Recentrer l’action régalienne de l’État (Juppé)
Ce que propose Juppé qui constate, comme les Français, l’insuffisance de présence de l’État dans les missions régaliennes et inversement l’omniprésence publique dans des champs qui ne nécessitent pas sa présence (interview JDD)
Vous souhaitez un État fort. Est-ce à dire que l’État serait faible?
Oui, et c’est ce qui motive les critiques que je porte à la politique actuelle, et les propositions que je fais pour changer de cap. Je prends un seul exemple : en matière pénale, l’État est faible. Je n’ai jamais attaqué la personne de Mme Taubira et je ne le ferai pas, mais j’attaque vigoureusement sa politique pénale : puisqu’il n’y a plus de place dans les prisons, ne mettons plus les délinquants en prison. C’est un signal de faiblesse qui est mal ressenti par les policiers, par les gendarmes, par les magistrats, et surtout par les Français. Un État fort, c’est un État qui assume avec autorité ses missions régaliennes de sécurité et de justice, ce n’est pas un État tatillon et procédurier qui prétend régenter la vie quotidienne des entreprises et des citoyens. Les Français ont parfois l’impression que l’État est absent lorsqu’il devrait être présent, et présent lorsqu’il devrait être absent. Revenons à l’essentiel.
Faut-il prolonger l’état d’urgence?
S’il faut aller au-delà de février, je n’y suis pas hostile par principe : nous verrons. La première des libertés, c’est de continuer à vivre, et pas de se faire massacrer au Bataclan. Mais cela pose un problème de constitutionnalité. Tous ceux qui se sont précipités en disant « niet » à la réforme de la Constitution sont peut-être allés un peu vite. Une modification de l’article 36 de la Constitution qui traite de l’état de siège pour donner une base constitutionnelle plus solide au renouvellement de l’état d’urgence ne me paraît pas à exclure.
Vous plaidez pour un « patriotisme authentique » fondement d’une « identité heureuse »…
Je persiste et je signe sur « l’identité heureuse ». Ceux qui me critiquent font mine de ne pas comprendre : ce n’est pas un constat, c’est un objectif! Oui, je crois que nous devons retrouver l’art de vivre ensemble en se respectant les uns les autres. Sinon, que proposons-nous? D’être malheureux? Ce n’est pas mon projet. Je ne vis pas au pays des Bisounours. Je vois bien les grandes difficultés à résoudre pour y parvenir : le chômage, l’insécurité… Mais c’est mon objectif. Parce qu’il n’y a tout simplement pas d’autre solution que le dialogue, autour d’un sentiment national commun. Nous sommes divers, c’est un fait. Ce dont je ne veux pas, c’est d’une France communautariste où chaque groupe se replierait sur lui-même et entendrait appliquer ses propres règles. Notre diversité n’est vivable que s’il y a unité autour des valeurs et du sentiment national, incarné par le drapeau et l’hymne national, La Marseillaise. L’identité heureuse, c’est ma définition d’un patriotisme moderne.
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