Archive mensuelle de mars 2016

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Prélèvement à la source : une très mauvaise idée (CGPME)

Prélèvement à la source : une très mauvaise idée (CGPME)

La déléguée nationale de la CGPME trouve l’idée très mauvaise et réagit très négativement dans une interview à BFM.

Questions à Sophie Duprez, déléguée nationale de la CGPME, et présidente de l’entreprise Crousti Pain, une entreprise de 100 salariés basée à Clermont Ferrand.

En quoi est-ce un problème de prélever l’impôt sur les sociétés directement sur les salaires?

Cela va prendre du temps de mise en place. Il va falloir changer nos logiciels de paie, ou les modifier. Nous avons autre chose à faire –s’occuper de nos clients, de notre business- plutôt que gérer la fiscalité de nos salariés. Notre métier premier n’est pas celui-là. Et surtout, notre relation avec nos salariés risque d’en pâtir

En quoi cela peut-il affecter vos liens avec vos salariés?

Celui qui gagnait hier 1.000 euros va gagner demain, en net, seulement 900 euros. Et pour lui, ce sera moi la responsable. Il va me falloir faire de la pédagogie. Certaines personnes avec qui je travaille ne suivent pas forcément l’actualité. Ils ne sauront rien de la réforme. Ce sera à moi d’expliquer pourquoi il touche moins à la fin du mois. Même principe pour les différences de taux d’imposition. Prenons le cas d’un chef, qui gagnait 1.200 euros avant le prélèvement à la source et d’un salarié qui disposait de 1.000 euros. Imaginons que demain, ils touchent tous les deux le même chèque, en raison d’une différence de taux de taxation. Là encore, l’interlocuteur auprès de qui se plaindre sera le patron.

Comment gérer cette situation lorsqu’on est patron?

Concrètement, l’intérêt du dirigeant de PME sera que son employé paie le minimum d’impôt sur le revenu, parce que sinon il sera en première ligne. C’est pour cela qu’on ne veut pas avoir à rentrer là-dedans, nous préférerions que cela reste confidentiel. Sinon au quotidien, nous allons devoir conseiller nos salariés sur ce qu’ils doivent faire vis-à-vis du fisc.

Sondage : 3/4 des Français accros aux réseaux sociaux cul-cul

Sondage : 3/4 des Français accros aux réseaux sociaux cul-cul

Le développement des réseaux dits sociaux est indiscutablement en développement et certains participent à la diffusion de la connaissance dans tous les domaines. C’est aussi un outil qui contribue à une évolution qualitative et quantitative de la démocratie.  Pour autant c’est un peu l’auberge Espagnole ou le sérieux côtoie le dérisoire. Pour preuve l’utilisation de Facebook ou encore Twitter qui rendent compte souvent d’événements insignifiants. Selon un sondage Ipsos réalisé pour le très sérieux Observatoire du Bonheur, créé en 2010 par Coca-Cola pour financer la recherche sur ce thème et qui organise ce vendredi des rencontres au Conseil économique et social dans le cadre du «printemps de l’Optimisme», les ¾ d’entre nous ont désormais le réflexe du partage des évènements heureux sur les réseaux sociaux. Et si on le fait, c’est qu’il y a une raison. Pour 87 % des personnes interrogées, cela augmente tout simplement… le bonheur éprouvé. «Quand on est heureux, on le fait savoir !» sourit Gilles Boëtsch, anthropologue et directeur de recherches au CNRS. «Ce besoin de transmettre sa joie au cercle des intimes a toujours existé. Mais les réseaux sociaux ont rendu l’instantanéité possible et ont démultiplié cette interactivité. Il y a cinquante ans, on n’envoyait pas une lettre pour dire qu’on avait débouché une bonne bouteille !» Alors que les Français sont réputés cultiver le pessimisme, c’est au moins une raison de relativiser.  Le Français râle sans doute beaucoup, y compris sur les réseaux sociaux, mais quand il savoure un plaisir, il ne le fait pas à moitié et il en fait profiter les autres. Or ces plaisirs partagés sont éminemment simples et potentiellement quotidiens : pour 57% des sondés il s’agit… des «repas ou réunions de famille», pour 39% des «repas ou soirées entre amis», pour 29% des «repas ou soirées en couple»…  «Dans le bonheur, l’alimentation est un incontournable français !» conclue l’anthropologue, qui rappelle que cette notion est éminemment culturelle. Mais pourquoi donc ce partage instantané amplifie-t-il le goût du vin ou la douceur d’un rayon de soleil ? «Deux dimensions amplifient la jubilation, explique le chercheur. L’autoconviction : si je le dis, c’est que je suis heureux. Et la mise en scène, parfaitement résumée par le selfie : regarde comme je suis heureux. Bref comme la mode du self I une utilisation un peu cucul des nouveaux outils technologiques.

Canal+ : honte et médiocrité

Canal+ : honte et médiocrité

La diffusion d’un sketch à connotation raciste a entraîné de nombreuses réactions négatives à l’encontre de l’émission les guignols qui suit le  Grand journal. Un grand journal qui ne cesse de perdre de l’audience comme l’ensemble des autres émissions de Canal depuis la reprise en main musclée de la chaîne par Bolloré. « La honte absolue » Il a suffi d’un tweet de Stéphane Guillon en réaction à un sketch pour que Les Guignols reviennent sous les lumières médiatiques. Car, si l’émission satirique a beaucoup fait parler d’elle l’an passé, elle est désormais diffusée dans une indifférence quasi-générale. L’effet de curiosité s’est vite émoussé. Le 14 décembre, le premier numéro de la nouvelle mouture a rassemblé 1,5 million de téléspectateurs. Le lendemain, il y en avait 480.000 de moins au rendez-vous. Et encore, ces chiffres ne concernent que les premières minutes en clair, avant que le show se poursuive en crypté. Selon des statistiques citées par PureMédiasLes Guignols ne peuvent désormais plus compter que sur 695.000 fidèles en moyenne. Sur DailyMotion où sketches et émissions intégrales sont mis en ligne dans la foulée pour les non-abonnées, le nombre de vue des vidéos est très variable. Les extraits publiés depuis lundi, par exemple, cumulent entre 1.000 et 13.000 visionnages. Ce n’est pas ce que l’on appelle un vif enthousiasme.  « C’est l’empreinte Bolloré : il n’y a plus cette identité du Canal + historique qui misait sur les émissions en clair pour séduire le public et l’inciter à acheter un décodeur », explique Virginie Spies, analyste des médias. « Les Guignols ne font plus partie de la boutique Canal + », affirme Cécile Chave, analyste des médias et fondatrice de Mediastat. « Il n’y a plus aucun buzz, on ne les voit plus circuler. Certes, ils figurent dans la grille de la chaîne mais ils ne répondent plus aux attentes des téléspectateurs », poursuit-elle.  Presque 100 000 abonnés en moins pour Canal+. C’est le résultat de la reprise en main de la chaîne par l’industriel Bolloré qui conduit l’évolution éditoriale à coups de trique et de coups de pied au cul ; témoin,  la reprise en main par exemple des Guignols, émission jugée trop sarcastique par l’intéressé sans parler des journalistes virés. Ce qui pose évidemment plus généralement la question de l’indépendance de l’information vis-à-vis des milieux  économiques mais aussi politiques. Or dans la période on constate la montée en puissance des groupes économiques et financiers dans la plupart des grands médias. D’où cette impression d’un affadissement général des lignes éditoriales sans originalité qui évite les sujets qui fâchent. D’où aussi effort logiquement la baisse d’audience de ces médias. Le buzz négatif généré par la reprise en main de Canal Plus par Vincent Bolloré semble avoir eu un effet sur le portefeuille d’abonnés. , la chaîne justifie cette baisse par « un contexte économique et concurrentiel difficile », et précise: « la chaîne premium enregistre une légère hausse du nombre de ses nouveaux abonnés au 3ème trimestre, mais cette évolution ne compense pas le nombre de résiliations ». Rappelons que, selon les études internes, un tiers des recrutements sont motivés par l’image de la chaîne. Or cette image a été écornée par la reprise en main musclée opérée par l’industriel breton.  Ces études montrent aussi que le recrutement de nouveaux abonnés est corrélé aux audiences des tranches en clair. Or celles-ci ont chuté de près de moitié à la rentrée.  Globalement, la chaîne a vu son audience tomber à 2,4%, soit un recul de 0,7 point (le plus important de toutes les chaînes), et surtout le plus mauvais score depuis… 20 ans.  Mais l’hémorragie d’abonnés ne se verra qu’au fur et à mesure. En effet, l’abonné ne peut résilier son contrat qu’à sa date anniversaire, soit une fois par an…  Notons toutefois que le nombre d’abonnés chutait déjà avant la reprise en main par l’industriel breton. Depuis fin 2008, le nombre d’abonnés individuels en France métropolitaine a ainsi chuté de 471.000, dont 98.000 durant le seul premier semestre 2015.

