Pôle emploi : 65 % de demandeurs d’emploi satisfaits ! ! !
Voilà un sondage qui risque de prêter à discussion tellement le résultat est surprenant. Il faut dire que le sondage Ipsos qui révèle que 65 % des demandeurs d’emploi sont satisfaits a été commandé par Pôle emploi. Compte tenu des résultats, on peut légitimement se demander si le sondage a été effectué auprès des chômeurs ou auprès des salariés de Pôle emploi. Une enquête en tout cas qui peut légitimer un certain doute à l’égard de la déontologie de certains instituts de sondage. En 2015, les services de Pôle emploi ont donné satisfaction à deux tiers des demandeurs d’emploi et des entreprises, deux indicateurs globalement stables, selon un sondage Ipsos dévoilé jeudi 21 janvier, mais l’opérateur s’attend à mieux cette année, grâce à sa nouvelle organisation. Curieuse enquête qui contredit celle qui avait été effectuée par la CFDT et qui faisait apparaître que moins d’un chômeur sur deux était satisfait des services de pôle emploi. Certes il s’agissait d’une enquête de 2011 mais compte tenu de la dégradation du marché du travail depuis, le résultat n’a pu que se détériorer. Selon un panel assez différent de celui de l’enquête d’Ipsos : « Ceux que nous avons rencontrés sont ceux qui se déplacent en agence, précisait Laurent Berger, CFDT. Ce sont souvent les moins autonomes dans leur recherche d’emploi, les plus fragiles. » Si 43 % des demandeurs d’emploi interrogés se disent satisfaits de l’accueil à Pôle emploi, loin derrière les 75 % de l’enquête officielle, beaucoup se plaignent des files d’attente « interminables » (31,4 %), des agences trop lointaines (25,3 %), des courriers pas clairs (24,2 %). Au-delà de l’accueil, les attentes à l’égard de l’opérateur public sont très hétéroclites. 51,7 % attendent en priorité que Pôle emploi les aide à « retrouver du travail dans (leur) métier », 47 % veulent d’abord avoir toujours le même interlocuteur, 41 % veulent être orientés vers une formation, 36,5 % désirent qu’on leur explique leurs droits
Sans surprise, 46,9 % des usagers attendent en priorité que l’agence leur permette de toucher leur allocation. Un taux très fort quand on sait que 43 % des demandeurs d’emploi interrogés seulement sont indemnisés. Si 39 % des personnes interrogées à ce sujet reconnaissent avoir eu une réponse moins de quinze jours après leur inscription, 25,3 % préfèrent mentionner qu’ils ont déjà connu plus de trois jours de retard dans leur versement. Et 22,1 % ont vu leur allocation suspendue sans comprendre pourquoi. Mais surtout, comme l’avait déjà mentionné l’enquête officielle, c’est sur l’accompagnement à la recherche d’emploi que l’insatisfaction est la plus grande. Ainsi, seuls 13,3 % jugent Pôle emploi « indispensable » et se sentent aidés « correctement ». À l’inverse, 49,1 % disent que l’agence leur « prend du temps pour pas grand-chose » et qu’ils doivent se débrouiller seuls. Et 22,4 % trouvent que Pôle emploi est « parfois utile » mais « pénible et compliqué ». Pour Laurent Berger, « ce n’est pas tant la relation avec le conseiller qui est en cause, mais le fonctionnement de l’institution qui ne permet pas un accompagnement adapté ». Un demandeur sur trois considère ainsi que son conseiller « n’a pas vraiment le temps de s’occuper » de lui. Surtout, 36 % déclarent que leur conseiller n’a « jamais rien » à leur proposer et 32 % qu’il leur fait des propositions qui ne correspondent pas à leur profil. Enfin, 36 % disent avoir « souvent répondu à des offres d’emploi déjà pourvues ». Autre point important : un sur deux estime qu’il lui faut une formation, et le quart disent ne pas arriver à l’obtenir. Logiquement, Pôle emploi n’est pas vraiment vécu comme un partenaire incontournable pour retrouver du travail. 92,8 % des demandeurs d’emploi interrogés par la CFDT déclarent compter d’abord sur eux-mêmes pour ce faire, contre 34,8 % sur la presse et Internet. Et seulement 20,3 % misent d’abord sur leur conseiller. Enfin, cruelle précision, 11,9 % disent carrément ne compter « en aucun cas sur Pôle emploi » pour chercher un travail.