La loi Khomri : une fronde qui va coûter cher à Hollande
Cette fois Hollande s’aventure dans des terrains inconnus : celui des réalités sociales. Du coup pour donner une légitimité à sa nouvelle posture de réformateurs Hollande reprend à peu près toutes les propositions du patronat. Certaines sont effectivement pertinentes pour autant le texte proposé par la ministre du travail parait complètement déséquilibré et même le premier secrétaire du parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis considère qu’en l’état ce texte ne peut être voté. Pour résumer le texte n’est pas équilibré du point de vue des syndicats et de la gauche. Il n’est pas acceptable ni par les frondeurs ni par les modérées du PS ni par les syndicats. L’orientation fait la part belle aux demandes du patronat notamment sur le plafonnement des indemnités de licenciement, sur les contournements possibles des 35 heures ou encore sur le motif des licenciements. La bataille politique risque d’être rude d’autant que de façon un peu téméraire et imprudente la nouvelle ministre du travail a déclaré qu’elle ferait usage de l’article 49 trois. En clair qu’elle bloquerait donc le débat ce qui va sans doute provoquer un casus belli non seulement avec les députés du parti socialiste mais aussi à peu près avec tous les syndicats. Le texte confirme la durée légale de 35 heures de travail par semaine. Mais pratiquement tout le reste est ouvert à la négociation collective, y compris la rémunération des heures supplémentaires, voire laissé à la discrétion de l’employeur dans certains cas, en l’absence d’accord. Il assouplit aussi l’établissement de forfaits annuels individuels en jours ou en heures et étend cette possibilité aux entreprises de moins de 50 salariés, non couvertes par un accord collectif, dans la limite de 235 jours travaillés. Les syndicats voient dans cette disposition une façon parmi d’autres de contourner la durée légale de 35 heures. Même le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a déclaré qu’il ne voterait pas en l’état ce texte, que la ministre du Travail, Myriam El Khomri, doit présenter le 9 mars en conseil des ministres. »Les propositions sur la réforme du Travail sont inacceptables », a declaré jeudi sur son compte Twitter le député PS « frondeur » Yann Galut. « Je promets à Myriam El Khomri une bataille parlementaire homérique. » Le chef de file des frondeurs, Christian Paul, avait dénoncé dès mercredi soir un « contresens » économique et politique et fait état d’une « grande incompréhension au sein de la majorité ». A droite, l’ancien ministre du Travail Eric Woerth (Les Républicains) a salué sur Europe 1 un texte qui « déverrouille les 35 heures », la durée légale du travail hebdomadaire. Les syndicats dénoncent par avance un déni de démocratie. En fait on risque de se retrouver dans les mêmes contradictions que pour la déchéance de nationalité avec nombre de députés de gauche contre ce projet de réforme sociale mais avec le soutien de députés de droite. Une sorte d’imbroglio politique qui caractérise d’ailleurs la stratégie de François Hollande. Dommage d’ailleurs car la modernisation sociale et sans doute nécessaire encore faut-il une légitimité démocratique pour l’effectuer et la compétence nécessaire. Par valse comme promis, comme Hollande sont d’anciens fonctionnaires qui n’ont qu’un rapport approximatif avec les réalités économiques et sociales.
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