L’Insee prédit une nouvelle hausse du pouvoir d’achat très hypothétique

L’Insee prédit une nouvelle hausse du pouvoir d’achat très hypothétique

 

 

L’INSEE a décrété que le pouvoir d’achat en rythme annuel pourrait augmenter de 1,7 % au premier semestre. L’institut du gouvernement se fonde sur une augmentation des salaires modestes de 0,5 % mais surtout sur la baisse de l’inflation ;  une mesure de l’inflation tout à fait discutable car l’indice des prix à la consommation est biaisé par la modification de la structure de consommation des ménages. Des ménages qui voient leurs dépenses contraintes augmenter bien davantage que les dépenses ajustables. Certes certains prix de produits baissent mais ils sont moins consommés que précédemment contrairement aux produits et prestations dont l’achat est contraint. À partir de sept analyses biaisées l’INSEE considère que la consommation va repartir comme la croissance. Et de pronostiquer en même temps l’inversion du chômage. Une aversion très modeste portant sur un seul de 10 000 emplois pour un semestre, une prévision très les aléatoire mais qui s’inscrit dans la posture de volontarisme du gouvernement vis-à-vis de l’environnement économique. Pas forcément la même vision que certains grands organismes économiques internationaux qui  prévoient une croissance de  1,1 à 1,2 %.  L’INSEE estime que le bon début d’année que devrait connaître l’économie française s’explique en grande partie par la hausse du pouvoir d’achat. « Alors que les salaires progressent nettement et que l’emploi accélère graduellement, le pouvoir d’achat des ménages est d’autant plus dynamique », résume Vladimir Passeron, le chef du département conjoncture de l’Insee.  L’institut estime ainsi que le pouvoir d’achat des ménages en France va progresser de 0,8% sur les six premiers de 2016. Et la dynamique, en rythme annuel, est on ne peut plus encourageante: à fin juin 2016, elle serait de 1,7% par rapport à la même période de 2015, soit plus que l’an passé (+1,4%). Ce qui, a priori, est réjouissant. En effet, en 2015, le pouvoir d’achat avait déjà bondi de 1,7% sa plus forte hausse depuis 2007. Cette année 2016 a donc de bonnes chances d’être encore meilleure. D’autant que « l’acquis de pouvoir d’achat » pour 2016 serait déjà de 1,2% au premier semestre, selon l’Insee. Pour faire simple, cela veut dire que même s’il stagne au deuxième semestre, le pouvoir d’achat augmenterait quand même de 1,2% en 2016.Qu’est ce qui explique ces bons chiffres? Tout un ensemble de choses. D’abord l’inflation restera encore quasi-nulle au premier semestre notamment à cause de la chute des prix du pétrole. « La baisse des matières premières va continuer de se diffuser », indique ainsi Dorian Roucher, chef de la division synthèse conjoncturelle à l’Insee. Ensuite, les salaires vont continuer d’augmenter. L’Insee retient une hausse de 0,5% sur les six premiers mois de 2016. Pas transcendant. Sauf que dans le même temps, l’emploi va retrouver des couleurs. Dans la continuité de l’excellente année 2015 (82.000 emplois marchands créés) 37.000 postes vont encore être créées dans le privé sur les six premiers mois. Et au final le chômage baisserait. En France métropolitaine, il descendrait sous les 10%, à 9,9% à fin juin 2016 (contre 10% en décembre). Mécaniquement, les personnes ne pointant plus à Pôle Emploi vont voir leurs revenus augmenter.  Par ailleurs, les prestations sociales (RSA, allocations familiales) vont rester dynamiques (+0,8% de hausse et un acquis de +0,5%). Enfin les revenus fonciers (les loyers que touchent les propriétaires immobiliers par exemple) vont continuer leur progression: +0,2% au premier trimestre et +0,7% au deuxième. Avec la faiblesse des taux due à la politique monétaire hyper active de la BCE, « il y a eu des vagues de renégociation des crédits immobiliers qui ont profité aux ménages emprunteurs et qui vont se poursuivre en 2016″, souligne Dorian Roucher. Tout ceci fait que les revenus des ménages vont progresser plus fortement que les impôts et cotisations qu’ils paient. Autant de raisons qui vont doper le pouvoir d’achat. Une bonne nouvelle donc pour les ménages mais aussi pour la conjoncture. En effet, « le dynamisme du pouvoir d’achat va porter l’ensemble des composantes de la consommation », note Dorian Roucher. Et justement, la consommation des ménages va « rebondir nettement » souligne l’Insee, après avoir été pénalisée par les attentats en fin d’année. Bref l’INSSE a mis des lunettes roses.

Code du travail : des rigidités surévaluées

Code du travail : des rigidités surévaluées

Thierry Kirat, Directeur de recherche au CNRS conteste dans la tribune l’ampleur des rigidités dont serait coupable le code du travail

 

