Croissance internationale : révision à la baisse par le FMI
Comme l’OCDE, comme de nombreux experts le FMI revoit à son tour à la baisse les perspectives d’évolution de la croissance mondiale. Jusqu’alors on avait en effet largement sous-estimé le très net tassement de l’activité chinoise. Un tassement qui traduit bien le ralentissement de la demande à l’usine du monde. Du coup le risque déflationniste réapparaît et l’éclatement de bulles financières n’est plus à écarter. De ce fait la volatilité des marchés devrait perdurer et contribuer à créer un climat d’incertitude. Dans ses perspectives économiques publiées mardi, le FMI estime aussi que les risques de dégradation supplémentaire « semblent plus prononcés qu’il y a quelques mois ». Les économistes du Fonds ne tablent plus que sur 3,1% de croissance dans le monde cette année et 3,6% en 2016, soit dans les deux cas 0,2 point de moins que dans leur évaluation intermédiaire de juillet. Le mois dernier, l’OCDE avait lui aussi revu à la baisse ses prévisions pour 2015 et 2016 à respectivement 3,0% et 3,6% après 3,4% en 2014. S’agissant des économies avancées, le FMI est un peu plus optimiste pour les Etats-Unis cette année (+0,1 point à 2,6%) mais sensiblement moins pour 2016 (-0,2 point à 2,8%). Il abaisse aussi de 0,2 point ses anticipations pour le Japon (-0,2 point à 0,6% en 2015 et 1,0% en 2016). Il ne modifie qu’à la marge ses prévisions pour la zone euro – 1,5% en 2015 (inchangé) et 1,6% en 2016 (-0,1 point) – et ne change rien pour la France (1,2% en 2015 puis 1,5% en 2016). Pour les pays émergents, il en reste à 6,8% cette année et 6,3% l’an prochain pour la Chine, des niveaux sur lesquels il s’est calé depuis début 2015. La dégradation de 0,2 point de la croissance attendue dans les pays émergents (à 4,0% en 2015 et 4,5% en 2016) est largement due à la Russie, au Brésil et à l’Afrique du Sud avec le recul des prix du pétrole et des produits de base. Sur ce dernier point, le Fonds note que, si le ralentissement de la croissance chinoise est conforme à ses attentes, « ses répercussions internationales semblent plus marquées que prévu ». Il en veut pour preuve le repli accéléré des prix des produits de base, surtout des métaux, et la baisse des exportations vers la Chine. En conséquence, à l’image de l’Organisation mondiale du commerce la semaine passée, il revoit en baisse ses prévisions de croissance du commerce mondial à 3,2% (-0,9 point) pour cette année et 4,1% (-0,3 point) pour 2016. Un autre risque vient, selon lui, de la « normalisation » à venir de la politique monétaire américaine. Une hausse des taux de la Réserve fédérale pourrait se justifier rapidement mais son impact potentiel sur l’économie mondiale ajoute aux incertitudes actuelles, note Maurice Obstfeld, chef économiste du FMI. Le Fonds s’inquiète plus particulièrement de la volatilité accrue qu’elle provoque sur les marchés financiers, qui pourrait selon lui « poser des problèmes pour la stabilité financière des économies avancées, ce qui aurait des répercussions considérables sur les pays émergents ». S’agissant des économies avancées, il estime que les tensions déflationnistes « n’ont pas totalement disparu » et plaide pour un maintien d’une politique monétaire accommodante dans les pays où les écarts de production sont négatifs. Cette dernière doit être complétée par des mesures budgétaires là où c’est possible. Le FMI juge notamment « impératif d’investir dans les infrastructures » dans l’environnement de taux réels très bas actuel.
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