Affaire Cahuzac : l’épine de la rose socialiste
L’affaire Cahuzac que qui va enfin être jugée trois ans après la révélation des faits est d’une certaine manière révélatrice de la dérive de la sociologie du parti socialiste. Avant la découverte de l’affaire Jérôme Cahuzac était considéré comme l’une des étoiles montantes du parti. Il était jugé comme très compétent, très brillant et très rigoureux à tel point qu’il avait même pris la tête de la lutte anti corruption proposant même des mesures au conseil des ministres en novembre 2012, soit un mois avant la découverte des comptes dissimulés à l’étranger. Jérôme Cahuzac illustre bien le parcours de certains des oligarques. Médecin, il est devenu conseiller technique au ministère de la santé où il a noué de nombreux rapports avec les lobbys pharmaceutiques. Ce qui lui a permis ensuite de développer des les activités commerciales lucratives qui ont alimenté les comptes secrets à l’étranger. En outre comme beaucoup d’autres, Jérôme Cahuzac est passé du statut de technocrate à celui d’élu jusqu’à devenir un des principaux responsables du parti socialiste. Certes tous les responsables socialistes nationaux n’entretiennent pas des liens troubles avec l’argent même s’il faut noter que beaucoup ont manifesté des réticences pour déclarer leur patrimoine’ (le président de l’Assemblée nationale en tête). Pour autant, la catégorie sociologique à laquelle ils appartiennent inévitablement les pousse à entretenir des relations sulfureuses avec les couches aisées de la population, voire avec cette finance qui avait pourtant dénoncée François Hollande. Encore une fois il n’est pas question de procéder à un amalgame st de considérer que les responsables socialistes sont malhonnêtes. Pour autant, le mode de reproduction des élites socialistes est lui-même porteur de grands risques de conflits d’intérêts. La typologie des responsables socialistes ne manque pas d’interroger. Dernier exemple en date la nomination de Macron, énarque et ancien banquier ; Sans doute talentueux mais si peu socialiste (il n’a même pas sa carte au PS !) Cahuzac est donc jugé pour fraude fiscale, blanchiment, et pour avoir omis de déclarer ses avoirs à l’étranger dans sa déclaration de patrimoine lors de son entrée au gouvernement en mai 2012. Celui qui s’était fait le héraut de la lutte contre l’évasion fiscale encourt jusqu’à sept ans de prison et 1 million d’euros d’amende, ainsi que la privation de ses droits civiques, civils et de famille. L’ancien le ministre du Budget a menti avec constance devant la presse, les parlementaires, ses collègues au gouvernement et, dit-il, François Hollande. « Je n’ai pas (…), je n’ai jamais eu de compte à l’étranger, ni maintenant, ni avant. Je démens donc ces accusations », répond-il à l’Assemblée nationale, le 5 décembre, les deux mains agrippées au micro devant lui. Il réclame alors à ses accusateurs des « éléments probants ». Le jour même, Mediapart publie l’extrait d’un enregistrement sonore dans lequel on peut entendre la voix d’un homme, présenté comme Jérôme Cahuzac, faisant part de son embarras au sujet d’un compte détenu à l’UBS. Semaine après semaine, les soupçons se précisent mais sa version ne varie pas, quasiment au mot près, et il répète chaque fois qu’on lui pose la question qu’il n’a pas et n’a jamais eu de compte dissimulé, ni à l’UBS, ni ailleurs. il finit par lâcher prise au printemps, cerné par les procédures: fin mars, il démissionne puis écrit aux juges pour leur expliquer qu’il a menti, avant de rendre ses aveux publics le 2 avril. Dans un message de contrition publié sur son blog personnel, il se présente comme un homme « dévasté par le remords » et aussitôt la classe politique, en particulier à gauche où on l’a longtemps soutenu, témoigne de sa sidération. Sur son site, il explique avoir détenu à l’étranger un compte affichant un solde d’environ 600.000 euros. Aux enquêteurs qui l’entendent le même jour, il dit avoir approvisionné ce compte, transféré à Singapour en 2009, avec des revenus tirés de ses activités de chirurgien, mais également avec une rémunération versée au titre de son rôle de conseil en entreprises auprès d’un laboratoire pharmaceutique.
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