Le contexte politique et social du mois de mars 2016 est marqué par l’actualité de la réforme du Code du travail, dont nombre d’arguments sont construits à charge contre le Code actuel : lui sont reprochés sa rigidité, l’insécurité juridique dont il serait le vecteur, la protection trop forte de certains salariés aux dépens d’autres. La justice prud’homale est également mise sur la sellette. Dans les débats et controverses du moment, il n’est pas inutile de remarquer que certains faits importants sont passés sous silence, ou sont présentés de manière déformée. Par exemple, l’explosion des litiges entre salariés et employeurs devant les conseils de prud’hommes. Contrairement aux idées reçues, le contentieux devant les prud’hommes connaît une baisse continue depuis 2004, voire depuis la décennie précédente. Entre 2004 et 2013, le nombre d’affaires introduites devant les prud’hommes, que ce soit au fond ou en référé, fluctue autour de 200 000 par an. Même si l’amplitude des fluctuations du nombre d’affaires s’est accentuée entre 2009 et 2013, avec un pic de près de 230.000 en 2009 suivi d’une baisse rapide jusque 2012 (avec un peu de moins de 180.000 affaires), la tendance moyenne se situe aux environs de 200.000 affaires. Ces chiffres ne donnent pas l’image d’une explosion des litiges entre salariés et employeurs. Selon les données du Ministère de la Justice, 95% des demandes sont introduites par des salariés ordinaires et, parmi eux, par une part de plus en importante de seniors. Ce qu’ils demandent est avant tout lié à la rupture du contrat de travail à l’initiative de l’employeur. Les demandes se répartissent en deux catégories : (a) la contestation du motif du licenciement, (b) en l’absence de contestation du motif de licenciement : la remise de documents, le paiement de créances salariales ou l’annulation d’une sanction disciplinaire. Entre 2004 et 2013, la part des demandes sans contestation du motif de licenciement diminue, alors que celle des contestations du motif de la rupture par l’employeur s’accroît sensiblement. Or, l’immense majorité de ces contestations du motif de la rupture concerne les licenciements pour motifs personnels, la part des licenciements économiques étant très peu importante. Les licenciements économiques sont beaucoup moins contestés que les licenciements pour motif personnel, aussi bien en nombre qu’en taux. En effet, si l’on rapporte le nombre de demandes aux prud’hommes au nombre de licenciements, il s’avère que, selon l’OCDE, 25% des salariés ayant été licenciés pour motif personnel faisaient un recours contentieux en 2001. Une étude du Ministère de la Justice fait état d’une baisse du taux de recours, qui passe d’environ 40% au début des années 1990 à 20% avant la crise des subprimes de 2008. Par contre, le taux de recours contre les licenciements économiques est beaucoup plus faible : il est bien inférieur à 3 %. L’idée que les employeurs, effrayés par la complexité de la procédure de licenciement économique préféreraient recourir à des licenciements pour motif personnel a été avancée dans les années 2000. En d’autres termes, nombre de licenciements pour motif personnel seraient des licenciements économiques déguisés. Cette thèse pose deux problèmes : d’une part les employeurs seraient assez irrationnels de préférer recourir au type de licenciement qui est justement le plus contesté devant les conseils de prud’hommes ; d’autre part, les entreprises qui déguisent les licenciements économiques en licenciements pour motif personnel sont censées être confrontées à des difficultés économiques qui devraient les conduire à ne pas recruter à court terme. Or, une étude publiée dans la revue de l’OFCE en 2008 montre que ce n’est pas le cas : la part des établissements qui embauchent dans les six mois suivant un licenciement pour motif personnel augmente de 1993 à 2000. Nombre de critiques reprochent aux conseils de prud’hommes de susciter de l’insécurité juridique. Ce reproche vise le côté employeur, ce qui indique que les entreprises seraient paralysées par la crainte de se voir condamner à payer de lourdes indemnités à leur salarié licencié abusivement. L’insécurité juridique dont il est question ne concerne pas les règles applicables, alors que les débats juridiques sur la question lient ce problème à l’incertitude ou à l’indétermination des règles de droit applicables. Cette insécurité juridique concerne, dans les débats relatifs au Code du travail, les montants à payer. Il est important de noter qu’il s’agit en réalité de deux choses : d’abord l’indemnité légale de licenciement, dont le montant est fonction de l’ancienneté du salarié et est donc prévisible ; ensuite l’indemnité compensatrice du préjudice subi par un salarié dont le licenciement a été reconnu comme abusif : l’indemnité prud’homale, que l’avant-projet de loi de la ministre du travail entend baser sur un barème. Or, un principe du droit est l’entière réparation du préjudice, dont le quantum est établi souverainement par le juge qui dispose d’un pouvoir souverain d’appréciation. Pour autant, on ne peut raisonnablement pas penser que les indemnités prud’homales aient pour objet ou pour effet de mettre les entreprises, surtout les petites, en difficulté. Les décisions sont en effet prises par une justice paritaire, par quatre conseillers venant pour moitié du monde des salariés et pour moitié des entreprises. Les entreprises sont représentées dans la justice prud’homale, à parts égales des salariés. En cas de désaccord entre les conseillers membres de la formation de jugement, une procédure dite de départition est mise en œuvre : un juge judiciaire est appelé pour débloquer l’affaire et rendre une décision. Le contentieux prud’homal refléterait la segmentation du marché du travail, entre les « insiders » bien protégés (les salariés en CDI, surtout les très qualifiés), et les « outsiders » (les précaires, les jeunes, les femmes peu qualifiées, les seniors). Cette conception est en partie vraie, et en partie exagérée, voire erronée. Il est vrai que les salariés licenciés ayant peu d’ancienneté dans l’entreprise ont été de plus en nombreux dans les années 1990 et au début des années 2000. En effet, la part des salariés ayant moins de deux ans d’ancienneté dans le total des licenciements s’est accrue de 1990 à 2002 : de 14 à 20% pour les licenciements économiques, de 40 à 45% pour les licenciements pour motif personnel. Or, corrélativement, la part des salariés à faible ancienneté dans le contentieux prud’homal sur les licenciements pour motif personnel diminue sur la même période d’environ 10 points. En d’autres termes, le recours au conseil de prud’hommes n’est pas matériellement avantageux pour des salariés ayant accumulé peu de droits du fait de leur faible ancienneté. Il a été reproché au Code du travail de surprotéger les salariés dirigeants et les cadres. Faute de données sur ce sujet, on s’en tiendra à trois études approfondies menées par des sociologues en 2008 : l’analyse des conseils de prud’hommes de Longjumeau, de Boulogne-Billancourt et de Grenoble montre que les cadres de plus de 50 ans et dont le salaire était supérieur à 5.000 euros ont moins souvent grain de cause que leurs homologues plus jeunes, moins bien payés, et d’une plus faible ancienneté. Il est très certainement abusif de considérer que le Code du travail est un modèle de rigidité. Si l’on fait l’inventaire des réformes successives du droit du travail depuis quelques décennies, à commencer par la suppression de l’autorisation administrative de licenciement en 1986, la liste des lois ayant flexibilisé le marché du travail s’avère longue : institution de la rupture conventionnelle en 2008, centrage des négociations sociales au niveau des accords d’entreprise (loi Bertrand, janvier 2008), accords de maintien dans l’emploi, limitation des possibilités de recours au juge sur les plans de sauvegarde de l’emploi (loi de 2013 relative à la sécurisation de l’emploi), extension du travail dominical et réforme la justice prud’homale par le renforcement de la médiation conventionnelle préalable (loi Macron, août 2015). Près de 1,7 million de ruptures conventionnelles ont été enregistrées depuis que cette possibilité juridique de rupture du contrat de travail a été instituée. Le succès de ce dispositif, qui représente,  en 2014,  358.000 ruptures, soit 25.000 de plus qu’en 2013, montre que les difficultés de licenciement ne sont peut-être pas si fortes qu’on le pense habituellement.

L’Insee prévoit une inversion du chômage bien virtuelle

L’Insee prévoit une inversion du chômage bien virtuelle

L’INSEE se montre délibérément optimiste en prévoyant la création d’environ 60 000 emplois pour le premier semestre qui viendront compenser l’augmentation de 50 000 nouveaux demandeurs d’emploi. En clair l’INSEE prévoit l’inversion de la courbe du chômage. Une inversion pourtant bien hypothétique qui se fonde sur la reprise de la consommation, la baisse de fiscalité pour les entreprises et la hausse du pouvoir d’achat. Pourtant la reprise ne semble pas vraiment au rendez-vous puisque l’activité du secteur privé sera encore dans le rouge en février et que la Banque de France ne prévoit que 1,2 % d’augmentation du PIB. Quant à l’augmentation du pouvoir d’achat elle est aussi très virtuelle puisqu’elle est justifiée par l’INSEE par le différentiel entre l’inflation et l’évolution des revenus. Or la mesure de l’inflation est faussée  par la modification de la structure de consommation. En effet les dépenses contraintes sont sous-estimées par rapport aux dépenses ajustables. Le solde d’emploi positif de 10 000 emplois pour le premier trimestre repose sur des méthodologies très approximatives destinées surtout à soutenir la posture de volontarisme économique du gouvernement. Selon l’Insee, avec un total de 63.000 postes créés au premier semestre, l’augmentation attendue de la population active (50.000) serait absorbée et le chômage diminuerait. L’Insee pronostique l’éclaircie sur le front de l’emploi, avec la création attendue de 37.000 postes dans le secteur marchand au premier semestre 2016. Dans ces conditions, le taux de chômage baisserait de 0,1 point à 10,2%. Dans sa dernière note de conjoncture, l’Institut table sur une création nette de 37.000 emplois dans le secteur marchand. Soit, grosso modo, le même rythme de progression qu’au dernier trimestre 2015 (32.000). D’ailleurs, pour la première fois depuis 2011, le secteur marchand a créé des emplois en 2015 avec 82.000 nouveaux postes. Et ce essentiellement dans le tertiaire où la hausse des effectifs a permis de compenser les reculs dans l’industrie et la construction. Selon l’Insee, ce qui est positif pour la première partie de 2016 c’est que l’emploi continuerait donc de progresser, alors même que l’effet « montée en charge » du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) est terminé – son taux reste fixé à 6% comme en 2015 – et que la nouvelle salve d’allégements de cotisations patronales, qui va intervenir à compter du 1er avril, aura un effet limité car elle n’est pas ciblée sur les bas salaires mais sur ceux compris entre 1,6 et 3,5 Smic. Ce qui expliquerait donc la progression de l’emploi, c’est l’accélération de l’activité (le PIB devrait atteindre 0,4% au premier trimestre) et, tout de même, les effets du plan d’urgence pour l’emploi avec notamment la prime annuelle de 2.000 euros accordée aux PME de moins de 250 salariés qui recrutent. Si on rentre dans le détail des secteurs, l’Insee s’attend à la création de 36.000 postes dans le tertiaire, hors intérim. Bonne nouvelle, les pertes d’emplois dans l’industrie se tasseraient, avec 16.000 emplois perdus d’ici la fin juin. En 2015, sur l’ensemble de l’année, le secteur avait détruit 38.000 emplois. Même constat dans la construction où l’emploi salarié décroît presque de façon continue depuis… 2008. Le secteur a encore perdu 36.000 postes en 2015 et ces pertes seraient limitées à 9.000 sur les six premiers mois 2016, du fait d’un frémissement dans l’activité des artisans du bâtiment et dans les travaux publics. In fine, en tenant compte de l’emploi non marchand, de l’emploi non salarié et des salariés agricoles, l’Insee s’attend à 63.000 créations d’emploi au premier semestre. Dans ce contexte, et si les créations d’emploi sont bien au rendez-vous, le chômage diminuerait légèrement de 0,1 point au premier semestre pour atteindre 10,2% (9,9% en France métropolitaine), contre 10,3% à la fin 2015. L’accroissement de la population active attendue (50.000 personnes) serait donc absorbé par le nombre des créations d’emploi escomptées. Une éclaircie qui demeure tout à fait hypothétique.

