. Plusieurs responsables politiques, à gauche comme à droite, ont pris dimanche la défense du philosophe Alain Finkielkraut, qualifié de « néo-réactionnaire » par ses détracteurs, après qu’il eut été insulté lors du rassemblement « Nuit debout » à Paris. Ce que craignent beaucoup d’institutionnels c’est en faite la crainte d’une remise encore cause de leur établi qui leur permet d’exister. Personne ne peut dire ce qu’il adviendra de ce mouvement nuit debout finalement encore assez confus mais les réactions très négatives à son égard témoigne à l’évidence de la peur de certaines des élites vis-à-vis de l’émergence de nouvelles formes démocratiques. Des réactions bien trop excessives qui traduisent la gêne et même la trouille de certaines élites  « Le vrai visage de #NuitDebout, réinventer la démocratie en expulsant ceux qui ne pensent pas comme vous: minable », dénonce par exemple le président du Sénat, Gérard Larcher (Les Républicains), sur Twitter. « Nuit debout, République couchée », estime pour sa part le député LR des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, sur son blog. « Hier soir, en accueillant et offrant une tribune à l’ancien ministre grec (des Finances) Yanis Varoufakis et en insultant et expulsant avec perte et fracas (…) Alain Finkielkraut, les participants au mouvement Nuit Debout montraient leur vrai visage. Celui de la haine et de l’intolérance. »La députée LR Nathalie Kosciusko-Morizet, l’une des rares à droite à cautionner le mouvement « Nuit Debout », dit « non » sur Twitter à « l’exclusion des idées ». « Le sectarisme est une autre forme de pensée unique », écrit-elle.

2017 : un Hollande « très courageux » peut gagner en 2017 (Macron)

2017 : un Hollande « très courageux » peut gagner en 2017 (Macron)

Le ministre de l’économie Emmanuel Macron  ne manque pas d’aplomb en déclarant que François Hollande possède encore une chance de gagner en 2017 s’il se montre suffisamment courageux. En creux, c’est évidemment une forte critique de l’attitude du président de la république qui se réfugie le plus souvent dans le consensus mou. Un règlement de comptes aussi dans la mesure où Emmanuel macro a été dessaisi de la gestion de la loi travail au profit de l’inexpérimenté Myriam el Khomri. Une réplique aussi d’Emmanuel macro a François Hollande qui pour tempérer les velléités électorales de son ministre de l’économie avait indiqué avec une certaine condescendance qu’Emmanuel macro devait se souvenir « de ce qu’il lui doit ». Il s’agit évidemment de sa nomination comme conseiller à l’Élysée puis de sa promotion comme ministre de l’économie. D’une certaine manière cette impertinence d’Emmanuel Macron démontre que la course pour le leadership à gauche est bien engagée entre Hollande, Valls et Macron,  lequel ne désespère sans doute pas de représenter la gauche en 2017 pour le cas où faute de popularité Hollande serait contraint de se retirer. François Hollande a des chances d’être réélu en 2017 s’il prend des « décisions très courageuses » et explique son action, a déclaré Emmanuel Macron dans un entretien diffusé dimanche sur la BBC. Pour le ministre de l’Economie, qui a lancé son propre mouvement transpartisan, « En Marche », pour dresser le « bilan » de la France et proposer des « solutions radicales », l’échéance présidentielle est encore « trop loin » pour se prononcer sur l’offre politique à gauche en 2017. Prié de dire s’il croyait en la possible réélection de François Hollande, au plus bas dans les sondages, Emmanuel Macron a toutefois répondu : « Je pense que s’il prend des décisions très courageuses, s’il explique ce qu’il fait, il pourrait certainement être en situation de gagner. » A la question de savoir s’il songeait lui-même à se présenter, il a répondu : « Je ne veux pas entrer dans ce genre de discussion ». De nouveau interrogé à ce sujet, il a ajouté : « Un an avant, c’est impossible » [de le dire]. En clair Emmanuel macro n’excluant pas cette hypothèse de candidature autant dire qu’il s’y prépare dès maintenant. Selon un sondage Odoxa avec Dentsu-Consulting pour BFMTV et Le Parisien-Aujourd’hui diffusé samedi, François Hollande serait éliminé dès le premier tour de la présidentielle dans tous les cas de figure alors qu’Emmanuel Macron permettrait à la gauche d’accéder au second tour.

