UE : de l’argent à la Turquie pour gérer les migrants
Tout le monde sait que la Turquie est une véritable passoire qui permet les flux migratoires ; une grande partie des réfugiés de la Syrie, d’Irak voire des Balkans ou d’Asie passe par la Turquie ; du coup faute de réels moyens de contrôler ses frontières extérieures l’union économique propose de l’argent aux pays voisins pour qu’ils retiennent ces migrants, aussi qu’ils améliorent leur accueil et les renvoient éventuellement chez eux. On peut sans doute s’interroger sur cette politique dont le coût sera assez significatif. Peut-être les sommes concernées seraient-elles plus utiles pour financer le contrôle aux frontières européennes. Mais ce n’est pas le choix de l’union européenne qui offrirait contre un accord à Ankara des financements et une relance des négociations d’adhésion en échange de sa promesse de contribuer à endiguer le flot de migrants arrivant en Europe. D’après des diplomates, les Vingt-Huit ont négocié toute la journée de samedi pour s’entendre sur une position commune. « Nous avons trouvé un accord qui, je l’espère, sera accepté par toutes les parties aujourd’hui », a dit le président du Conseil européen, Donald Tusk, à son arrivée au sommet. Selon le projet de conclusion que Reuters a pu consulter en fin de matinée, « les deux parties vont, comme convenu et avec effet immédiat, mettre en œuvre leur coopération active sur les migrants qui ne nécessitent pas une protection internationale, en empêchant les entrées en Turquie et dans l’UE, en assurant la mise en œuvre des dispositions bilatérales de réadmission et en renvoyant rapidement les migrants qui ne nécessitent pas une protection internationale vers leurs pays d’origine ». En échange de son implication dans la plus grave crise migratoire en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement turc recevra trois milliards d’euros d’aide européenne pour financer la prise en charge des migrants se trouvant sur son territoire (ce montrant pourra être révisé ultérieurement en tenant compte des évolutions). De même, Ankara obtient la réouverture dès le mois prochain d’un nouveau chapitre des négociations sur une adhésion de la Turquie, dans l’impasse depuis 2005. A son arrivée à Bruxelles, Ahmet Davutoglu a salué un « jour historique dans notre processus d’accession à l’UE » et un « nouveau départ » dans les relations entre Ankara et les Européens. Selon Donald Tusk, environ 1,5 million de personnes sont entrées illégalement dans l’UE en 2015. La plupart ont transité par la Turquie, faisant de ce pays un partenaire indispensable et incontournable, au point que des diplomates européens se demandaient samedi soir si Ankara, conscient de son statut central dans ce dossier, ne produirait pas de nouvelles demandes. D’après le projet d’accord, les Européens prévoient de verser trois milliards d’euros à la Turquie pour les 12 à 24 mois prochains en souhaitant qu’Ankara utilise cette enveloppe pour améliorer le quotidien des 2,3 millions de Syriens réfugiés sur son sol de sorte qu’ils soient moins incités à s’embarquer pour la Grèce, pays de « première arrivée » dans l’UE. L’UE veut aussi que le gouvernement turc rende la traversée de Turquie vers les îles grecques plus difficile et qu’il empêche d’entrer les Afghans et autres migrants asiatiques qui passent par la Turquie pour se rendre en Europe. Bruxelles veut enfin que la Turquie tienne sa promesse de reprendre les migrants qui ont réussi à atteindre la Grèce mais qui ensuite ne réussissent pas à obtenir l’asile politique. De son côté, la Turquie souhaite davantage de fonds. L’offre originelle de l’UE portait sur trois milliards d’euros sur deux ans. La nouvelle offre ne devrait plus comporter de calendrier précis parce qu’Ankara espère obtenir plus. Si Ankara remplit ses obligations, les ressortissants turcs obtiendront plus facilement des visas pour se rendre en Europe.
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