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« Race blanche » : un concept anti-gaulliste (Frédéric Salat-Baroux )

« Race blanche » : un concept antig-aulliste (Frédéric Salat-Baroux )

Frédéric Salat-Baroux, ex-secrétaire général de l’Elysée et gendre de Jacques Chirac, dénonce la captation de De Gaulle par les partisans de la race blanche.

« Chacun a le droit et l’honneur de se dire gaulliste. Chacun doit pouvoir exprimer ses opinions, même en faisant remonter des enfers la notion de race. Mais vouloir placer Charles de Gaulle dans le camp de ceux qui distinguent entre les hommes selon leurs origines est une insulte faite à la France. On pourrait s’en tenir au fait que seuls les propos écrits ou tenus directement par Charles le Grand ont une valeur. On pourrait rappeler son allocution de Cherbourg, le 6 juillet 1960 : « Sur toute la terre, nous considérons qu’il n’y a qu’une seule espèce humaine et cette espèce humaine-là, nous voulons que, où qu’elle soit, de quelque couleur que soit la peau, l’homme ait ses droits, sa liberté et la possibilité de décider, de disposer dignement de lui-même. C’est cela qui est l’idéal de la France. » Mais la perte de repères actuelle exige ­d’aller plus loin. Il faut faire l’effort de penser de Gaulle pour mieux mesurer où nous en sommes. Charles de Gaulle était français comme personne ne l’a sans doute jamais été. Son père lui avait tout appris de notre histoire. Sa mère lui avait inculqué la passion de la vérité. L’un et l’autre l’avaient préservé du conservatisme de son temps. Chez les de Gaulle on était blancs, bourgeois, catholiques mais on était convaincus de l’innocence du capitaine Dreyfus. De Gaulle s’est construit sur les déceptions et les épreuves : voir son armée, tant aimée, faire le choix de la ligne Maginot ; Pétain, son ancien maître, basculer dans l’ambition, l’indifférence et la trahison ; la France, qu’il avait divinisée, se ruer à la servitude et à la collaboration. « Seule la souffrance enseigne », disait-il. Revenu de tout, couturé de ces blessures, il a donné la plus belle définition de ce qu’est un Français. À ceux qui refusaient que Georges Boris, « ce juif du Front populaire », rejoigne la France libre, il répondit : « Je ne connais que deux catégories de Français, ceux qui font leur devoir et ceux qui ne le font pas. » Derrière le rapt de la mémoire que représente le détournement de l’héritage gaulliste par les nostalgiques d’une « France blanche » ou par l’extrême droite, dont il fut le plus implacable adversaire, il y a ce mot obsédant d’identité. La mondialisation, l’immigration, la religion musulmane mettraient en péril notre culture ancestrale. Là encore, c’est ne rien comprendre de ce qu’est l’identité d’une nation : une affirmation de soi, une fierté, une générosité, un modèle qui suscite le respect et l’admiration. Avant de fustiger le musulman, que la France, ce pays aux 50.000 églises, se revendique, sans complexe, simplement, d’essence catholique. Avant de se rétracter sur le concept glacé d’assimilation, commençons par nous regarder avec fierté. Avant d’invoquer, à tous les vents, les lois de la République, commençons par les faire respecter. Réveillons-nous aussi! Te rends-tu compte, Marianne que c’est toi, la fille aînée des droits de l’homme, qui vois l’étranger là où se présente le réfugié? »

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