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Mal français : « La faute à l’Europe » ? Marcel Gauchet

Mal français : « La faute à l’Europe » ? Marcel Gauchet

 

Philosophe et historien, Marcel Gauchet dans une interview à la Tribune fait un inventaire des différents facteurs explicatifs du mal français et attribue notamment une grande responsabilité à l’Europe. Une interview intéressante mais qui peut cependant être contestée notamment sur l’insuffisance d’analyse des faiblesses spécifiquement françaises. Ou quand l’analyse philosophique pèche par manque d’approche sociaux économique !

 

LA TRIBUNE - Vous affirmez que nous nous dirigeons vers l’explosion de l’euro ?  Pourquoi ?

MARCEL GAUCHET - Je ne prétends pas parler en économiste et je ne prophétise rien. Je me contente d’observer que l’euro n’a pas été conçu sur la base d’une stratégie économique, mais en des termes politiques. S’il doit tomber, il tombera par la politique. Nous sommes dans une ambiguïté extrême: les gouvernements admettent que l’Europe monétaire ne fonctionne pas bien, mais refusent l’idée d’en sortir. Les économistes s’épuisent en discussions techniques sur l’euro, alors que ceux qui décident en dernier ressort, les responsables politiques, se déterminent non pas en fonctions de considérations économiques, mais uniquement politiques.  Ce qui maintient avant tout l’euro, c’est la peur d’en sortir, le refus du saut dans l’inconnu. On sait très bien, ainsi, en France, que les retraités y sont farouchement opposés. Cela donne une force immense au statu quo, mais celui-ci pourra-t-il tenir devant les conséquences  de l’euro tel qu’il fonctionne aujourd’hui ? Sans même évoquer les pays périphériques, la contrainte va devenir terrifiante, pour l’Italie, la France… En France, nous allons nous trouver devant un choix politique majeur,  à côté duquel le Brexit est une aimable plaisanterie. Que se passera-t-il quand nous atteindrons les 8 millions de chômeurs ?  Il paraît que la croissance devant repartir tôt ou tard, ces questions vont se résoudre d’elles-mêmes. Il est permis d’en douter. Ce que chacun peut constater, c’est l’affaissement continu du système productif français. La conscience de l’insupportable va finir par émerger, sauf  à nous condamner à une dépression perpétuelle.

À moins d’un grand saut vers l’Europe fédérale ?

Un saut fédéral ? La création d’un budget européen? Personne n’osera sauter le pas dans les conditions politiques actuelles. Certes, cette alternative se présentera à un moment donné. Les européistes forcenés la défendront, avec l’idée qu’il vaut mieux laisser les Allemands concevoir notre budget à notre place. Mais je doute ce que ce soit très populaire !  Il faudra alors admettre l’échec de cette construction purement politique, voulue par François Mitterrand pour des raisons absurdes -arrimer l’Allemagne à l’ouest par crainte de la voir partir vers l’Est.

Votre thèse centrale est celle d’un « malheur français ». Vous insistez notamment sur le mensonge de Mitterrand, qui a vendu aux Français l’idée que l’Europe, ce serait la France en plus grand, en plus fort… Mais quelle est la part de l’Europe dans ce malheur ?

