Antiterrorisme : les procureurs en colère

Antiterrorisme : les procureurs en colère

Les procureurs ont certainement raison d’être en colère car c’est une chose de décider d’un état d’urgence,  c’est autre chose que de se doter des moyens nécessaires judiciaires et policiers pour atteindre l’objectif visé.  De toute évidence les tribunaux d’une façon générale sont surchargés d’affaires mineures voire anecdotiques qui ne devraient pas être y être traitées. Nombre d’infractions devrait également être dépénalisées et faire l’objet d’une sanction financière forfaitaire. Sans parler des questions familiales qui encombrent les tribunaux y compris lorsque les partenaires sont tombés d’accord sur le compromis final ;  du coup il faudrait redéployer des moyens existants, les augmenter ensuite pour permettre de faire face au danger le plus éminent à savoir : le terrorisme ;  ce qui est impossible dans les conditions actuelles et ce que reprochent les procureurs à la ministre de la justice. Pas sûr toutefois que Taubira soit la plus à même de mener la réforme d’ampleur qui s’imposerait pour redéployer les moyens du milieu judiciaire. Ils estiment qu’ils n’ont pas les moyens de faire face à la menace terroriste exceptionnelle et à l’état d’urgence depuis un mois. Ils ont fait parvenir une lettre à Christiane Taubira lundi dernier pour dire à la garde des Sceaux qu’ils allaient suspendre une partie de leurs activités habituelles.  Les procureurs de la république doivent supporter aujourd’hui une pression sans précédent notamment en matière de terrorisme. Depuis un an, ils ont dû créer des cellules contre la radicalisation. Chaque parquet a un référent terrorisme pour être en relation permanente avec les préfectures, avec les parquets antiterroristes. Ils doivent gérer les signalements dans les prisons, dans les écoles, dans les administrations publiques. Ils doivent gérer ceux qui essaient de partir en Syrie avec une obsession, une hantise, ne pas passer à côté d’un profil inquiétant. Or ils n’ont pas assez de moyens, ils n’ont pas eu de renforts pour faire face. Le problème n’est pas nouveau mais l’état d’urgence depuis un mois les met dans une position intenable. Les procureurs ont donc été clairs avec Christiane Taubira. D’accord pour mettre le parquet sur la lutte antiterroriste mais en revanche, ils lui ont écrit qu’ils allaient abandonner d’autres missions moins opérationnelles, des réunions de prévention, tous le compte-rendus qu’ils doivent faire remonter. Ils ne le feront plus tant que des moyens n’auront pas été débloqués en urgence. La ministre ne leur a pas encore répondu.

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