 

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Biodiversité : l’Assemblée vote l’interdiction des pesticides tueurs d’abeilles

Biodiversité : l’Assemblée vote l’interdiction des pesticides tueurs d’abeilles

L’interdiction des insecticides néonicotinoïdes, jugés nocifs notamment pour les abeilles, a été votée par l’assemblée nationale dans le cadre de loi sur la biodiversité. Il était temps !   40% d’apiculteurs en moins en 20 ans et moitié moins d’abeilles. Le dépérissement des abeilles est observé depuis les années 90, mais le premier signal d’alarme remonte à l’automne 2006 : les abeilles commencent alors à disparaître de manière inquiétante aux Etats-Unis avec plus de la moitié des états touchés et des pertes de population comprises entre 30 % et 90 %, on parle alors de « syndrome d’effondrement des colonies  » (« colony collapse disorder » ou CCD). Ce phénomène très inquiétant, qui a débuté progressivement deux ans plus tôt, ne cesse de s’intensifier : les abeilles quittent leurs ruches, vraisemblablement pour aller mourir un peu plus loin, laissant derrière elles la reine et quelques jeunes. Loin de rester localisé, ce phénomène est observé en Europe (Grande-Bretagne, France, Belgique, Italie, Allemagne, Suisse, Espagne, Grèce, Pologne, Pays-Bas…) depuis le début des années 2000. Là aussi, certaines colonies d’abeilles perdent jusqu’à 90% de leurs population… Par exemple, en Italie, de nombreuses ruches sont restées désespérément vides selon rancesco Panella, président du Syndicat des apiculteurs professionnels italiens, du jamais vu… En Grande-Bretagne, le plus important apiculteur a perdu plus de la moitié de ses ruches, sans qu’une confirmation du phénomène n’ait été donnée pour l’ensemble du pays. Dans de nombreuses régions du monde, les populations d’abeilles sont en fort déclin, avec des variabilités suivant les années, mais la tendance est lourde et inquiétante depuis quelques années. Les conséquences sont désastreuses pour la pollinisation qui permet, depuis des millions d’années, d’assurer la reproduction des plantes à fleurs. De plus, 35 % de notre nourriture dépend de la pollinisation : fruits et légumes. Les fameux aliments conseillés par tous les nutritionnistes… D’ailleurs, dans certaines régions du monde comme au Sichuan (Chine), la disparition d’insectes pollinisateurs oblige les agriculteurs à poloniser manuellement, tous les insectes pollinisateurs ont été décimés par les pesticides … La mortalité a déjà beaucoup frappé les abeilles ces dernières années mais on devrait battre des records cet hiver. Les apiculteurs s’inquiètent en effet de la diminution importante de leurs colonies. En Charente et en Charente-Maritime, la mortalité peut aller jusqu’à 100% dans certaines ruches. Isabelle Garnier, apicultrice charentaise, constate le drame en ouvrant une de ses ruches : « En tapant sur ma ruche, je devrais entendre un bourdonnement et je ne l’entends pas ». « Maintenant, en l’ouvrant, normalement, sur l’hivernage, j’ai 10 à 15.000 abeilles alors que là, il me reste 100 abeilles dans ma ruche », poursuit-elle. Pour elle, « généralement, l’hiver se passe bien avec 5% de mortalité ». Aujourd’hui, elle déplore « 66% », « 80% » et parfois « 100% » de mortalité.   Et le recensement ne fait que commencer. Le président du syndicat apicole de la Charente-Maritime, Christian Girodet, est inquiet : « nous pensons qu’elles sont probablement mortes intoxiquées durant l’automne ». « Durant cette période, les apiculteurs ont constaté que des traitements ont été faits sur la vigne notamment et aussi sur certaines céréales qui avaient des pucerons et l’abeille va souvent butiner après les pucerons », explique-t-il à Europe 1. Les abeilles « absorbent alors l’insecticide et meurent sur le coup puisque ce sont des produits très puissants », ajoute-t-il. Cette surmortalité inédite est un nouveau coup dur pour les apiculteurs français qui produisent déjà de moins en moins. En 1995, ils ont fabriqué 32.000 tonnes de miel. En 2011, la production est tombée à 20.000 tonnes et en 2013, ils n’en fournissaient plus que 15.000 tonnes.  Les apiculteurs sont par conséquent de plus en plus nombreux à mettre la clef sous la porte. En 1994, on comptait en France près de 85.000 apiculteurs. En 2010, ils n’étaient plus que 42.000, soit une baisse de 40% en 20 ans. Et pour l’environnement, la conséquence est tout aussi dramatique. Les abeilles sont les maîtres d’œuvre principaux de la pollinisation dont dépendent pourtant les agriculteurs.  Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), sur les 100 cultures qui produisent 90% de l’alimentation mondiale, 71 dépendent du travail des abeilles. Selon la revue scientifique britannique The Lancet, la civilisation humaine a prospéré mais s’expose désormais à des risques importants en matière de santé », peut-on lire dans le rapport. Le changement climatique, l’acidification des océans, l’épuisement des sources, les sols pollués, la surpêche, la perte de biodiversité posent de sérieux problèmes en matière de santé publique, en particulier dans les pays pauvres, alerte le rapport de 60 pages.  Si les « services de pollinisation » devaient s’arrêter demain, les approvisionnements mondiaux en fruits pourraient réduire de 22,9%, ceux des légumes de 16,3% et ceux des noix et graines de 22,9%. Cette situation entraînerait des carences en vitamine A chez 71 millions de personnes dans les pays en voie de développement. On enregistrerait 1,4 millions de morts en plus dans le monde.