En l’absence d’Europe, le malheur français serait tout de même là. L’Europe, c’est, en l’occurrence, un amplificateur et un révélateur. Dans un contexte où cette idée pouvait encore paraître plausible, au cours des années 1980, François Mitterrand a vendu aux Français la thèse selon laquelle l’Europe pouvait être la solution de tous leurs maux. Le discours était le suivant : « Nous avons les moyens militaires et stratégiques, les Allemands ont le poids économique ; construisons donc une Europe que nous allons conduire politiquement, pour contrer le néolibéralisme. » Comme si l’Europe allait nous permettre de bâtir une alternative sociale au monde néolibéral. Évidemment, l’inverse s’est produit. L’Europe a amplifié le basculement de la France vers le néolibéralisme. Et l’Europe a révélé à quel point nous, Français, étions isolés, à quel point nous ne pouvions plus peser sur le cours des choses. L’Europe que nous pensions piloter nous a échappé, nos partenaires se convertissant aux politiques néolibérales, tout comme la Commission européenne, devenue le fer de lance de ces politiques. Le mot d’ordre, c’est toujours plus de marché, de flexibilité, avec un rappel à l’ordre de Bruxelles quasi quotidien. Nous vivions sur l’image du village gaulois résistant à la vague néolibérale : elle l’a englouti. Les Français ont beaucoup de mal à se reconnaître dans ce cours des choses, ils accusent le coup quand ils constatent la faiblesse et l’isolement de leur pays.

Quel est le « vrai » malheur français ?

Il peut se constater à plusieurs niveaux. J’en vois trois. D’abord, d’un point de vue général, pour l’Occident, la mondialisation est synonyme de rapetissement. Les Européens ne représentent plus que 7 % de la population du globe. Et ce sera de moins en moins ! Tous les Occidentaux sont ébranlés par ce constat. Ensuite, nous nous sommes illusionnés sur le partage des tâches dans la mondialisation : les Occidentaux ont pensé qu’ils allaient faire suer le burnous des Asiatiques, et encaisser, eux, les royalties, puisque l’Europe et les États-Unis se réservaient l’innovation, la haute technologie. Comme si les Chinois n’allaient pas s’y intéresser ! Un racisme inconscient était là à l’oeuvre. Évidemment, cela n’a pas marché ainsi. Le réveil a été difficile. En fait, la mondialisation, c’est la relativisation de l’Occident. Cela ne concerne pas que l’Europe, du reste. Les Américains ressentent aussi ce choc. Enfin, s’agissant du modèle français, la marche du monde telle qu’elle s’est généralisée depuis quarante ans va à l’encontre de notre ADN, comme on dit. Certes, nous parvenons tant bien que mal à nous adapter à la situation. Mais c’est un modèle dans lequel les Français ne se reconnaissent pas. Un modèle construit sur l’approbation des inégalités au titre de la dynamique économique, alors que le problème français, depuis toujours, c’est l’égalité. Sur la place de l’État, l’idée du droit, le rôle de l’argent dans la vie sociale, les Français sont en décalage avec le modèle international dominant, mondialisé. Ils jouent le jeu, mais ont du mal à s’y retrouver.

La France, c’était, pour reprendre une formule un brin ironique, « le pays où le communisme a réussi » ?

C’est une aimable plaisanterie ! Ce qui pouvait rappeler le modèle soviétique dans le modèle français, lors de son dernier moment glorieux, celui des « Trente Glorieuses », justement, c’était l’aspiration égalitaire et l’idéal d’un gouvernement rationnel. Avec cette différence que cela fonctionnait, contrairement à l’Union soviétique. Nous avons obtenu de vraies réussites dans ce cadre, au cours des années 1950 et 1960. Cela s’exprimait dans les grands projets technologiques, les ingénieurs et la science au pouvoir ! Dans le monde néolibéral, c’est plutôt la réussite financière individuelle qui est au pouvoir. Les entrepreneurs « newlook », ça ne branche pas tant que ça les Français !

 

Comment le néolibéralisme s’est-il infiltré en Europe ?

