La BCE dans le potage
Dans une lettre à un député européen datée du 1er mars Mario Brady président de la BCE sollicite le concept de forward guidance ; il est de bon ton dans certains milieux économiques d’utiliser des concepts plus ou moins abscons pour masquer l’impuissance des banques centrales. En clair il s’agit d’influencer l’orientation des marchés par le discours pour compenser l’insuffisance d’efficacité des politiques monétaires « La revue doit être considérée dans le contexte d’une augmentation des risques baissiers sur les prévisions antérieures, sur fond d’incertitude accrue au sujet des perspectives de croissance des économies émergentes, de volatilité des marchés financiers et de matières premières et de risques géopolitiques », a écrit Mario Draghi, dans une lettre à un député européen datée du 1er mars. Une déclaration qui vise aussi à diminuer les contradictions internes de la BCE et notamment à tenter de neutraliser l’opposition de l’Allemagne vis-à-vis de la politique accommodante de la banque européenne. Pour cela Mario Draghi évoque en creux les risques déflationnistes. Des risques qui apparaissent à travers les indices économiques notamment de février. . En effet Pour le troisième mois consécutif, l’indice de confiance économique se dégrade, après avoir atteint un plus haut depuis quatre ans en novembre. Les chiffres de la Commission européenne rapportent par ailleurs que l’indice mesurant le climat des affaires a nettement fléchi. L’essoufflement de la croissance mondiale et les turbulences sur les marchés boursiers continuent d’affecter la confiance des acteurs économiques. En février, l’indice de confiance dit ESI (pour « Economic sentiment indicator ») poursuit son repli dans la zone euro, selon des chiffres publiés par la Commission européenne vendredi 26 février. Ainsi, l’indice s’est replié à 103,8 points, contre 105,1 points en janvier. Il s’agit du troisième mois consécutif de baisse depuis le pic de 106,1 points atteint en novembre, le plus haut niveau de l’indice en quatre ans, alors que les données avaient été en majorité compilées avant les attentats de Paris. Si l’on considère l’ensemble de l’Union Européenne, l’indice a reculé en février à 105,2 points contre 106,7 points en janvier, une baisse (-1,5) encore un peu plus marquée que dans la zone euro. La baisse de confiance est particulièrement marquée aux Pays-Bas (-2 points par rapport à janvier) et en Italie (-1,4 point). L’ampleur du recul est moindre en Allemagne (-0,6 point), en France (-0,5) et en Espagne (-0,5). Les chiffres de la Commission rapportent par ailleurs que l’indice mesurant le climat des affaires a nettement fléchi, à 0,07 contre 0,29 en décembre et 0,28 attendu. Dans l’industrie, le sentiment a décliné à -4,4 contre -3,1 et dans les services, il a fléchi à 10,6 contre 11,5. Le sentiment des consommateurs recule à -8,8 contre -6,3. Parmi les pays de l’UE non membres de l’euro, la Pologne échappe au sentiment pessimiste, avec un indice globalement stable (+0,2 point). Toutefois, le Royaume-Uni voit son indice de confiance nettement reculer (-1,6). Face à cette dégradation le président de la banque centrale européenne tente don de rassurer : « Le Conseil des gouverneurs dispose de toute une panoplie d’instruments pour réagir, si nécessaire, et il n’y a aucune limite au déploiement de ces instruments dans le cadre de notre mandat pour atteindre notre objectif d’une inflation inférieure à mais proche de 2% à moyen terme », poursuit Mario Draghi. Il semble acquis aux yeux des économistes que la BCE abaissera encore son taux de dépôt, de 10 points de base, à -0,4% le 10 mars mais les observateurs sont partagés sur les autres mesures possibles.
0 Réponses à “La BCE dans le potage”