La toxicité du diesel avec la complicité de l’Etat
Une dénonciation de la complicité des industriels et de l’Etat par Francelyne Marano , Experte française de l’impact sur la santé des particules fines (interview le Figaro)
La toxicité du diesel est-elle connue depuis longtemps?
Francelyne MARANO. - Oui, depuis le milieu des années 1990, vers 1995, à la demande de Renault qui avait sollicité le CNRS et d’autres laboratoires, nous avons obtenu des financements de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et du ministère de l’Écologie pour étudier les effets du diesel sur les poumons. Nos conclusions étaient que les particules fines pouvaient être néfastes à la santé humaine. Quand elles sont inhalées, ces particules peuvent descendre très profondément dans les bronches et jusqu’au niveau des alvéoles. Nous avions donc conclu que les particules fines pouvaient être un facteur d’aggravation de certaines maladies inflammatoires, notamment pour les crises d’asthme et les bronchites chroniques.
Et qu’en sait-on actuellement?
Plus récemment, des équipes de recherche étrangères ont conclu que les particules fines, dont celles produites par la combustion du diesel, peuvent augmenter les risques d’accidents cardio-vasculaires. Par ailleurs, l’OMS a estimé, sur la foi d’études épidémiologiques et toxicologiques, que le diesel pouvait avoir un rôle dans l’apparition de cancers bronchiques.
Pourquoi le diesel a-t-il maintenu son avantage commercial?
PSA a sorti son filtre à particules qui devait régler le problème. Par ailleurs, l’histoire du développement du diesel en France est également le fruit d’un avantage contre-productif du Grenelle de l’Environnement en 2007. Car les partisans de la lutte contre le réchauffement climatique considéraient que les voitures diesel émettaient moins de dioxyde de carbone que les véhicules à essence, ce qui les a avantagées grâce à une prime. Du côté des scientifiques de la santé environnementale et même du directeur général du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), nous préconisions pourtant de supprimer les vieilles flottes de bus et de camions qui roulaient au diesel.
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