COP21 : vers un accord vasouillard et non contraignant
Normalement Laurent Fabius présente ce matin le projet d’accord COP dont la conclusion a été reportée à plusieurs comptes tenu des oppositions qui se sont manifestées sur plusieurs points. En matière de température, on reprend un objectif de 2° à ne pas dépasser tout en donnant aussi une perspective plus volontariste de 1,5°. Première contradiction puisque les experts l’addition de tous les plans nationaux de lutte contre le réchauffement climatique conduit à une élévation d’au moins 2,7 %. Second point de crispation : l’évaluation et les clauses de révision. Certains souhaiteraient faire démarrer le processus dès maintenant d’autres beaucoup plus tard. Désaccord aussi sur la perspective, 2030 étant considéré par certains comme une perspective trop courte. Mais le débat central porte surtout sur la question du financement pour aider les pays en développement à engager une transition énergétique. Visiblement sur cette question rien ne sera réglé définitivement et les modalités de contribution des différents pays développés demeureront très floues. Il est même vraisemblable que certains pays développés vont repeindre en vert d’anciennes aides au pays en développement. Du coup la nouvelle enveloppe de 100 milliards par an risque d’être très théorique d’autant que les conditions d’attribution ne sont pas encore clairement définies. Laurent Fabius a mis cependant en demeure vendredi soir les négociateurs de 195 pays engagés dans d’âpres discussions sur la lutte contre le réchauffement de la planète, de conclure samedi la conférence de Paris sur le climat par un accord ambitieux. Après une nouvelle nuit de négociations, le chef de la diplomatie française a consulté tout l’après-midi, de demi-heure en demi-heure, les chefs de file des groupes de pays, pour rechercher des compromis sur les points en suspens Un de ces différends réside dans le refus des Etats-Unis de voir inscrit dans le futur accord le montant de 100 milliards de dollars par an, que les pays développés se sont engagés en 2009 à mobiliser d’ici 2020 pour les pays en développement. Selon des sources proches des négociations, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a réitéré cette ligne rouge, lors de la réunion de la nuit, au risque de braquer une bonne partie des 80 autres ministres assis autour de la table. Un certain nombre de délégations semblaient vendredi soir comprendre l’impossibilité pour John Kerry, qui a aussi réitéré ses objections à un accord « juridiquement contraignant », de ramener à Washington un texte que le Congrès n’acceptera pas ratifier. Pour arracher un accord de l’ensemble des pays on s’oriente vers un document non contraignant et flou notamment concernant le financement de la transition énergétique. De toute manière Fabius et Hollande ont absolument besoin d’un accord pour redonner un peu de crédit au gouvernement français et au PS dont la crédibilité a été largement entamée à l’occasion des élections régionales. Du coup la France est prête à toutes les concessions pour obtenir cet accord.
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