Après le choc, la presse est aussi dans l’incantation
Quand on prend connaissance de la presse ce week-end on mesure bien l’état de choc dans lequel se trouve le pays y compris ses leaders d’opinion. Pour résumer c’est surtout l’incantation qui est privilégiée. Mais peu de développement sur les facteurs explicatifs encore moins sur la stratégie à entreprendre. On n’en reste aux mêmes slogans que ceux employés par Hollande et son gouvernement « lutter contre le terrorisme avec les valeurs républicaines » une belle formule mais qui ne signifie pas grand-chose sans contenu plus concret et plus opérationnel. La question centrale de troupes au sol en Syrie comme en Irak est éludée. De même que les moyens de neutralisation des terroristes potentiels présents en France. Comme le gouvernement nombre de journalistes affirment souvent que désormais la France est en état de guerre mais sans en tirer les conséquences en termes d’organisation policière, juridique et militaire tant en France qu’à l’extérieur. Certes la problématique est complexe, les ripostes possibles ne sont pas sans danger pour autant aucune stratégie réellement crédible ne pourra être défini si l’on s’en tient seulement à constater l’état de guerre sans prendre les moyens pour la conduire. Après le choc causé par les pires attentats jamais commis en France, la colère et la volonté de faire bloc mais aussi de « rendre coup pour coup » sont au cœur des analyses de la presse dominicale. A l’unisson des autres titres, le quotidien sportif L’Equipe est « en deuil ». »Le chagrin et la colère » ont saisi Le Figaro qui, comme Libération, paraît exceptionnellement, deux jours après les actions kamikazes revendiquées par le groupe Etat islamique, qui ont ensanglanté Paris et fait 129 morts. « Je suis Paris » titre justement Libé, reprenant un slogan qui fait florès sur les réseaux sociaux, à l’instar du « Je suis Charlie » qui avait été scandé après les attentats de janvier. »Résistons », clame Le Parisien/Aujourd’hui en France dans un numéro spécial. »La France est en guerre. En guerre contre un terrorisme totalitaire, aveugle, terriblement meurtrier », insiste le directeur du Monde Jérôme Fenoglio dans son éditorial. »Cette guerre, maintenant chacun l’a compris, ne fait que commencer », prévient Alexis Brézet du Figaro. Laurent Joffrin de Libération livre « la conclusion (qui) s’impose avec son terrible réalisme: les Français doivent désormais vivre avec le terrorisme ». Mais « nous ne remporterons aucune victoire durable sur le terrorisme en laissant place au rejet de l’autre », avertit Guillaume Goubert dans l’éditorial diffusé sur le site internet du quotidien catholique La Croix. Le mot d’ordre d’unité est relayé par toute la presse. C’est « la République face à la barbarie » qui se dresse ainsi à la Une du Journal du dimanche. Pour Dominique Jung des Dernières Nouvelles d’Alsace, « le vrai enjeu est l’affirmation des valeurs républicaines ». « On nous fait la guerre. Unis, nous saurons faire face à cette inacceptable folie », renchérit Jean Levallois de la Presse de la Manche. »Je ne sais pas si ‘nous sommes en guerre’, comme le clament les médias. Je sais, en revanche, qu’il nous faut réapprendre à penser la guerre sans paniquer », confie l’écrivain et journaliste Jean-Claude Guillebaud dans son billet dominical paru dans Sud-Ouest. L’heure est à l’unité mais aussi à la riposte, insistent de nombreux éditorialistes aux accents martiaux. »Notre démocratie ne peut être sauvée qu’avec les armes de la République », fait valoir Jean-Claude Souléry de La Dépêche du midi. Certes, « refusons toujours la haine. Restons civilisés », martèle David Guévart de Nord Littoral. « Mais acceptons aussi qu’il n’y aura pas de solution qui ne ressemble à une éradication du mal. » Car « le temps est venu de rendre coup pour coup, d’être impitoyable face à nos ennemis, de l’intérieur comme de l’extérieur », assure Raymond Couraud dans L’Alsace. « Même si le prix à payer pour contrer cet ennemi doit s’ériger en riposte musclée, la France a le devoir d’entrer en résistance », affirme Philippe Palat dans les colonnes du Midi libre. »Contre la brutalité, il n’est qu’un principe : la force. Contre la sauvagerie, qu’une loi : l’efficacité. (…) Pour gagner la guerre, il faut la mener », conclut Alexis Brezet dans Le Figaro.-
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