Bâtiment : vers l’Uberisation ?
Dans le bâtiment par exemple la profession craint à juste titre le développement de plate-forme de nature à ubériser l’activité avec comme conséquence la substitution d’auto entrepreneur aux salariés des entreprises classiques y compris et peut-être surtout des plus petites. Une sorte d’intermédiation justifiée par le numérique mais qui vise surtout à détourner la valeur ajoutée. En outre le transfert d’emplois de salariés vers des statuts d’auto Entrepreneur pose évidemment fiscale et sociale et met en cause l’équilibre des budgets concernés Comme beaucoup d’autres, les petites entreprises du bâtiment risquent à leur tour de se faire « ubériser ». En effet, l’exercice de certains métiers du bâtiment sans qualification pourrait être favorisé à l’avenir. Le ministre de l’Economie Emmanuel Macron a en effet intégré dans l’article 43 du projet de loi dit Sapin 2relatif à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, des mesures visant à limiter les freins à l’entrepreneuriat individuel. Le projet de loi prévoit aussi de rehausser les plafonds de chiffre d’affaires pour bénéficier du statut de « micro-entrepreneur », auparavant appelé « auto-entrepreneur », et qui n’est pas n’est pas soumis aux même charges, ni au même cadre réglementaire que les petites entreprises du bâtiment ayant un statut classique. Si ces mesures de la loi Sapin 2 était adoptées telle quelle, « il faudrait alors, de fait, oublier les prévisions réjouissantes de création d’emplois dans notre secteur », avertit Patrick Liébus, le président de la confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). En parallèle, un certain nombre de plateformes internet de mise en relation entre des clients et des fournisseurs de services dans le bâtiment (Illico travaux, 1,23 devis etc.) se sont dernièrement développées. Certes, ces plateformes ne sont pour l’instant à l’origine que d’entre 5 % et 10 % des mises en relation avec les clients sur les segments des entreprises du bâtiment, selon la Capeb. Mais couplée aux mesures de la loi Sapin 2 qui facilitent les conditions d’accès à ces métiers et tendent à précariser le secteur, l’émergence des plateformes internet pourrait profondément perturber le modèle économique des petites entreprises du bâtiment, qui viennent à peine de sortir de la crise. « Oui, « l’uberisation » peut très bien venir perturber notre secteur », confirme ainsi Patrick Liébus.
(Avec le Tribune)
0 Réponses à “Bâtiment : vers l’Uberisation ?”