Syrie : un accord de l’ONU inapplicable mais un accord quand même
Ce n’est pas la première fois que l’ONU vote de manière unanime un accord inapplicable mais pour la Syrie c’est nouveau ; en fait pour résumer on a décidé de mettre en place un processus de transition politique à partir de janvier mais sans préciser quelles seront les forces concernées pour intégrer le gouvernement de transition. Sans préciser non plus le sort pourrait être réservé à Bachar El-Assad, si ce dernier devra être éliminé dès la constitution de gouvernement de transition ou à l’issue d’une consultation démocratique enfin le concept même de cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire syrien paraît assez illusoire quand on sait que la plus grande partie du pays sera encore nécessairement en guerre notamment contre l’État islamique en janvier Pour la première fois en près de cinq ans de conflit, les 15 membres du Conseil de sécurité ont cependant adopté à l’unanimité, y compris la Russie, une résolution qui établit une feuille de route qui entérine un ambitieux plan de paix pour la Syrie. La résolution envisage que se tiennent « au début janvier » des négociations entre pouvoir et opposition pour mettre fin à quatre années et demi de guerre et que s’instaure simultanément un cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire syrien. En faite ce texte démontre une certaine bonne volonté de tous les membres de l’ONU mais acte aussi toutes les contradictions de sorte que compte tenue des réalités militaires sur le terrain et du flou artistique concernant l’avenir de Bachar El-Assad ce texte est pratiquement inapplicable. Pire s’il devait contribuer à prolonger et à renforcer le régime en place en Syrie, Bachar El-Assad pourrait sortir encore renforcer par la mise en œuvre de ce pseudo accord. De toute évidence les chancelleries ont encore des progrès à faire pour clarifier leur position et rendre l’hypothèse d’une transition politique envisageable. Pour le secrétaire d’Etat John Kerry, qui présidait la séance, ce texte « envoie un message clair à tous pour dire qu’il est temps de mettre fin aux tueries en Syrie ». Il s’est dit « sans illusions » sur la difficulté de la tâche mais a salué un « degré d’unité sans précédent » de la part des grandes puissances pour trouver une solution politique en Syrie. »En janvier, nous espérons être en mesure d’appliquer un cessez-le-feu complet, ce qui veut dire plus de largages de barils d’explosifs, plus de bombardements, plus de tirs ni d’attaques d’un côté comme de l’autre ». Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a salué « la première résolution qui se concentre sur les moyens politiques de résoudre la crise. C’est un pas très important qui nous permet de progresser » vers une solution, a-t-il ajouté. Il a affirmé que les Nations unies « était prêtes » à jouer leur rôle pour organiser les négociations de paix et mettre en place et surveiller le cessez-le-feu. La résolution demande à l’ONU de préparer dans un délai d’un mois des « options » pour mettre en place un « mécanisme de surveillance et de vérification » du cessez-le-feu. »Nous espérons être capable de le faire en janvier », a précisé prudemment le médiateur de l’ONU en Syrie, Staffan de Mistura, se voulant « réaliste » sur la complexité du processus. Le Conseil demande à l’ONU de « réunir des représentants du gouvernement syrien et de l’opposition afin qu’ils entament des négociations formelles sur un processus de transition politique de manière urgente, avec pour objectif de commencer ces discussions au début janvier 2016″. Le Conseil « confirme son soutien au Communiqué de Genève » de juin 2012 sur une transition politique en Syrie et « entérine les déclarations de Vienne », qui prévoientt un gouvernement de transition dans les six mois, ainsi que des élections dans les 18 mois. La résolution précise que ce cessez-le-feu ne s’appliquera pas aux opérations contre les groupes extrémistes comme l’EI et le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda. Elle appelle à « éliminer le sanctuaire qu’ils ont créé sur une grande partie » de la Syrie. Les rebelles et certains pays occidentaux accusent Moscou de bombarder surtout les positions des groupes s’opposant au régime et non celles de l’organisation djihadiste Etat islamique.
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