Doubler la part des énergies renouvelables pour faire 4000 milliards d’économies

Doubler la part des énergies renouvelables pour faire 4000 milliards d’économies

 

Doubler la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique mondial permettrait de faire de gigantesques économies tout en soignant la planète. Ainsi, faire passer la part des énergies renouvelables de 18% à 36% d’ici 2030, permettrait d’économiser jusqu’à 4.200 milliards de dollars (3.742 milliards d’euros) par an, affirme l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena). Les sources d’énergie renouvelable telles que l’éolien et le solaire représentaient environ 18% de l’énergie consommée dans le monde en 2014. Les politiques actuellement mises en place au niveau national devraient permettre d’atteindre 21% en 2030. D’après l’étude de l’Irena, organisation intergouvernementale, le coût du doublement de la part des énergies renouvelables d’ici 2030 serait de 290 milliards de dollars par an mais le montant des économies annuelles générées en réduisant l’impact de la pollution sur la santé humaine et sur l’agriculture s’élèverait entre 1.200 milliards et 4.200 milliards de dollars par an. «Parvenir à un doublement est non seulement faisable, c’est moins cher que de ne pas le faire», déclare le directeur général de l’Irena, Adnan Amin, dans un communiqué. «Cela créerait plus d’emplois, épargnerait des millions de vies en réduisant la pollution de l’air et ouvrirait la voie à une limitation de la hausse de la température mondiale à 2 degrés comme convenu à Paris», ajoute-t-il. De fait, outre les importantes économies ainsi réalisées, doubler la part actuelle des énergies renouvelables contribuerait à limiter la hausse de la température moyenne mondiale à moins de 2° Celsius par rapport aux niveaux préindustriels, conformément à l’accord international conclu en décembre lors de la conférence de Paris sur le climat, la COP21. Et le monde est sur la bonne voie pour atteindre cet objectif. De fait, selon une étude de l’Agence Internationale de l’Energie (AEI) publié mercredi, les émissions mondiales de gaz carbonique en provenance du secteur de l’énergie ont stagné l’an passé. Pourtant, la croissance mondiale était positive (+3,1%). Ainsi, pour la deuxième année consécutive, croissance et émissions de CO2 n’évoluent pas dans le même sens. Une décorrelation due au développement des énergies renouvelables. L’électricité produite par les énergies renouvelables a en effet représenté environ 90% de la nouvelle génération d’électricité en 2015, ajoute l’agence. «C’est une bonne nouvelle», se réjouit Fatih Birol, directeur de l’Agence internationale de l’énergie. «Ce constat dévoilé seulement quelques mois après l’accord historique de la COP21 à Paris, est encore un autre coup de pouce à la lutte mondiale contre le changement climatique», a-t-il ajouté.

 

(AFP)

L’impossible réforme du code du travail

L’impossible réforme du code du travail

 

Dominique Mircher directeur des ressources humaines. Et Jean d’Aleman, avocat,  soulignent la difficulté à engager une réforme du code du travail en France. Un propos qu’on peut discuter mais qui insistent surtout sur les incompréhensions entre entreprises et le salariat. (Interview la tribune)


Peut-on réformer le Code du Travail?

Non! La réponse est évidemment non.

Les dix dernières années l’ont démontré, et le débat qui s’ouvre aujourd’hui sur l’avant-projet de Loi El Khomri ne va pas nous démentir. Chaque année la réglementation sociale se développe, chaque année le législateur promet de simplifier, et chaque année, pour une mesure de simplification adoptée, les entreprises ont un lot d’obligations supplémentaires à remplir.

Bien sûr, des réformes sont mises en œuvre, mais force est de constater que la montagne, quand elle accouche, laisse apparaître une souris et qu’aucune approche d’ensemble n’a jamais pu aboutir sur ce thème. Les derniers exemples des lois Macron et Rebsamen s’inscrivent dans ce schéma. L’intention est là, mais le résultat est mince.

La question n’est donc pas de savoir si on doit réformer le Code du Travail, tout le monde s’y accorde, mais la méthode pour y parvenir.

Nous n’avons pas encore le résultat de la grande réforme annoncée par notre ministre, Mme El Khomri, mais on peut déjà constater que ce texte a du plomb dans l’aile, et que le grand ballet de la concertation politico syndicale est ouvert pour vider de sens ce texte qui se voulait être novateur.

La question n’est donc pas de savoir si on doit réformer le Code du Travail, tout le monde s’y accorde, mais la méthode pour y parvenir. C’est sur ce point que l’innovation s’impose.

Il nous parait, en effet, illusoire de penser que nos «acteurs sociaux» sont en mesure de réformer le Code du Travail et ce, pour de nombreuses raisons.

La loi sociale est comprise aujourd’hui comme le résultat de l’histoire sociale de notre pays.

Elle est le fruit d’évolutions acquises à la sueur des piquets de grève et des promesses électorales.

En un mot, elle est une sorte de «trophée de guerre» dont la vocation est de protéger les salariés face à l’employeur.

Réformer le Droit Social reviendrait donc à devoir assumer une régression sociale.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si on annonce aujourd’hui que 70% des français sont contre le projet de loi El Khomri, alors même qu’on peut être quasi certain que peu de gens pourraient en faire une présentation.

Par ailleurs, la confiance, élément indispensable à la réforme, est absente des relations entre les acteurs sociaux institutionnels.

Quelle confiance y-a-t-il entre les institutions que sont le Gouvernement, le Parlement, les organisations syndicales et les organisations patronales?

De plus, si les salariés français ont plutôt un regard positif sur le monde de l’entreprise et spécialement sur leur environnement proche, il n’en est pas de même concernant les institutions que sont le Gouvernement, le Parlement ou les Syndicats de salariés ou patronaux.

Le discours national reste englué dans la lutte des classes. L’Entreprise n’est pas vécue, au niveau national comme un «tout», mais comme l’existence de deux mondes en opposition: le patronat et le salariat.

Les nouvelles aspirations des salariés à plus d’autonomie et de liberté d’initiative ne sont pas comprises par un environnement juridique et politique peu familier avec le monde de l’entreprise.

Le constat est donc aujourd’hui celui d’un blocage au sommet des institutions, une méfiance accompagnée d’un conservatisme teinté de corporatisme: nos relations sociales institutionnelles sont immobiles alors que tout s’accélère autour de nous.

La loi, pléthorique et mal rédigée, est très difficilement applicable et les négociations interprofessionnelles ont clairement montrés leurs limites.

Et si l’avenir passait par la confiance?

Si tout est bloqué et que le Code du Travail ne peut pas être réformé «par le haut», et afin d’éviter l’explosion qui suit en général un blocage, pourquoi ne pas redonner le pouvoir au plus près de l’emploi et des conditions de travail?

La démocratie à laquelle nous sommes tous attachés est basée sur la confiance faite en la capacité humaine. Pourquoi ne pas la mettre en œuvre en entreprise?

Les salariés ne sont-ils pas les mieux placés pour apprécier la nécessaire adaptation de l’outil et des conditions de travail et d’emploi à l’environnement économique?

Là est l’innovation.

Elle passe par la reconnaissance que le bien commun ne peut être préservé que par les acteurs qui le composent, ce qui nécessite d’appliquer le principe de subsidiarité.

Il s’agirait, alors, de permettre une dérogation générale à la réglementation sociale sous réserve d’un accord d’entreprise majoritaire dont la seule limite serait le respect de droits fondamentaux dont la Loi pourrait rester le garant.

Cet accord pourrait ainsi porter sur l’emploi, la durée du travail, la formation, les conditions de travail, la sécurité, les congés, le télétravail, le travail «uberisé» etc.…

Ces accords deviendraient la règle sociale applicable à tous les salariés et dont le juge resterait le garant pour que son exécution se fasse de bonne foi en respectant la volonté des négociateurs.

Cet accord, pour entrer en vigueur, devrait avoir été négocié et signé avec une ou plusieurs organisations syndicales représentant plus de la moitié des salariés de l’entreprise.

Cet accord, pour entrer en vigueur, devrait avoir été négocié et signé avec une ou plusieurs organisations syndicales représentant plus de la moitié des salariés de l’entreprise. A défaut de syndicat dans l’entreprise ou en cas de désaccord, il serait soumis à un référendum.

Le chef d’entreprise pourrait obtenir des résultats dans ces négociations afin d’adapter l’organisation du travail dans son entreprise mais seulement s’il fait partager à tous ces salariés et à leurs représentants les perspectives économiques, l’état de la concurrence et plus généralement la stratégie de l’entreprise.

Les salariés pourraient obtenir des garanties tant en terme d’emploi que de qualité de vie au travail.

Ouvrir une telle possibilité permettrait enfin aux syndicats présents dans l’entreprise de légitimer leur présence au plus près des salariés dans toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Et sans doute de développer leur base d’adhérents (aujourd’hui seulement 8% des salariés français sont syndiqués)!

