Molenbeek : révélateur du déni général d’intégrisme en France
Jusque-là pratiquement inconnu Patrick Kanner, le ministre des sports, est sorti de l’anonymat avec sa phrase choc « Il y a aujourd’hui, on le sait, une centaine de quartiers en France qui présentent des similitudes potentielles avec ce qui s’est passé à Molenbeek ». Une évidence mais qui a mis en émoi toute la classe politique à droite comme à gauche. À droite parce que nombreux d’élus locaux se sentent un peu concerné par l’immobilisme dont ils sont coupables voir leur complicité ; à gauche ; parce qu’un tel constat constitue un aveu d’échec de la politique des banlieues. Une émotion toutefois un peu suspect dans la mesure où le phénomène d’intégrisme n’est pas nouveau, qu’il a pris naissance il y a 30 ou 40 ans et qu’il n’a cessé de s’amplifier. la réticence à faire un constat objectif de ce phénomène tient aussi à la peur de tutoyer les valeurs de l’extrême droite du coup un peu partout on relativise dans la plus parfaite hypocrisie. À droite par exemple si on conteste à peine la pertinence du propos on critique le ministre des sports considérant qu’une telle déclaration est inopportune dans d’une période où les Français ont besoin d’être rassurés. À gauche on ergote ; non, ce ne sont pas des quartiers, peut-être des immeubles peut-être des porches. Bref globalement dans la classe politique ça vasouille sérieusement. Difficile pourtant de nier l’existence de zones de non-droit où notamment le trafic de drogue fait office de moyen de régulation économique et sociale. Des quartiers abandonnés par tous les services publics, écoles exceptées où le gardiennage fait souvent office de programme scolaire. Les facteurs explicatifs sont nombreux les responsabilités aussi et les débats dans les grands médias montrent qu’expert, politiques, responsables locaux sont bien incapables de faire une analyse un peu complète et pertinente. La petite phrase prononcée dans le creux du dimanche de Pâques par Patrick Kanner, n’en donc finit pas de faire réagir. Dimanche soir, c’est Jean-Christophe Cambadélis, à l’unisson d’autres personnalités de gauche, qui a repris de volée le ministre des Sports, parlant de formule « discriminatoire » et estimant qu’il peut y avoir en France « des poches », « des immeubles » qui présentent des « problèmes » similaires à Molenbeek, épicentre du djihadisme belge, mais pas « des quartiers » entiers. Ce dimanche, c’est la droite qui s’est saisie de la polémique, avec des avis divers. Sur France info, le député Les Républicains Hervé Mariton a jugé que le ministre posait un « diagnostic lucide sur une situation réellement dangereuse ». « La politique de la ville a été d’une très coupable naïveté. On a donné beaucoup d’argent pour des » grands frères « qui ont en réalité déstructuré le civisme davantage qu’ils ne l’ont structuré ». « Il ne faut pas faire d’amalgame » mais « les quartiers sortis de tout contrôle existent », a-t-il conclu, rappelant que gauche et droite partagent les responsabilités. Mais Jean-Christophe Lagarde, président du parti centriste UDI, s’est dit lui « agacé » par la sortie du ministre, « parce que c’est le genre de formule qui débilise, qui mutile le débat politique français ». « Je ne crois pas du tout qu’il y ait des centaines de Molenbeek en France. (…) La vérité, c’est qu’on a des quartiers qui sont ghettoïsés ». Pour lui, Patrick Kanner a dit cela « sans doute pour faire parler de lui… Un ministre inconnu qui arrive ainsi à la Une de l’actualité ». Raphaël Logier, sociologue du fait religieux interrogé par France info ce lundi juge que cette déclaration n’est « pas crédible ». « Ce n’est pas crédible d’annoncer des chiffres de ce genre, qui relèvent plus d’une politique de l’emblème que du sérieux que l’on attendrait des déclarations d’un représentant de l’Etat. D’un côté, on parle de communautarisme, d’un autre côté on parle de chômage, de problèmes économiques », explique Raphaël Liogier. Amar Lasfar, le président de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France), dit lui être « d’accord » avec Patrick Kanner. « Il y a des phénomènes de radicalisation partout, pas uniquement dans un certain nombre de quartiers », a-t-il précisé, tout en regrettant une déclaration de nature à « stigmatiser », parce qu’
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