La loi Khomri : le syndrome du CPE
La ministre du travail, Khomri, s’engage dans une politique très dangereuse qui pourrait s’apparenter au syndrome du CPE. Certes ce projet de loi contient un certain nombre de mesures pertinentes, certes il ouvre la voie à une plus grande démocratie dans l’entreprise mais ses auteurs souffrent surtout d’un manque de légitimité sociale pour imposer des réformes voulues essentiellement par le patronat. Ni Valls, ni Macron, ni Myriam el Khomri, ni Hollande ne peuvent en effet justifier de la moindre légitimité pour imposer une réforme dont certes des éléments sont nécessaires voire indispensables mais qui paraît complètement déséquilibrée. Du coup ce projet risque de constituer un énorme front d’opposition regroupant non seulement une bonne partie des parlementaires du parti socialiste mais aussi les syndicats de salariés et même les étudiants. Une sorte d’affaire qui ressemble beaucoup au CPE. Il faudra beaucoup de concessions et de rééquilibrage pour faire passer cette réforme qui risque sinon de faire émerger un front social anti gouvernemental qui pourrait définitivement tuer l’image encore socialisante du gouvernement. Les syndicats français réfléchissent à une action commune pour obtenir une refonte en profondeur, voire le retrait, du projet de réforme gouvernemental du droit du travail. Le texte que doit présenter Myriam El Khomri lors du conseil des ministres du 9 mars prévoit, dans sa version actuelle, d’assouplir le Code du travail en élargissant le champ de la négociation collective. Syndicats, de Force ouvrière à la CFTC, parlementaires de gauche, de même que le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis, ont fait part de leur scepticisme et pour certains de leur irritation devant ce projet. « Cet avant-projet est très déséquilibré entre la flexibilité et la sécurité. Il apporte de mauvaises réponses à des revendications patronales, en faisant la part trop belle à une vision un peu dogmatique de la flexibilité », dénonce le secrétaire général de la CFDT dans un entretien publié vendredi dans le Monde. « L’accueil de la CFDT est négatif », insiste Laurent Berger, qui réfléchit à une riposte. « La CFDT se donnera les moyens de faire évoluer ce texte et on verra avec d’autres organisations syndicales si on peut s’exprimer et agir en commun », ajoute-t-il, tout en disant son attachement au principe de la négociation contenu dans le texte. Réaffirmant son hostilité à un projet qui prépare selon elle « un recul historique des droits pour les salariés », la CGT évoque elle aussi une possible contre-offensive. « Il y a besoin d’une réaction forte et unitaire du monde du travail, salariés, précaires, privés d’emplois », peut-on lire dans un communiqué de l’organisation. « La CGT s’engage à travailler à cela de manière urgente. » Le syndicat étudiant Unef, à la pointe du mouvement contre le Contrat première embauche (CPE) en 2006, a quant à lui dressé un parallèle avec ce projet finalement abandonné par le gouvernement de Dominique de Villepin. « L’Unef propose (…) aux jeunes de fêter les 10 ans du CPE à leur façon. Le syndicat étudiant lancera dès la semaine prochaine une campagne dans les universités contre la loi El Khomri », est-il écrit dans un communiqué de l’organisation.
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