Deux facteurs se sont conjugués. D’une part, l’impasse de la régulation keynésienne, de plus en plus perceptible au cours des années 1970. Les gouvernements se montraient impuissants à réguler la conjoncture, et les appareils publics n’étaient plus maîtrisés. Le néolibéralisme a eu pour atout majeur de relever ce défi grâce à l’outil monétaire, le monétarisme permettant de casser l’inflation. Les populations ne supportaient plus alors une inflation à deux chiffres, très déstabilisante. En outre, en raison de la crise, tous les États se sont endettés. Il a fallu colmater les brèches. La dérégulation financière a permis d’avoir pleinement recours aux marchés, et donc d’emprunter plus facilement. En matière économique, le néolibéralisme a gagné la bataille essentiellement pour des raisons pragmatiques… Mitterrand, Bérégovoy ou Delors n’avaient pas lu Milton Friedman… mais ils ont vu que la recette fonctionnait ! Le second facteur, c’est tout simplement la nécessité d’exporter, donc de s’ouvrir à la mondialisation, pour payer la facture énergétique. Mais la mondialisation n’est pas qu’un phénomène économique. Derrière, il y a un phénomène beaucoup plus profond qui est l’ouverture au monde de l’ensemble des sociétés. L’idée d’une libre circulation des marchandises, mais aussi des gens, s’est imposée partout. Elle s’est transformée en vision générale de la vie en société, devenant un fait politique majeur. Même les sociétés les plus fermées, la Chine ou l’Union soviétique, n’ont pas pu résister à cette vague. Elle a détruit le cadre classique de l’affrontement Est-Ouest.

Comment la mondialisation a-t-elle fait évoluer les sociétés en profondeur ?

La mondialisation, c’est l’aspect extérieur des bouleversements sociétaux. Il faut considérer aussi l’aspect intérieur, l’évolution en profondeur des sociétés : le fait majeur, c’est la disparition du sens du collectif. La mutualisation, l’État social, la primauté donnée au collectif, tout ce ciment des sociétés est délégitimé, au profit de l’axiome selon lequel il n’y a en droit que des individus. S’il n’y a que des individus, comment concevoir le lien social autrement que comme un marché généralisé ? Et ce, y compris dans la sphère politique ?

Curieusement, vous estimez que les États-Unis ont échappé pour partie à ce mouvement…

C’est la fable effectivement paradoxale de cette histoire : le pays matriciel du point de vue de l’idéologie néolibérale est celui qu’elle a le moins transformé. Le néolibéralisme y est pratiqué en grand, mais dans les limites du patriotisme : l’idée-force, c’est que ce dernier doit, in fine, l’emporter. Ce principe n’est absolument pas contesté, sauf par quelques « libertariens » excités. Aux États-Unis, on ne trouve pas cette antinomie que nous connaissons entre le marché et l’État. L’idéal américain, c’est le marché au service de la grandeur de l’Amérique. Il faut que l’Amérique soit forte, donc riche, et c’est grâce au marché qu’elle le sera. C’est à l’opposé de notre conception de l’idée sociale, selon laquelle il faut choisir son camp, l’État ou le marché.

C’est au nom de ce patriotisme, ce principe suprême, que l’Amérique sait se défendre. Et pas seulement l’Amérique…

C’est un principe supérieur qui existe aux États-Unis, mais aussi en Chine. En fait, il s’impose partout, sauf chez nous ! L’Europe ne sait pas se défendre, elle n’a aucune idée de sa place dans le monde, aucune vision stratégique, cela éclate au grand jour avec la crise migratoire. C’est comme si nous avions perdu quelque chose en route…

C’est un constat assez dramatique. Et comment peut-on en sortir ?

