Accueil Migrants : 55% contre ou la question qui divise
La question des migrants divise les Français qui sont 55 % à ne pas vouloir voir évoluer les conditions de leur accueil en France selon un sondage Odoxa pour Le Parisien et Aujourd’hui en France, dévoilé dimanche 6 septembre. Il faut dire que la question est complexe surtout dans un pays miné par la crise et qui ne croit pas beaucoup dans les solutions des partis politiques. Au préalable faut sans doute indiquer que le même résultat pourrait être obtenus dans la plupart des pays européens tentés par le repli nationaliste. De ce point de vue Merkel n’a pas non plus l’opinion publique de son côté pour approuver son plan d’accueil des réfugiés. C’est tout à l’honneur des responsables politiques de s’engager parfois à contre-courant de l’opinion publique car on ne saurait diriger un pays uniquement avec des sondages. Plusieurs facteurs explicatifs sont à prendre en compte dans la problématique des réfugiés. D’abord à l’origine c’est bien l’intervention inconsidérée des pays développés dans certaines dictatures du Proche et Moyen-Orient qui a créé à la fois le chaos et le développement de l’État islamique. Rappelons-nous notamment de la première intervention des États-Unis en Irak pour deux faut motif. La France elle-même en intervenant en Libye a largement contribué à la déstabilisation de pays certes dirigé par des dictateurs mais qui avait le mérite au moins d’empêcher tueries et affrontements ethniques ou religieux de la dimension actuelle. Victime de violences insoutenables et de barbarie les syriens en particulier ne mérite d’être accueillis avec dignité en Europe. Des mesures humanitaires d’urgence imposent donc. Il y a bien entendu une hypocrisie majeure à vouloir repousser des migrants dans les pays voisins de l’union européenne ou non. Bien entendu il convient aussi de s’attaquer aux réseaux de passeurs mais sur ce point leur avait jusque-là été incapable d’agir avec efficacité ; bilan de cette forme de migration de 2 000 morts en Méditerranée. Au-delà des aspects conjoncturels à caractère humanitaire des questions structurelles se posent cependant pour les conditions d’accueil de migrants venus maintenant du monde entier et souvent pour des questions économiques. Là encore les pays développés ont des responsabilités mêmes si les dirigeants locaux notamment travers la corruption sont bien entendus responsables. Cela pose la question générale de politique de coopération qui demeure largement virtuelle, aussi du rééquilibrage des rapports économiques notamment à propos du pillage des matières premières. Enfin il est clair que les conditions de mobilité dans l’espace Schengen devront être modifiées. Toutefois cela remettra en cause certains principes de la libre circulation des personnes et aussi des biens qui constituent l’essentiel de la philosophie européenne. Des modifications sont possibles voire nécessaires mais leur bouleversement total remettrait en cause l’existence même de l’union européenne. La questionest donc complexe et on peut comprendre les réticences des populations vis-à-vis des réfugiés. Cela d’autant plus que les incertitudes les plus grandes planent sur le devenir économique et donc social de nombre de pays de l’union européenne. Pour la France le sentiment de certains Français à l’égard des nouveaux réfugiés est aussi largement hypothéqué par l’échec total de l’intégration de certaines populations étrangères ou même de français d’origine étrangère. Plusieurs dimensions s’articulent donc : le contexte économique, social et culturel. Encore une fois la problématique n’est pas simple et il n’est pas surprenant que des divisions apparaissent sur le sujet des réfugiés. Ces divisions s’illustrent encore plus en fonction des opinions politiques. Si les sympathisants de gauche sont pour un meilleur accueil des migrants (69%), les sympathisants de droite sont en revanche largement opposés, dans la même proportion (69%), à cela. D’ailleurs, Europe. Concernant la question spécifique des migrants syriens, qui fuient la guerre sévissant dans leur pays, les Français ne font pas de différenciation particulière. Ils sont 62% à estimer qu’il faut traiter ces personnes comme les autres alors que 36% pensent que ces migrants « méritent un meilleur accueil en tant que réfugiés de guerre ». La politique de l’Union européenne par rapport à cette crise humanitaire se trouve par ailleurs sous le feu des critiques. 78% désapprouvent l’action des dirigeants de l’UE et seulement 21% jugent qu’ils ont bien réagi. En outre, 69% des Français ne veulent pas entendre parler de quotas pour répartir les migrants et les demandeurs d’asile entre les pays de l’Europe. François Hollande s’est en tout cas récemment prononcé en faveur de l’instauration d’un « mécanisme permanent et obligatoire ». Enfin, alors que le chef de l’État songe à mener des frappes aériennes contre l’État islamique en Syrie, les Français voudraient que l’armée française s’engage encore plus. Comme certaines voix politiques, ils sont 61% à être favorables à l’envoi de troupes militaires au sol, selon ce sondage réalisé par Internet les 3 et 4 septembre auprès d’un échantillon de 1.003 personnes représentatifs de la population française selon la méthode des quotas.
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