Hiver : le plus doux depuis 1900, pourquoi ?
Une nouvelle fois la France n’a pas connu d’hiver. Les spécialistes hésitent encore à identifier les facteurs explicatifs de ce phénomène ; reste que l’hiver 2015 2016 a été le plus doux depuis 1900. Selon Météo-France., la température moyenne sur ces trois mois a été de 8°C, soit 2,6°C au-dessus de la normale, un écart énorme qui place cet hiver loin devant les précédents records. Les spécialistes hésitent encore à attribuer ce phénomène au réchauffement climatique. Pourtant il y a bien une trentaine d’années que nombre de régions ne connaisse plus de véritable hiver qui par ailleurs bouleverse la pluviométrie. Pollution, inondation, sécheresse, disparition d’espèces, changement de culture agricole autant de conséquences de la montée inexorable de la température. Il est urgent de limiter notre pollution si l’on veut éviter la montée de la température moyenne du globe au-delà de 2°C d’ici 2100, chiffre décidé lors de la conférence climat de Copenhague de 2009. Actuellement, si nous ne faisons rien, il faut en fait s’attendre à un climat de 4°C de plus, Pour éviter d’atteindre cette hausse, nous ne devons pas envoyer dans l’atmosphère plus de 900 milliards de tonnes de CO2, un chiffre qui sera atteint d’ici 20 ans si nous poursuivons à notre rythme actuel. Les derniers constats scientifiques montrent que les effets du changement climatique sont déjà présents : vagues de chaleur, les inondations et fonte des glaces. Les scientifiques rappellent qu’il faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 40% à 70% d’ici 2050, si nous voulons arriver à zéro émission en 2100. C’est encore possible si nous mettons un prix au carbone, si nous investissons dans des transports, des villes propres. Cela ne représente qu’une petite part des milliards que nous allons consacrer dans nos futurs investissements d’infrastructures. Les scientifiques reconnaissent que les changements seront plus faciles à faire pour la production d’énergie, les voitures ou l’efficacité énergétique, mais qu’ils seront plus compliqués dans l’aviation, les transports routiers et maritimes. « Nous sommes dans une progression du réchauffement sans équivoque et nous verrons si 2015 bat le record de 2014« explique Jean Jouzel, climatologue, vice-président du Giec. Au-delà de la hausse des températures, de l’élévation du niveau de la mer et de la fonte de glaces, il a été constaté que certaines espèces animales changeaient leur mode de vie. « Les zones climatiques se déplacent de quelques kilomètres par décennie et cela va s’accélérer. On a observé un changement chez les requins, mais aussi une modification de la date des migrations. Les cultures suivent aussi le changement des saisons«, constate Jean Jouzel. « Il faut aller vers un nouveau mode de développement sobre en carbone, qui demande une mobilisation de tous«, avertit Jean Jouzel. « Il faut aussi penser en termes de développement des pays pauvres et cela doit aller de pair avec la lutte contre le réchauffement climatique. « C’est à Biarritz (13,3°C, +4,3°C par rapport à la normale) qu’il a fait le plus doux en moyenne. Marseille et Brest affichent 12,1°C, Paris 10°C. La moyenne de décembre à Strasbourg a été de 7,3°C et de 8,7°C à Lyon. Dans toutes ces villes, les écarts par rapport à la normale dépassent les 4°C. Autre indicateur de la douceur des mois passés: des gelées «peu fréquentes en plaine», souvent deux fois moins que la normale. Clermont-Ferrand et Strasbourg qui enregistrent en moyenne 14 jours de gel en décembre n’en affichent que six, tandis que Paris (sept en moyenne), Abbeville (10), Marseille (7) et Brest (4) n’en ont eu aucune. Coté ensoleillement et précipitations, les situations sont très variables dans l’Hexagone. La pluviométrie a été ces trois derniers mois «excédentaire de 10 à 50% de la Bretagne au nord du Massif central et à l’Aquitaine, le long des cotes de la Manche et du sud de l’Alsace au nord des Alpes». Elle a été déficitaire de 20 à 40% dans le Languedoc-Roussillon, le sud de la Provence, de l’Auvergne et de Rhône-Alpes. Sur les massifs, la neige a tardé à apparaître. Des chutes ont ensuite été enregistrées en février, mais «l’enneigement n’a retrouvé des valeurs conformes qu’en altitude, au-dessus de 1400 mètres», note Météo-France.
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