Communautarisme, intégrisme, terrorisme : les experts pataugent
À lire et écouter les analyses sur ce sujet, il y a tout lieu d’être inquiet car experts et responsables pataugent sérieusement dans la semoule. Il faut d’abord convenir que les facteurs explicatifs sont nombreux et complexes. On ne peut donc réduire l’analyse à quelques slogans ou quelques explications réductrices. Un des premiers éléments d’explication provient du déni général de la montée de l’intégrisme dans de nombreux quartiers depuis 30 ou 40 ans, cela souvent avec la complicité tacite, voire active, d’élus locaux qui ont acheté la paix sociale contre le développement d’un communautarisme qui a nourri l’intégrisme ; avec aussi parfois quelques pensées électoralistes. Mais comme indiqué, les responsabilités sont multiples, celle des pouvoirs publics locaux comme centraux qui ont multiplié des plans banlieues se résumant à la réfection de locaux et la création de zones sportives ou « culturelles » pour occuper des populations désœuvrées. En cause aussi la responsabilité de parents qui ont abandonné leur autorité sur les enfants. Responsable aussi le système éducatif où le gardiennage se substitue souvent aux programmes scolaires. Complices aussi les autorités qui ont laissé s’installer des zones de non-droit et une économie parallèle qui régule la vie économique mais aussi sociétale. La justice aussi trop bienveillante à l’égard des pratiques délictuelles. La crise enfin qui a contribué à déstabiliser encore un peu davantage des zones économiquement déjà défavorisées et à la main-d’œuvre pas ou mal formée. Ces éléments et bien d’autres encore ont agi de manière systémique pour favoriser l’émergence de populations hors-la-loi et même de terroristes. Pour autant la pauvreté qui caractérise ces quartiers où le chômage atteint assez souvent 50 % des jeunes ne saurait en aucun cas donner la moindre légitimité à la violence et en particulier à celle qui s’exprime à travers le terrorisme. la France a déjà connu des périodes de disette et de pauvreté mais jamais cette situation sociale n’a donné lieu à tel rejet des valeurs républicaines et à une telle agressivité. La ghettoïsation évoquée par Manuel Valls à propos de ces quartiers est un concept particulièrement erroné ; en effet ; au départ la population était relativement mixte ensuite compte tenu du climat particulièrement délétère, les couches moyennes françaises ou étrangères, musulmanes ou pas, ont fui ces quartiers et ont été remplacées par des populations qui ont contribué à renforcer le caractère communautariste de ces zones. Il faudra des années voire une ou deux générations pour gérer ces situations ; avant cela, encore faudrait-il être capable de faire une analyse pertinente de la problématique. Or la plupart de ceux qui s’expriment sur le sujet ignorent tout des conditions de vie dans ces quartiers, il ne réside pas dans ses HLM qui cumulent toutes les nuisances d’une proximité anarchique.
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