Eleveurs : des mesures européennes
Le commissaire chargé du dossier, Phil Hogan s’est dit prêt lors d’un conseil agricole à Bruxelles à mettre en oeuvre une disposition permettant en théorie de réguler le marché du lait. Ce dispositif encore jamais utilisé a pour but d’éviter la production d’excédents, qui ont fait plonger les cours depuis la fin des quotas laitiers européens il y a un an et exacerbé ces derniers mois la colère des exploitants. « C’est une mesure qui doit être temporaire, qui vise à mieux gérer l’excédent d’offre sur le marché et qui permet d’envoyer un vrai signal », s’est félicité le ministre français, Stéphane Le Foll, à l’issue de la réunion. « Pour la première fois, a été pris en compte le fait que nous étions en surproduction et qu’il fallait des mesures pour limiter, modérer, maîtriser la production. C’est un point politiquement important », a-t-il ajouté. Le président de la FNSEA – principal syndicat agricole français -, Xavier Beulin, s’est quant à lui félicité que « Phil Hogan découvre enfin que le marché ne peut pas tout » mais, a-t-il précisé sur Twitter, « ses propositions manquent d’ambition ». « Les paysans veulent plus et mieux d’Europe », a-t-il encore écrit sur le site de réseau social. Signe de leur désarroi persistant, des agriculteurs ont manifesté dans les rues de la capitale européenne et déversé des litres de lait devant des bâtiments publics au moment où se tenait la réunion des ministres de l’Agriculture des Vingt-Huit. Face à la crise, l’Union européenne avait débloqué en septembre dernier une enveloppe de 500 millions d’euros pour venir en aide aux exploitants agricoles, mais cette somme n’a pas permis de remédier à leurs difficultés structurelles. Depuis février, plusieurs pays européens, la France en tête, ont tenté d’alerter Bruxelles sur le besoin de trouver en urgence de nouvelles solutions et ont déposé une centaine de propositions sur le bureau du commissaire. Lundi, Phil Hogan s’est dit prêt à recourir à la clause autorisant les groupements de producteurs à réduire volontairement la production de lait mais également à relever le plafond d’intervention de l’UE pour la poudre de lait et le beurre, c’est-à-dire la limite pour le stockage public. Il s’agit là de deux dispositifs dont la France, entre autres, défendait face à une coalition de pays comme le Royaume-Uni ou le Danemark, nettement plus réservés à l’idée d’adopter des mesures de régulation. Le commissaire européen souhaite en outre autoriser les gouvernements à verser aux exploitants en difficulté une aide exceptionnelle de 15.000 euros par an, qui s’ajouterait aux mesures financières déjà prévues par l’UE et ses pays membres. « Il me semble que ce paquet de mesures (…) peut avoir un effet positif et effectif sur les marchés agricoles européens », a déclaré devant les ministres Phil Hogan. « Dans l’intérêt des agriculteurs de l’Union, je suis prêt à recourir à tous les instruments que les législateurs ont mis à notre disposition, tant les mesures à court qu’à long terme », a également dit l’Irlandais, accusé par les éleveurs français et à demi-mot par le gouvernement d’avoir tardé à réagir. Les Vingt-Huit ont en outre évoqué l’embargo sanitaire russe, qui prive les producteurs de porc d’un débouché important depuis 2014. »Je tiens à vous assurer que nous poursuivons nos efforts pour faire en sorte que le commerce reprenne à brève échéance », a affirmé Phil Hogan. Il a en revanche exclu de débloquer pour l’heure de nouveaux fonds européens. Selon le ministère français de l’Agriculture, la Commission a par ailleurs répondu favorablement à une demande de la France d’expérimenter l’étiquetage de l’origine des viandes et du lait dans les produits transformés.
(Reuters)
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