Pour un renforcement du syndicalisme (NKM)
Dans une interview la tribune d’une certaine manière Nathalie Kosciusko-Morizet, vice-présidente du parti « Les Républicains » (LR) et présidente du groupe LR au conseil de Paris va à contre-courant des propositions de Sarkozy qui lui veut tuer les syndicats. Elle est considère que compte tenu des réformes à entreprendre aussi bien sur la protection sociale en général que suit l’organisation du travail la négociation est indispensable. Mais cela suppose de régler la question de la représentativité des syndicats de les rendre plus fort et plus responsable.
La négociation collective a-t-elle encore un avenir ?
Nathalie Kosciusko-Morizet – J’en suis convaincue à condition de lui redonner un nouveau souffle. De grands sujets sont devant nous avec l’arrivée de ce que l’on appelle l’économie du partage. Ce qui se passe avec Uber n’est qu’un début. Il va bien falloir se mettre autour d’une table pour imaginer la protection sociale de demain. Par ailleurs, les entreprises et les formes de travail évoluent. Il y a une demande des jeunes de travailler en réseaux, par projet. L’organisation actuelle du travail fondée sur des principes du XIXème siècle n’est plus adaptée. Dans ce contexte, la négociation collective doit être la plus décentralisée possible. Elle doit se dérouler au niveau de la branche et de l’entreprise. Tous les avis et rapports vont dans ce sens, notamment le rapport Combrexelle. Mais pour réussir ces négociations, il faut absolument résoudre le problème de la représentativité des syndicats. C’est un problème crucial.
Que NKM souhaite redynamiser le syndicalisme, c’est plutôt surprenant, non ?
C’est un sujet qui transgresse les clivages droite/gauche, non ? L’actualité de l’entreprise Air France est la pour nous montrer que le système est a bout de souffle, et c’est pourquoi il faut agir vite et de façon structurelle. Mes propositions s’inscrivent dans le cadre d’une réforme plus globale du syndicalisme et du dialogue social qui permettrait d’améliorer la qualité des négociations, notamment en sortant du rapport conflictuel.
Mais par rapport à il y a 30 ans le syndicalisme est en perte de vitesse !
Aux alentours de 8%, le taux de syndicalisation est en effet trop faible en France, par rapport à certains de nos voisins européens. Les plus grosses centrales syndicales représentent davantage les retraités que les salariés actifs ! Mais ce n’est pas parce que la représentativité des syndicats est aujourd’hui insuffisante qu’il faut remettre en cause le syndicalisme lui-même. Il faut au contraire tout faire pour améliorer cette représentativité et rentrer dans un cercle vertueux.
Faut-il que l’adhésion soit obligatoire ?
Je ne le pense pas. Ce serait une solution de facilité. On ne sort pas d’une situation d’échec telle que celle là en la contournant. Appartenir à un syndicat, s’engager, militer doivent être des actions volontaires. Il faut redonner envie aux Français de se syndiquer et de jouer un rôle actif au sein de ses organisations. C’est en améliorant la qualité de la représentation syndicale et de la négociation collective que les salariés seront incités à adhérer et à voter.
Alors, comment inciter les salariés à se syndiquer ?
Je propose de dépoussiérer la gouvernance des syndicats. Le mandat syndical doit être une étape ordinaire et temporaire de la vie professionnelle, aussi je propose de limiter à huit ans la durée où une même personne peut être délégué syndical. Je propose aussi de supprimer les permanents syndicaux dans les entreprises de moins de 500 salariés. Le syndicalisme professionnel doit en effet être réservé aux plus grandes entreprises. Par ailleurs, en contrepartie de ce temps consacré à l’action syndicale, je propose de rendre obligatoire pour les représentants syndicaux des périodes de formation dans le domaine économique, comptable, social ou juridique. Cet investissement dans le capital humain renforcerait également l’employabilité des représentants syndicaux.
Se syndiquer est bien souvent un acte défensif pour les salariés, qui y voient un moyen de se défendre en cas de conflit social. Comment les syndicats peuvent-ils attirer de nouveaux militants lorsque l »entreprise est florissante ?
Je plaide pour la création d’un syndicalisme de services, à l’image de ce qui fonctionne déjà dans la fonction publique, notamment chez les enseignants. On pourrait imaginer la création de banques, de mutuelles, d’assurances et de conseils juridiques affiliés aux syndicats dont les services seraient réservés aux adhérents.
Le recours au référendum au sein des entreprises est-il une bonne idée ?
Le référendum pour consulter directement les salariés peut être effectivement une solution lorsqu’il y a un blocage dans le dialogue social entre les syndicats et la direction. Mais ce referendum ne doit pas être que consultatif. Son résultat doit avoir un effet de droit. L’exemple du blocage de Smart en Moselle le démontre.
Avez-vous testées ces idées avec les représentants actuels des syndicats ?
J’ai énormément échangé avec les représentants syndicaux des entreprises. Ils étaient plutôt enthousiastes à l’idée d’avoir des moyens plus clairs pour assumer leurs missions.
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