Loi travail : la CFDT menace d’aller dans la rue
La CFDT a déclaré sur France Info qu’elle n’excluait pas d’aller dans la rue si les modifications qu’elle souhaite ne sont pas intégrées dans la loi travail. Or jusqu’à maintenant Manuel Valls n’a envisagé de modification qu’à la marge. Du coup il faudra qu’il recule bien davantage s’il veut éviter que la CFDT qui joue un rôle pivot parmi les organisations syndicales ne rejoigne le camp des contestataires systématiques. Considéré comme trop libérale par toutes les organisations syndicales mais aussi par le parlementaire de gauche, la loi travail devra être sérieusement amendée pour pouvoir être votée. Une loi par ailleurs juridiquement assez mal ficelée et qui se caractérise par un décalage entre la flexibilité accordée aux entreprises et la garantie aux salariés. Une loi cependant sans doute nécessaire mais qui aurait exigé une autre préparation, une autre concertation et surtout une vision plus globale de la transformation du contrat et des conditions de travail. Finalement davantage une loi de posture politique essentiellement destinée à redonner à Manuel Valls le leadership de la réforme, leadership très menacé par Emmanuel Macron. Lequel vient encore de mettre les pieds dans le plat à la veille du sommet entre Hollande et Cameron sur la question des migrants et du rôle de la place financière de Londres. Un sujet qui éloigne de la loi mais qui montre qu’il y a bien concurrence entre les deux hommes en matière d’affichage réformiste. Ce qui explique sans doute la brutalité et les crispations de Manuel Valls sur la question de la loi travail qu’il veut transformer en marqueur de sa gouvernance. Véronique Descacq de la CFDT est revenue sur les points de désaccord avec ce texte. « Ce qui nous fâche, ce n’est pas qu’on renvoit à la négociation d’entreprise la possibilité de mieux organiser car nous on pense que c’est dans les entreprises qu’on est le mieux à même de négocier les contreparties utiles pour les salariés. Ce qui nous fâche c’est que la loi fait mine de le faire. En cas d’accord, dans un certain nombre de cas (astreinte, forfait jour) l’employeur peut faire ce qu’il veut. Il ne sera donc pas incité à négocier. C’est ça qui met en colère la CFDT. C’est notamment ça qu’on veut faire retirer du projet de loi ». Selon la numéro deux de la CFDT, ce texte est « probablement influencé par une espèce de chantage. Notre pays a besoin de réforme et les réformes proposées par le patronat sont libérales. C’est ce qu’on reproche à ce projet de loi : il est trop libéral. La CFDT pense que le statu quo n’est pas possible avec cinq millions de chômeurs… mais il faut des réformes qui sécurisent le parcours des salariés et nous on pense que le dialogue social est la meilleure façon de le faire. » La CFDT a obtenu un rendez-vous avec Myriam El-Khomri lundi. « Il faut réécrire toute la partie sur le temps de travail pour qu’il n’y ait pas de recul par rapport au code du travail actuel et que toutes les modifications du droit actuel puissent se faire par la négociation et par accord majoritaire seulement. Il y a aussi un certain nombre de dispositions sur le licenciement économique qu’on veut revoir pour ne pas fragiliser les salariés et en particulier l’emploi en France. Et puis il y a évidemment le barème prud’homal qui doit être pour nous purement et simplement supprimé. » Cependant, la secrétaire générale adjointe de la CFDT a reconnu qu’il y a de bonnes choses dans ce texte. « La disposition sur le compte personnel d’activité pour lequel nous sommes très favorables parce que c’est une nouvelle façon de sécuriser des parcours des salariés. Ce sera le cas pour les professionnels autonomes comme les travailleurs du numérique. Ça c’est une bonne idée mais il n’y a pas suffisamment de droits attachés à ce dispositif. On pense qu’on peut faire mieux. » Contrairement à ce que dit le gouvernement, pour Véronique Descacq, « il ne s’agit pas seulement d’un manque de pédagogie…Il s’agit, à ce stade, d’une orientation trop libérale du projet de loi. On veut se mobiliser pour plus de sécurisation pour les salariés. » C’est la raison pour laquelle la CFDT « n’exclut pas de descendre dans la rue mais il faut d’abord attendre le rendez-vous de lundi ».
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