Les salariés seraient ainsi associés plus étroitement à la marche de l’entreprise ce qui aura nécessairement un impact positif sur leur intérêt et motivation au travail.

C’est en construisant ainsi un pacte social propre à chaque entreprise que celles-ci seront à même de s’adapter à l’environnement économique et concurrentiel.

Et c’est ainsi qu’elles pourront développer l’emploi.

Souhaitons que les discussions qui s’ouvrent aujourd’hui permettent cette innovation et que nos politiques le portent, dans le débat public, jusqu’aux prochaines échéances électorales.

« BCE, ça va finir mal » (Nathalie Janson)

« BCE, ça va finir mal »  (Nathalie Janson)

 

Nathalie Janson, économiste, critique l’inefficacité de la politique de la BCE et même ses effets contreproductifs dans uen interview au Figaro.

 

Dans le plus strict respect du Foward Guidance Mario Draghi a fait ce qu’il a dit en janvier: il apportera un soutien sans limite. Il a même été au-delà des espérances puisque la nouvelle du taux d’intérêt de la facilité de dépôts et le renforcement du programme d’achat étaient attendus, la baisse du taux directeur à 0% et le lancement de 4 opérations de LTRO l’étaient beaucoup moins. Ses décisions ayant dépassé les attentes, les marchés européens l’ont salué comme il se doit positivement mais cet accueil chaleureux fut de très courte durée. Ils ont raison, il n’y a pas de quoi se réjouir, il y aurait même plutôt de quoi s’inquiéter fortement!

Des marchés sous emprise

La somme toute faible réaction positive des marchés financiers à l’annonce de mesures significatives montre qu’ils sont blasés. Après tout Mario Draghi ne fait que les brosser dans le sens du poil. On se demande qui est le chef dans cette histoire. Les marchés donnent des signes d’inquiétude depuis le début d’année et bien qu’à cela ne tienne redonnons leur de l’enthousiasme en baissant davantage les taux et en augmentant le montant du programme de rachat d’actifs. Néanmoins les marchés financiers enivrés de liquidités réagissent de moins en moins à toute dose supplémentaire comme tout alcoolique dont l’euphorie va décroissant malgré la prise croissante d’alcool. Et oui même dans ce domaine les rendements décroissants s’appliquent. Dans ces conditions il est légitime de se demander comment cette histoire va finir… sans doute mal.

 

 

La banque centrale Européenne en contradiction avec elle-même

Ce n’est pas la monnaie qui est à l’origine de la création de richesses mais l’innovation et l’augmentation de la productivité qui en découle.

Pourtant l’année dernière, au début de son action, Mario Draghi l’avait bien répété à qui voulait l’entendre: il ne peut pas tout, il ne peut que créer les conditions nécessaires pour que les pays de la zone euro mettent en œuvre des réformes structurelles afin de renouer avec la croissance. En effet, les injections monétaires ne peuvent se substituer aux réformes de structure. La monnaie n’est qu’un facilitateur, elle ne créée rien qui ne soit jamais. Ce n’est pas la monnaie qui est à l’origine de la création de richesses mais l’innovation et l’augmentation de la productivité qui en découle. En revanche, les injections volontaristes de monnaie comme c’est le cas en Europe depuis un an peuvent créer le terreau de la prochaine crise. En effet, la baisse forcée des taux des intérêts et l’aplatissement de la courbe des taux qui en résulte – la banque centrale sort même de son terrain de jeu habituel en achetant des titres de longs – conduit inévitablement à des prises de décision erronées en matière d’investissement. Le découplage des taux d’intérêt nominaux par rapport aux taux qui devraient prévaloir c’est-à-dire sans intervention de la banque centrale- et non pas les taux réels éloigne l’économie de son sentier de croissance soutenable. Inévitablement un jour le château de cartes s’écroulera. Malheureusement le symptôme qui habituellement révèle cette divergence – à savoir l’inflation semble absente – ce qui ne facilite pas la tâche de la banque centrale. Mais après tout l’inflation est-elle réellement absente? En apparence seulement… Si l’on y réfléchit bien la crise des subprimes de 2007 aurait dû conduire à une baisse des prix massive qui n’a pas eu lieu en raison de l’intervention des banques centrales. En Europe la crise de la dette souveraine aurait dû également conduire à des baisses de prix importantes dans les pays affectés. Ces baisses ont été somme toute limitées pour les mêmes raisons. En outre, si l’on prend également en compte le fait que la «nouvelle économie» engendre une concurrence exacerbée et donc une pression à la baisse sur les prix, nous devrions avoir en réalité une inflation négative plus importante aujourd’hui. Evidemment cette inflation est plus difficile à repérer et à mesurer! Les banques centrales ne sont pas armées pour ce genre d’exercice intellectuel.

Alors s’achemine-t-on vers un scénario catastrophe?

Ce n’est pas dit mais il est certain que ce n’est pas les annonces de ce jeudi 10 mars qui vont remettre en selle les économies européennes. Il devient plus qu’urgent – voire vitale – que Mario Draghi stoppe cette politique volontariste qui – outre le fait d’être inefficace – crée des effets pernicieux dont il n’est pas conscient, compromettant le retour à la croissance. Le meilleur cadeau à faire à Mario Draghi: l’essai de Frédéric Bastiat «ce qui se voit et ce qui ne se voit pas» …!

 

 

Qu’attendre La loi Travail : rien du tout ! (Guillaume Sarlat)

Qu’attendre La loi Travail : rien du tout ! (Guillaume Sarlat)

Guillaume Sarlat est polytechnicien et inspecteur des Finances, il dénonce la démarche et l’efficacité de la loi travail dans une interview au Figaro.

 

Depuis trois semaines, le projet de loi du gouvernement dit «loi Travail» fait l’actualité politique et économique en France. Il faut dire que le scénario est riche et les acteurs hauts en couleur. Un texte qui fuite sous différentes versions avant qu’il ne soit formellement présenté. Une Ministre qui ne connaît pas très bien le droit du travail. Une concertation précipitée et organisée à chaud. Un conseiller de la Ministre qui démissionne de son cabinet parce qu’il est opposé au texte. Des négociations avec un syndicaliste étudiant encore en licence à 27 ans. Un rétropédalage en urgence sur l’utilisation du 49-3, puis sur une partie du texte lui-même…

Avec la perspective des présidentielles, la question qui accapare les débats est: est-ce que cette séquence est bonne pour François Hollande? En apparence non. Comme souvent depuis 4 ans, c’est l’amateurisme et l’impréparation qui dominent à première vue, sur un projet de loi pourtant présenté comme majeur. Mais à l’analyse, le bilan pour François Hollande est plus positif qu’il n’y paraît.

 

Ce projet de loi lui permet de faire diversion.

D’abord, ce projet de loi lui permet de faire diversion. François Hollande s’était engagé à inverser la courbe de chômage et à ne se représenter en 2017 que s’il y parvenait. Or il est maintenant clair qu’il n’y aura pas d’inflexion dans la dynamique du chômage d’ici à l’élection présidentielle: l’économie française ne crée pas assez d’emplois. Grâce au rapport de Robert Badinter et d’Antoine Lyon-Caen sur le droit du travail, François Hollande a replacé le débat sur un terrain qu’il maîtrise: la loi. Il pourra dire qu’il a agi jusqu’au dernier moment contre le chômage, même si les résultats n’ont pas été là.

Ensuite, ce projet de loi affaiblit la position des Républicains. En baissant massivement les charges sociales sur les bas salaires avec le CICE puis le pacte de responsabilité et de solidarité, Hollande avait déjà emprunté aux Républicains l’une de leurs mesures économiques phares. Avec la simplification du droit du Travail, c’est leur deuxième priorité économique qu’Hollande fait sienne, condamnant les candidats aux primaires de la droite à se prononcer ces derniers jours en faveur de la loi Travail.

Ce projet de loi renforce également la position de François Hollande en cas de primaire à gauche car Manuel Valls et Emmanuel Macron, ses deux seuls concurrents sérieux, soutiennent ce projet de loi et donc sont engagés à ses côtés.

