Agriculture : des aides mais rien sur les prix
Même si le milieu agricole est satisfait de la baisse des charges sociales voire des discussions entamées avec la grande distribution, il n’empêche que seule une régulation européenne sera de nature à apporter une réponse pérenne à la question récurrente des prix. Or pour l’instant l’Europe a privilégié la régulation du secteur par le seul marché, marché complètement ouvert au plan mondial ; du coup compte tenu des conditions de concurrence, les producteurs français sont condamnés à vendre à perte et progressivement à disparaître. Faute de régulation concernant les conditions de production (fiscale, sociale, environnementale et qualitative), c’est le modèle de production industrielle à bas coût qui triomphe. À ce jeu truqué de la concurrence ce sont les pays aux contraintes concurrentielles allégées qui gagnent. Conséquence les viandes importées de mauvaise qualité et dangereuses pour la santé inondent le marché d’autant que concrètement il est pratiquement impossible de connaître l’origine et les conditions de production. Même les productions françaises peuvent être complètement affectées par l’utilisation d’alimentation importée ne respectant aucune règle sans parler de l’utilisation excessive des engrais, des pesticides ou des herbicides. La régulation doit donc concerner aussi bien des productions importées que les productions nationales. Ce que réclament notamment les représentants de deux mouvements d’agriculteurs, la Confédération paysanne et la Coordination rurale, qui ont rencontré le président de la République à l’Elysée ce vendredi. Les agriculteurs dénoncent la chute des prix de leurs produits et les lourdes charges sociales. Jeudi, François Hollande a promis hier une nouvelle baisse « immédiate » des cotisations sociales. Bernard Lannes, président de la Coordination rurale s’est dit satisfait sur France Info de sa rencontre avec François Hollande, qu’il a trouvé « attentif ». Ils ont évoqué une régulation de la production pour éviter de vendre à perte. « Sans régulation européenne, sans organisation de marché – ce qu’on appelle du protectionnisme éclairé [...] pour ne pas nous laisser au libre vent du marché mondial – alors il n’y aura plus d’agriculture », explique Bernard Lannes. »Réguler, c’est-à-dire donner des autorisations de production et, quand il y a surproduction, ralentir [...] pour avoir des prix rémunérateurs » vis-à-vis des enseignes de grande distribution, selon le président de la Coordination rurale. En attendant, Le Premier ministre Manuel Valls a promis mercredi de nouvelles aides nationales aux agriculteurs français frappés par la baisse des cours, qui maintiennent une forte pression sur le terrain dans l’attente de mesures européennes de soutien des prix. Les cotisations sociales payées par les agriculteurs baisseront de sept points de façon « immédiate », a-t-il annoncé, estimant cet effort à 500 millions d’euros. Le Premier ministre, qui s’exprimait lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale après avoir reçu des organisations agricoles, a souligné qu’avec la baisse de trois points des cotisations famille en vigueur depuis janvier 2015, la baisse pour les agriculteurs était de dix points. « Depuis le début de la crise, en 2015, c’est une baisse structurelle cumulée de charges personnelles de près de 730 millions d’euros », a-t-il ajouté. Le Premier ministre a précisé que les agriculteurs dont le revenu de l’an dernier avait été « très faible » pourraient bénéficier d’une « année blanche sociale par report automatique d’un an, reconductible dans la limite de trois ans, sans aucune démarche de l’agriculteur, sans pénalité, ni intérêt de retard, de toutes les cotisations 2016″. Cette mesure fait suite à l’annonce, mardi, par les enseignes françaises de la grande distribution de leur participation à un fonds de solidarité de 100 millions d’euros en faveur des éleveurs porcins. La France prépare également des propositions qui pourraient déboucher en mars sur des mesures européennes en faveur des éleveurs et a annoncé un étiquetage national de l’origine des produits transformés si l’Europe le refuse.
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