BCE : la guerre en dentelle avec l’Allemagne
La guerre entre Mario Draghi patron de la BCE et l’Allemagne n’est pas officiellement déclarée mais elle se prépare. -La tonalité très ferme de Mario Draghi qui en réponse aux critiques allemandes a indiqué jeudi 21 avril que la banque centrale utiliserait tous les moyens à sa disposition si nécessaire et qui a souhaité en outre que sa politique monétaire soit davantage soutenue tant au plan national qu’européen. Pour Mario Draghi pas question de changer de stratégie, il a donc confirmé les orientations déjà annoncées à savoir le maintien du taux principal à zéro, de larges liquidités pour les banques et le rachat d’actifs y compris d’actifs privés à partir de juin. Le président de la BCE a exhorté les Etats ç l’accompagner dans ses efforts pour regonfler une inflation actuellement presque inexistante et pour soutenir l’activité. D’ici juin il faut sans doute s’attendre un nouvel échange d’amabilité entre deux visions relativement opposées celle de la BCE qui justifie de son indépendance et celle de l’Allemagne toujours hantée par la rémunération de ses épargnants. Quelques semaines après avoir musclé son action face à une inflation léthargique, la BCE a demandé jeudi 21 avril qu’on « laisse du temps » à ses mesures pour dévoiler pleinement leurs effets, mais exigé que les gouvernements fassent davantage leur part du travail. »Nos mesures fonctionnent, elles sont efficaces, laissez leur juste du temps pour montrer pleinement leurs effets », a déclaré Mario Draghi, lors d’une conférence de presse. Mais cela ne peut se faire tout seul. « Afin de récolter pleinement les fruits de nos mesures de politique monétaire, d’autres sphères de décision doivent contribuer de façon beaucoup plus appuyée, au niveau national et au niveau européen », a-t-il insisté avec un ton plus véhément qu’à l’habitude. La politique de la BCE est « la seule à soutenir la croissance » depuis quatre ans, a-t-il regretté, reprochant aux gouvernements de ne pas avoir lancé les réformes structurelles indispensables. « Nous considérons la présence du Royaume-Uni dans l’Union européenne comme mutuellement bénéfique et nous continuerons à le dire dans les prochaines semaines », a par ailleurs déclaré Mario Draghi. Un Brexit serait-il de nature à « mettre en danger le redressement économique de la zone euro ? L’évaluation de nos équipes est que le risque que cela soit le cas est limité », a affirmé le banquier central. Le président de l’institution monétaire de Francfort (ouest) s’exprimait à l’issue de la réunion régulière du conseil des gouverneurs, qui a décidé, sans surprise, de maintenir ses taux d’intérêt directeurs à leurs niveaux historiquement bas. Le taux central, baromètre du crédit en zone euro, est à zéro depuis le mois dernier, ce qui signifie qu’emprunter ne coûte pratiquement plus rien. Mais aussi que les placements ne rapportent plus, ou très peu, ce qui vaut à la BCE de vives critiques en Allemagne, pays où l’épargne est chérie. »Nous avons pour mandat de chercher à atteindre la stabilité des prix pour toute la zone euro, pas seulement pour l’Allemagne », a dit Mario Draghi.
(avec AFP)
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