Enfin, en réduisant le 14 mars la portée du texte par rapport à ses premières versions, François Hollande peut se targuer d’avoir tenu compte de l’opinion des Français: dans les sondages portant sur la première mouture du texte, deux personnes interrogées sur trois disaient en effet y être défavorables. Ce nouveau texte permettra aux soi-disant «frondeurs» du Parti Socialiste et aux partenaires sociaux, en mal de soutiens et de mobilisation, de sauver la face en disant qu’ils ont obtenu des concessions. Et il permettra à François Hollande de dire qu’il réforme la France sans la brutaliser, ce qui pourra être utile le moment venu face à Nicolas Sarkozy, Alain Juppé ou Marine Le Pen.

Ce projet de loi est donc sans doute un bon coup tactique pour Hollande. Certes. Mais la question à se poser est plutôt: est-ce une bonne réforme pour l’économie française et les Français?

Qu’y a-t-il dans cette loi finalement? Diverses mesures qui viennent diminuer les droits des salariés, notamment sur le temps de travail, les heures supplémentaires, les congés ou encore la mécanique des accords avec le patronat, où les accords d’entreprises devraient désormais primer sur les accords de branches ; la création d’un référendum d’entreprise ; et un recours plus facile au licenciement économique, les difficultés des entreprises étant désormais appréciées au plan national. Le plafonnement obligatoire des indemnités de licenciement, déjà censuré dans le cadre de la loi Macron par le Conseil constitutionnel, a en revanche été retiré du projet de loi.

Que peut-on attendre de cette loi pour la croissance et l’emploi en France ? En pratique très peu de choses, voire rien du tout.

Que peut-on attendre de cette loi pour la croissance et l’emploi en France? En pratique très peu de choses, voire rien du tout.

Si la croissance faible et le chômage de masse en France provenaient d’un problème de compétitivité-prix, cela se saurait. Ces dernières années l’économie française a en effet bénéficié de 30 milliards d’exonérations de charges sociales supplémentaires sur les bas salaires, d’un pétrole à 30$, d’un euro autour de 1,1$ et d’une liquidité de la BCE chaque jour plus abondante. Sans que cela permette de créer des emplois en France. On imagine mal que des assouplissements marginaux du temps de travail ou des congés y arrivent.

La loi Travail n’est malheureusement qu’une nouvelle étape dans la politique low cost / low innovation en place depuis plusieurs dizaines d’années en France.

Les exonérations de charges sur les bas salaires ont été le pilier de cette politique depuis 1993 et les allègements Balladur, suivis des allègements Juppé en 1996, Aubry entre 1998 et 2002, Fillon entre 2003 et 2005, et bien sûr l’apothéose avec François Hollande et le CICE (2012) puis le pacte de responsabilité et de solidarité (2013).

Difficile désormais d’aller plus loin en matière d’exonérations de charges sociales sur les bas salaires, avec un budget de 50 milliards d’euros (premier budget des dépenses publiques, devant l’enseignement scolaire) et des charges sociales patronales désormais nulles au niveau du SMIC depuis le 1er janvier 2015.

C’est donc la déconstruction du droit du Travail qui a pris le relais dans la politique low cost / low innovation. Le droit du Travail était déjà moins protecteur qu’on ne peut le penser, notamment parce qu’il permet de contourner les droits offerts aux contrats à durée indéterminée (CDI) par les contrats de stagiaires et de CDD (contrats à durée déterminée, utilisables en cas de «surcroît d’activité» sans que celui-ci soit nécessairement exceptionnel). Et en 2008 Sarkozy a introduit la rupture conventionnelle et assoupli les règles d’organisation du temps de travail. Puis Hollande a assoupli le recours aux CDD en 2015 en autorisant deux renouvellements.

Ces politiques low cost / low innovation sont les piliers du libéralisme à la française, ce modèle très favorable aux grands groupes qui leur permet de se concentrer sur l’optimisation à court terme de leurs coûts, aux détriments des PME et des salariés, et de transférer tous leurs coûts sociaux à un Etat Samu social hypertrophié et inefficace.

Agir pour le Travail en France, c’est donc sortir de ce libéralisme à la française, en finir avec l’irresponsabilité sociale des acteurs économiques et notamment des grands groupes, et l’inefficacité des acteurs publics.

Les mesures d’une loi pour le Travail seraient donc bien différentes de la «loi Travail» qui nous est proposée aujourd’hui.

Une loi pour le Travail responsabiliserait les entreprises. D’abord en créant des contre-pouvoirs aux patrons, seuls maîtres à bord dans les entreprises. Ceci passe par le développement d’un véritable actionnariat salarié, aujourd’hui réduit à des dispositifs de défiscalisation et de rétention des cadres sans participation aux décisions de l’entreprise, et par une réforme de la gouvernance des entreprises françaises, aujourd’hui totalement déséquilibrée en faveur du patronat.

Ensuite, en responsabilisant les entreprises spécifiquement sur leurs comportements d’employeur, avec une modulation des cotisations sociales en fonction des impacts pour la collectivité de leurs politiques sociales: turnover, formations, licenciements etc.

Une loi pour le Travail moderniserait également les services publics liés à l’emploi.

L’inefficacité notoire de l’AFPA et de Pôle Emploi devrait conduire à s’interroger sur l’existence même non pas des services publics de la formation continue ou du placement, mais des opérateurs publics qui en ont la charge.

Et la complexité des règles fiscales et sociales devrait inviter à considérer un système de prélèvements plus simple, où les exonérations seraient l’exception et non la règle, pour une transparence et une facilité d’utilisation plus grandes, notamment pour les PME.

Les politiques, dont François Hollande et son gouvernement, sont tellement bien installés, depuis si longtemps et avec tellement de confort dans le libéralisme à la française qu’on ne peut rien attendre d’eux.

Il est également peu probable que le salut vienne des syndicats. Certes ils ont proposé il y a quelques jours dans la négociation une taxation des CDD pour responsabiliser les entreprises. L’objectif est bon, mais malheureusement la mesure est mauvaise: le fait d’utiliser des CDD n’est pas un mal en soi, si c’est justifié. Et ils ont également proposé que la «garantie jeunes», le nom d’emprunt du RMI jeunes créé par François Hollande, soit généralisée, dans la plus pure logique de l’Etat Samu social…

Avec ou sans la loi Travail, avec ou sans réélection de François Hollande, les politiques low cost / low innovation, la croissance faible et le chômage de masse ont donc encore de beaux jours devant eux…

 

 

Migrants -Sommet turco-européen : l’UE doit s’imposer et non s’incliner (Hadrien Desuin, expert en relations internationales)

Migrants -Sommet turco-européen : l’UE doit s’imposer et non s’incliner (Hadrien Desuin, expert en relations internationales)

Hadrien Desuin dénonce à juste titre la soumission de l’UE vis-à-vis de la Turquie à propos de la négociation sur les migrants. (Interview Le Figaro). 

 

Angela Merkel, Donald Tusk et Ahmet Davutoglü forment le nouveau trio de tête de l’Union européenne. Chancelière allemande, président du conseil européen et premier ministre turc multiplient les rencontres et souhaitent imposer leur feuille de route aux 27 partenaires européens de nouveau réunis en sommet.

La situation migratoire est grave, l’hiver n’a pas ralenti le flux continu des migrants. Lesquels sont chaleureusement accueillis par une myriade d’associations d’extrême gauche qui ne veulent plus de frontières. Et le printemps est déjà là.

La culture consensuelle de négociation à l’allemande croit pouvoir trouver un compromis avec la Turquie malgré les nombreux faux bonds qu’elle a eu à subir par le passé. Désavouée par les élections régionales, menacée dans son propre parti, Angela Merkel a déjà annoncé qu’elle ne changera pas sa politique de «bord du gouffre». La grand-mère de l’Europe entend assumer ses erreurs passées jusqu’au bout, quitte à s’entêter. Elle compte bien poursuivre sa politique irresponsable de portes ouvertes aux réfugiés qui font une demande régulière. C’est méconnaître les effets pervers du système très généreux du «droit d’asile».

