Volkswagen : un plan de restructuration très sévère
Le premier constructeur mondial pourrait éprouver des difficultés sérieuses à se sortir de la crise qu’il a lui-même provoqué en trichant sur les normes de pollution. Des millions de véhicules sont en effet en cause pas seulement aux États-Unis mais aussi en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne bien sûr, en Australie, en Asie et ailleurs. Du coup tout dépendra de l’ampleur des amendes et des indemnisations aux Etats voire aux automobilistes. Pour l’instant il est difficile de chiffrer ces conséquences financières mais si elles devaient atteindre 50 ou 100 milliards tous pays confondus, comme c’est possible, l’entreprise aurait bien du mal à s’en remettre. De toute évidence même en Allemagne on pense que Volkswagen devra sérieusement se restructurer d’ores et déjà des mesures de rigueur ont été prises mais il y en aura bien d’autres. Volkswagen a imposé un gel des embauches dans sa division financière et supprimé une équipe dans une usine de moteurs, le constructeur automobile commençant à se préparer aux répercussions néfastes pour ses affaires du scandale des tests d’émissions polluantes détournés. Des responsables de VW devaient examiner dans la soirée de mercredi les premiers résultats d’une enquête interne sur la plus grave crise qu’ait traversée le groupe automobile allemand, dit-on de source proche du dossier. Réuni au siège de Wolfsburg, le comité exécutif du conseil de surveillance devait en outre se pencher sur les préparatifs à engager en vue d’une enquête externe qui sera assurée par le cabinet d’avocats américain Jones Day et dont l’un des experts participera à la réunion. Les investisseurs considèrent que cette enquête externe revêt une importance particulière compte tenu des liens étroits de Matthias Müller, le nouveau président du directoire de Volkswagen, et du président désigné Hans Dieter Pötsch avec le clan Piëch-Porsche qui contrôle le premier constructeur européen. VW a admis avoir employé un logiciel permettant de fausser les tests d’émissions aux Etats-Unis et le ministère allemand des Transports a fait savoir que la manipulation de ces tests s’était également produite en Europe. La division VW Financial Services, qui prête aux acheteurs d’automobiles et propose du crédit-bail aux sociétés gérant des flottes, a dit mercredi que les embauches seraient gelées jusqu’à la fin de l’année. A l’usine Salzgitter, VW a supprimé une équipe hebdomadaire mise en place pour faire face à la demande. En France, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a ouvert une enquête pour déterminer si Volkswagen a manipulé ses émissions polluantes en France, comme il l’a fait aux Etats-Unis. La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, a dit que les aides publiques pour l’achat de véhicules Volkswagen présentés comme propres devraient être remboursées. VW a annoncé mercredi que 946.092 véhicules de quatre marques du groupe étaient concernés en France par la présence du logiciel incriminé. En Grande-Bretagne, ce nombre est de 1,2 million, selon la filiale locale de VW, et en Espagne, 683.626 véhicules sont concernés. Au Texas, le comté de Harris, qui comprend la ville de Houston, a annoncé qu’il poursuivait Volkswagen pour infraction aux réglementations locales de l’environnement, réclamant 25.000 dollars de dommages et intérêts par infraction et par jour. Une porte-parole de VW s’est abstenu de tout commentaire L’affaire Volkswagen est très embarrassante pour l’Allemagne, qui avait fait du groupe de Wolfsburg la figure de proue du savoir-faire technologique national et étouffé toute velléité européenne de réformer la structure de son actionnariat. L’industrie automobile emploie plus de 750.000 personnes en Allemagne et si le ministre de l’Economie, Wolfgang Schäuble, a déclaré mercredi que le scandale ne constituait pas un danger pour l’économie allemande, il n’en a pas moins ajouté qu’ »en définitive, VW ne sera plus le même; il y aura beaucoup de changements d’un point de vue structurel ».
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