Effectivement, c’est dramatique. C’est pourquoi j’ai écrit ce livre. Je veux croire au réveil des populations, des élites dirigeantes Il faut repenser l’Europe, en fonction d’un fait simple : l’Europe doit être une entité politique, stratégique, conçue pour préserver la place de l’ensemble des pays qui la composent dans le monde. Il faut une articulation différente entre les nations et l’Europe : nos intérêts sont communs. Notre intérêt primordial, c’est de sauver ce qui a fait le dynamisme historique exceptionnel de l’Europe, afin de continuer à le développer. Or cela ne va nullement de soi dans le « Grand Jeu » global en train de s’engager. Dès lors que le principe est posé, quelles sont les formules politiques imaginables ? L’Europe des cercles – avec des pays participant à des politiques, d’autres exclus -, je n’y crois pas une seconde. Comme s’il pouvait exister une première, une deuxième et une troisième division… Il faut revoir les attributions de la Commission. Comment une administration peut-elle faire de la politique ? Elle n’est pas conçue pour… Ce poids politique de la Commission a correspondu à un moment historique, qui a été celui de la technocratie. Mais celui-ci est dépassé. Que veut-on ? Une banlieue médiocre des États-Unis ou une Europe consciente de son originalité, forte de son histoire particulière, de ses valeurs propres ? Sommes-nous obligés, par exemple, de nous aligner sur le droit américain ?

Une Europe plus forte, c’est celle qui va vers le fédéralisme ?

Pas forcément. Il faudrait un espace où chacune des nations pourrait s’exprimer beaucoup plus, politiquement. Cela ne va donc pas dans un sens fédéraliste. Rappelons-nous que l’Europe est et ne peut être qu’un projet politique entièrement neuf. D’ailleurs, si l’on voulait emprunter cette voie, qui pourrait incarner l’Europe ? Quel responsable ? Il n’y en a pas. Qui voudrait d’un Jean-Claude Juncker président de l’Europe ?

Pour qu’une Europe puisse agir, faut-il qu’elle s’incarne ?

Pas nécessairement. Je ne le pense pas. C’est l’erreur de base. Mieux vaut un concert polycentrique, où de fait, par exemple en matière de défense, les pays disposant d’une armée importante auraient naturellement une voix prépondérante dans la discussion. Et dans l’action. Pour une fois, le gouvernement français a eu raison de demander que soit reconnue la charge financière que représentait son intervention au Mali. Le problème est de trouver une formule institutionnelle permettant à de véritables perspectives politiques d’émerger. Le contraire du système actuel qui fonctionne comme un étouffoir.

Vous voulez que les politiques reprennent le pouvoir ?

Et qu’ils aient une ligne, qu’il s’agisse de la défense ou de l’économie ! Une des choses les plus scandaleuses que l’Europe ait faites ces dernières années, c’est l’adoption pure et simple des normes comptables américaines. Une Europe digne de ce nom définirait un statut de l’entreprise européenne, s’appliquant aux multinationales venant s’installer chez nous. Et avec un système comptable répondant aux exigences européennes, s’agissant de l’évaluation de la valeur des entreprises.

Cette Europe que vous appelez de vos voeux pourrait se défendre, affirmer ses vues… mais remettrait-elle en cause le néolibéralisme à l’origine du malheur des Français, selon vous ?

C’est une autre question. Ce n’est pas l’affaire d’une entité politique comme l’Union européenne de mener une bataille idéologique. C’est à ses citoyens de le faire. À ce niveau, ce qui compte, ce sont les politiques réellement menées. En l’état actuel des choses, elles ne pourraient être que des compromis avec les orientations qui dominent à l’échelle du monde. Ce serait déjà un considérable progrès.

Cela étant, tous nos problèmes ne se réduisent pas à l’Europe. Balayons devant notre porte pour tout ce qui reste de notre responsabilité directe. Le problème général est de retrouver un compromis viable entre la liberté individuelle et le pouvoir collectif. Ce compromis pourrait passer, si un gouvernement suffisamment pédagogue savait en convaincre les Français, par la sauvegarde de l’État social. L’État social est coûteux tout comme l’est l’éducation, et ils continueront de l’être. Il faut faire vivre cette construction, tout en la réformant pour la rendre plus efficace. La vraie contestation de l’idéologie néolibérale consisterait à montrer qu’il est possible de concevoir et de bâtir des institutions publiques performantes. C’est l’absence, ou pire, l’impossibilité de conduire de telles réformes qui alimentent la dépression française. Comme si la sécurité – sociale, de l’emploi – était nécessairement liée à un modèle dysfonctionnel, inefficace, mais assurant néanmoins une vague garantie. La perspective n’est pas de nature à soulever l’enthousiasme !