On ne peut pas négocier avec la Turquie comme on négocie avec la Suisse et le Canada. Comment peut-on faire confiance à un pays qui bafoue les droits de sa propre population et qui n’a aucun intérêt à garder sur son sol une population étrangère ?

Or, on ne peut pas négocier avec la Turquie comme on négocie avec la Suisse et le Canada. Comment peut-on faire confiance à un pays qui bafoue les droits de sa propre population et qui n’a aucun intérêt à garder sur son sol une population étrangère? La Turquie, faut-il le rappeler, est dirigée par une oligarchie autoritaire qui a verrouillé la presse et l’ensemble des corps intermédiaires. Et on voudrait en faire la gardienne humanitaire de l’Europe? Il y a quelques jours encore, le journal Zaman a été placé sous contrôle par une autorité judiciaire aux ordres. Ce n’est pas avec un nouveau chèque de 3 milliards d’euros qu’on rassasie une police aux frontières corrompues. Plus l’Allemagne donne et plus la Turquie réclame. En échangeant une demande d’asile légale contre un migrant illégal, l’Europe se lie les mains d’avance.

La Turquie est une des premières responsable du drame syrien. A ce titre, l’Europe doit sanctionner et non pas plier.

La Turquie ne se contente pas d’une aumône même chiffrée en milliards. L’Europe s’apprête à lui donner des visas. Dans un pays en guerre civile dans le quart sud-est de son territoire (le Kurdistan turc) et tout à fait «daechisé» à sa frontière avec le territoire de l’État islamique, donner des visas est parfaitement ahurissant. Ce serait doubler l’immigration illégale d’entrées légales massives. L’espace Schengen est déjà ingérable et on envisage de l’ouvrir à la Turquie? C’est folie. La Turquie est une des premières responsable du drame syrien. A ce titre, l’Europe doit sanctionner et non pas plier. Il n’y a plus d’accommodements possibles avec Ankara. Ce n’est pas avec l’appât de l’ouverture de chapitres d’adhésion à l’UE qu’on fera changer le pompier pyromane turc. On ne fait que surenchérir ses gains. Désormais il faut sanctionner la Turquie et cesser de biaiser et reculer. Sanctions économiques d’abord puisque rien n’est fait depuis un an. Sanctions politiques ensuite avec une clôture définitive des négociations d’entrée à l’UE ou un boycott du G20. Bref, il ne faut pas ouvrir les chapitres d’adhésion, il faut les fermer jusqu’à nouvel ordre. Ceci passe par un discours nettement plus ferme sur la répression anti-kurde en cours, largement responsable de la vague de réfugiés. Quant à la fédéralisation syrienne vivement combattue par Ankara mais soutenue par la Russie, il serait de bon ton également de brandir la menace d’une reconnaissance de l’autonomie kurde en Syrie. L’Europe a de multiples cartes dans son jeu pour faire évoluer la Turquie. Armement des milices kurdes syriennes, introduction des kurdes syriens au sein des négociations de Genève, sanctions économiques, gel des négociations d’adhésion… Dans le bras de fer avec la Turquie, il faut montrer ses muscles ou c’est la gifle assurée sur les deux joues.

Notre-Dame-Des-Landes : Ségolène Royal fait la leçon à Stéphane le Foll

Notre-Dame-Des-Landes : Ségolène Royal fait la leçon à Stéphane le Foll

 

Hier sur BFM Ségolène Royal a clairement considéré que Stéphane le Foll,  porte-parole du gouvernement,  aurait mieux fait de se taire concernant le futur référendum sur le projet des repas à Notre-Dame des Landes. Puisque le premier ministre a décidé d’un référendum local Ségolène royal considère que les responsables nationaux n’ont pas à s’immiscer d’un côté ou de l’autre dans ce référendum. Or. Ségolène Royal a donc condamné la prise de position de Stéphane le Foll en faveur du oui. Elle a tout autant condamné le non préconisé par l’écolo Jean Vincent Placé devenu récemment ministre. Seconde divergence avec Manuel Valls, Ségolène Royal affirme qui l’est possible de modifier le champ géographique de ce référendum en l’étendant au-delà du seul département de Loire-Atlantique. La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, n’a pas renoncé à élargir le périmètre du référendum sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes, près de Nantes, que le Premier ministre souhaite limiter au département de Loire-Atlantique. Manuel Valls a annoncé mardi que la consultation aurait lieu en juin et concernerait les seuls électeurs de ce département, le plus concerné par l’impact de ce projet. Ségolène Royal s’était déjà dite en faveur d’une consultation plus large. Elle est revenue à la charge jeudi soir dans une interview accordée à BFM TV. « Ce que j’ai entendu c’est que, autour de ce département, certains élus voulaient également être consultés. Le problème, c’est qu’il faut trouver un critère », a-t-elle expliqué. « Je leur ai dit ‘trouvez-moi un critère, parlons-en’. » A ce stade, l’ordonnance de convocation du référendum prévoit bien que la consultation aura lieu dans le périmètre où l’enquête publique a été menée, a-t-elle précisé. Mais « on ne peut pas à la fois dire il y a une consultation et en même temps il y a un texte, circulez, il n’y a rien à voir et on ne modifiera rien », a ajouté Ségolène Royal. Si un « critère objectif » permettant d’étendre le référendum au-delà de la Loire-Atlantique apparaît dans les semaines à venir, « pourquoi pas », a insisté la ministre. « À ce moment-là, nous en rediscuterons avec le Premier ministre. » Elle a égratigné au passage les membres du gouvernement qui ont pris position, soit pour dire qu’ils voteraient pour le futur aéroport, comme le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, soit au contraire pour dire qu’ils voteraient contre, comme l’écologiste Jean-Vincent Placé (réforme de l’Etat). « Je pense que ce n’est pas aux membres du gouvernement de se prononcer », a déclaré Ségolène Royal. « On ne peut pas à la fois restreindre cette consultation au département de Loire-Atlantique et ensuite, quand on n’est pas de ce département, commencer à donner des indications. »

(Avec Reuters)

La loi Travail : une mobilisation ratée

La loi Travail : une mobilisation ratée

 

Inutile de tourner autour du pot comme le fait la grande presse, la mobilisation des jeunes est un échec. Alors que environ 5 millions de jeunes sont concernés seulement Entre 69.000 et 150.000 lycéens et étudiants ont défilé jeudi partout en France pour réclamer le retrait du projet de réforme du Code du travail, remanié par le gouvernement mais toujours contesté par certains syndicats de salariés et de jeunes. Première observation ceux qui ont défilé ne sont pas les plus concernés. Or les 150 000 jeunes exclus du système de formation chaque année n’était pratiquement pas présents. En outre ce sont essentiellement les jeunes assez politisés voir instrumentalisés qui ont protesté. Leurs paroles méritent évidemment être entendue mais ils ne sont pas représentatifs de la jeunesse marginalisée (banlieue, ruraux, sans diplôme) qui éprouvent le plus de difficultés à s’insérer professionnellement. Il est possible cependant que ces manifestations prennent une ampleur aujourd’hui peu prévisible. Sans doute pourquoi les médias prennent des pincettes pour ne pas insulter l’avenir. Mais force est de constater que ces protestations sont largement manipulées par la gauche de la gauche. Cette constatation ne légitime pas pour autant les erreurs du gouvernement tant sur le fond que sur la forme du texte initial de la loi travail. De la même manière qu’il ne faut pas s’attendre à court et moyen terme a un effet significatif de cette loi sur la baisse du chômage. Pour autant le droit du travail devait être modernisé et le gouvernement a dû nettement rééquilibrer les garanties accordées d’une part aux entreprises d’autre part aux salariés. Pour tout dire cette réforme et maintenant acceptable même si bien d’autres mesures devront être prises pour redresser l’emploi mesurent d’ailleurs sans doute plus prioritaires que cette  loi. Mais la radicalité et la politisation du mouvement de ce justifie plus. En outre l’opinion publique souhaite une amélioration significative du dialogue social qu’elle considère comme trop caricaturale. Cela implique une culture du compromis et non une posture d’opposition de façade minoritaire qui ne fait que démontrer l’inefficacité des organisations systématiquement opposées à toute évolution.

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