Coup de patte de Valls à Macron
Il est clair que les préliminaires pour le choix du candidat de la gauche sont lancés entre Hollande, Valls et Macron. Valls qui reproche à Macron d’avoir un autre agenda politique que celui du gouvernement. Un reproche un peu culotté car si d’une certaine manière Macron est un peu désœuvré, la faute en revient à Valls qui a dessaisi Macron de la gestion de la loi. Précisément pour l’empêcher d’occuper la scène médiatique. Une erreur sans doute car Macron en profite pour développer sa vision stratégique bien au-delà du champ de son portefeuille de ministre de l’économie. C’est un peu en vain que Valls tente de récupérer l’étendard de la modernité incarnée désormais par Macron. Pour cela, Valls s’attribue les mérites du changement, pas celui attendu mais celui qui s’impose après le virage social libéral du gouvernement. « Nous n’assumons pas ce que nous faisons et c’est là un problème majeur de la gauche française. Nous n’assumons pas ce que nous faisons dans le domaine économique ni dans celui de la sécurité », déplore le chef du gouvernement. « Du coup, quand on n’assume pas, s’ouvre toujours le procès en trahison: ‘Vous avez trahi vos promesses, vous avez trahi le discours du Bourget.’ C’est devenu un leitmotiv », ajoute-t-il, en référence au discours de campagne de François Hollande lors duquel il avait qualifié le monde de la finance d’ »adversaire ». « C’est une vieille rengaine de la gauche, même si je comprends qu’il puisse y avoir des déceptions », poursuit-il. Citant la politique de baisse du coût du travail pour les entreprises, Manuel Valls ajoute qu’ »il va falloir être capable d’expliquer que oui, sur certains sujets, nous avons changé, que ça ne correspond pas forcément à tel ou tel engagement. Il vaut mieux dire clairement les choses et agir en transparence ». Toujours à destination de la gauche, dont une partie conteste des choix comme l’instauration et le maintien de l’état d’urgence, il reconnaît que « l’exercice du pouvoir n’est pas exempt de contradictions entre les engagements et la réalité ». Interrogé sur ses ambitions personnelles, Manuel Valls répète : « je me dois d’être à la hauteur de l’exigence des Français jusqu’au bout, en 2017. » « Après, que je me projette dans l’avenir, que j’explique ce qu’il faut pour mon pays, quelle est mon idée de la France, que je crois en la République, en la laïcité, ce qu’il faut faire pour l’éducation, ce revenu universel, oui, je me projette dans l’avenir, bien évidemment. » Prié de commenter le lancement par le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, de son mouvement politique, il plaide pour le « jeu collectif » sans le condamner. »On ne peut pas être ministre et préparer un autre agenda que celui du président de la République », prévient-il cependant. « Il ne peut pas y avoir dans l’équipe gouvernementale ceux qui sont à la tâche tous les jours, qui sont mobilisés pour la réussite du quinquennat, et ceux qui ont un autre agenda. Quand ça se voit, ça crée forcément des tensions. »
(Avec Reuters)