Le bonheur français, ce serait simplement de renouer avec un système public à la fois équitable et efficace. Mais pour impulser un tel mouvement, il faudrait un personnel politique inspirant la confiance. C’est la défiance qui nous paralyse.

Vous voyez de tels responsables ?

Non. J’ai beau scruter l’horizon, je n’en vois pas.

Pétrole : un accord de gel peu crédible

Pétrole : un accord de gel peu crédible

La réunion des producteurs de pétrole réunis ce week-end au Qatar risque de déboucher sur un compromis très virtuel. L’enjeu était en effet d’  examiner  les conditions de plafonnement de la production afin de faire remonter des cours actuellement très bas ;  de facteurs explicatifs essentiels vont s’opposer à  un accord sur le gel de la production. Il y a d’abord la demande internationale actuellement très faiblarde pour toutes les matières premières et en particulier pour le pétrole.  Les principaux instituts économiques et en particulier le fonds monétaire international prévoient une croissance molle au plan mondial pour de longs mois voir de nombreuses années. Second élément déterminant la situation financière des pays producteurs qui se caractérise maintenant par une certaine fragilité voir avec une certaine gravité selon le niveau de dépendance des ressources budgétaires. La plupart de ces pays producteurs ont un impératif besoin des ressources financières liées au pétrole et n’ont d’autres solutions que de compenser par le volume la baisse des cours, ce qui contribue évidemment à l’atonie des prix du pétrole. À peu près seule l’Arabie Saoudite serait en capacité de décider d’un gel mais ce dernier ne peut être accepté par l’Arabie Saoudite que si les autres pays producteurs s’y conforment aussi. Une hypothèse bien peu probable. Le prince saoudien Mohammed bin Salman, chargé de la politique pétrolière du royaume, a déclaré que Ryad avait la capacité de relancer sans attendre sa production d’or noir, voire de la doubler pratiquement à long terme. Ses propos relativisent la perspective de signature d’un accord sur un gel de la production pétrolière mondiale, lors d’une réunion prévue dimanche à Doha. Le vice-prince héritier a déclaré à Bloomberg que le royaume saoudien ne restreindrait sa production que si l’ensemble des autres grands pays producteurs, dont l’Iran, acceptaient également de geler leur production. Or, a-t-on appris samedi auprès de deux sources proches du dossier, l’Iran ne participera pas à la réunion prévue dimanche au Qatar. La production de l’Iran a déjà dépassé les 3,5 millions de barils par jour (bpj) et ses exportations devraient atteindre les deux millions de bpj en mai, a dit samedi le vice-ministre iranien du Pétrole, cité par l’agence de presse nationale iranienne Irna. Les marchés ne s’attendent a priori pas à une issue décisive à la réunion de Doha. « Sauf surprise totale, il est probable que la réunion de Doha dimanche entre Opep et non-Opep débouchera sur un résultat de compromis et que cela reviendra à un écran de fumée, ni plus ni moins », estimait vendredi soir un trader sur le Nymex, le marché de l’énergie, où les cours du pétrole ont terminé sur une baisse marquée. Si les grands producteurs s’entendent sur un gel, l’Arabie saoudite, a dit le prince Mohammed, plafonnera sa part de marché entre 10,3 et 10,4 millions de bpj. Le prince a ajouté que l’Arabie pourrait porter sa production à 11,5 millions de bpj tout de suite, puis à 12,5 millions dans six à neuf mois « si nous le souhaitons ». « Je ne sous-entends pas que nous devrions produire davantage, mais que nous avons la capacité de produire plus », a-t-il dit. « Nous pouvons produire 20 millions de bpj si nous investissons dans les capacités d’extraction, mais ne nous ne pouvons pas aller au-delà des 20 millions », dit-il.

 

(Avec Reuters)

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