Le lobby du tabac trop puissant en Europe
La médiatrice européenne, Emily O’Reilly, a pointé du doigt les « faiblesses inhérentes » aux pratiques actuelles de la Commission en matière de transparence avec le lobbying de l’industrie du tabac. A l’exception de la DG Santé, l’approche de la Commission est « inappropriée, peu fiable et peu satisfaisante ». Selon elle, l’exécutif européen enfreint les obligations énoncées en 2005 dans la Convention-cadre pour la lutte antitabac, de l’Organisation mondiale de la santé. La Commission Barroso, ébranlée par le scandale Dalli, était déjà trop opaque dans ses rencontres avec les lobbyistes de l’industrie du tabac. En octobre 2012, le commissaire à la santé, John Dalli avait été poussé vers la sortie par l’ancien président de la Commission, José Manuel Barroso. De fait, une enquête du bureau antifraude révélait qu’en échange de 60 millions d’euros, le commissaire était prêt à adoucir la directive sur le tabac. Emily O’Reilly, qui enquête sur des plaintes pour mauvaise administration déposées contre les institutions européennes, a appelé l’actuelle Commission, dirigée par Jean-Claude Juncker, à signaler chaque rencontre avec des lobbyistes du tabac et leurs avocats. La médiatrice s’est rendu compte que certaines réunions avec des avocats représentant l’industrie du tabac n’étaient pas considérées comme du lobbying par la Commission. Dans ses recommandations officielles, elle conseille au reste de l’exécutif de suivre l’exemple de la DG Santé, qui fait preuve d’une grande transparence. Seule cette Direction générale s’acquitte de ses obligations, a-t-elle affirmé. La médiatrice a ouvert cette enquête suite à la plainte de l’Observatoire de l’Europe industrielle, une ONG qui accuse la Commission de ne pas respecter les règles de transparence de l’OMS relatives à l’industrie du tabac. La convention-cadre pour la lutte antitabac de 2005 exige pourtant que les signataires, dont l’UE, soient responsables et transparents. La Commission considère quant à elle qu’en répondant à la demande d’accès aux documents et en répondant aux questions des membres du Parlement européen, elle a rempli ses obligations. Arguments auxquels Emily O’Reilly s’oppose. La médiatrice conclut son enquête en demandant à la Commission de prendre des mesures actives pour limiter ses échanges avec les cigarettiers et pour que ces rencontres soient plus transparentes.
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