« Il faut faire la centrale nucléaire britannique » (Pierre Gadonneix)

« Il faut faire la centrale nucléaire britannique » (Pierre Gadonneix)

Cri du cœur de l’ancien PDG d’EDF, Pierre Gadonneix: il faut faire la centrale nucléaire britannique. Pas étonnant de la part d’un des représentants du lobby nucléaire. Outre le fait qu’on peut s’interroger plus que sérieusement sur la gestion des risques, on peut être surpris que l’ancien patron d’EDF passe sous silence la situation financière catastrophique de l’entreprise. Un oubli sans doute mais qui témoigne bien de la philosophie de gestion qui a prévalu jusqu’ici à EDF (interviews JDD)

 

 

Pierre Gadonneix

 

Quel hiatus! Quel aveuglement! Je reste stupéfait de la frilosité qui se manifeste à propos des EPR d’Hinkley Point, alors que la France reste en matière d’énergie un exemple mondialement reconnu. Il y a quelques jours encore, j’ai entendu le responsable d’une conférence internationale expliquer que notre politique énergétique historique reste une référence qui a permis de concilier réduction des émissions de C02, indépendance énergétique et électricité à bas prix. Au début des années 2000, j’ai reçu le témoignage d’admiration du Premier ministre chinois envers la France qui avait su construire plus de 58 tranches en quinze ans, soit le double de ce que faisait alors la Chine.

 

« Il y a des risques. Mais ils sont parfaitement maîtrisés »

 

Malgré cela, notre pays ne bruisse que de remises en cause de cette politique et d’incompréhensibles polémiques se focalisent sur Hinkley Point. Ce projet est une preuve de la pertinence de notre modèle et l’opportunité historique de redonner à la filière nucléaire française tous les atouts pour gagner une compétition internationale féroce. Comme tout programme industriel de cette taille, il y a des risques. Mais ils sont parfaitement maîtrisés : ce projet est arrivé à pleine maturité, aux plans financier comme technologique. S’en priver serait un gâchis : si EDF et Areva ne construisent pas Hinkley Point, d’autres le feront, les Coréens peut-être, les Russes sans doute. La filière nucléaire française aurait perdu ses chances de rivaliser au niveau mondial.

Seuls six pays et opérateurs peuvent prétendre développer un modèle nouveau de centrale : la France, les États-Unis, le Japon, la Corée, la Russie et la Chine. Aujourd’hui, la France n’est engagée que dans quatre des 70 réacteurs en construction dans le monde, dont plus de la moitié en Chine, Russie et Inde. Après Flamanville et avant le renouvellement à venir du parc français, Hinkley Point est le seul projet accessible en Europe pour EDF et Areva qui, sans nouveau projet industriel, n’auront plus d’activité de construction d’usines nouvelles pendant plus de dix ans, perdront leurs compétences et cesseront d’attirer les talents.

« Un gâchis inadmissible »

Le gâchis serait d’autant plus inadmissible que tout concourt à soutenir le lancement de ces réacteurs. Le programme technologique est abouti : les équipes d’EDF et d’Areva, fortes de leurs compétences enfin réunies, ont les moyens d’y parvenir dans les meilleures conditions. Les pouvoirs publics soutiennent activement le projet, et c’est essentiel puisque son financement passe nécessairement par l’engagement de l’État. Les investissements lourds que doit mettre en œuvre EDF impliquent une visibilité à moyen terme que seule la puissance publique peut assurer à travers la régulation et des contributions financières partagées. Les gouvernements britanniques successifs ont le courage de s’engager à long terme sur des tarifs économiquement sains. La Commission européenne vient de donner son feu vert… Bref, qu’attend-on pour mettre en œuvre ce projet qui donnera à la filière nucléaire française les clés de l’avenir?

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