France : une croissance médiocre (Pierre Sabatier)

France : une croissance médiocre (Pierre Sabatier)

 

(Pierre Sabatier, président du cabinet de recherche financière PrimeView dans uen interview au Figaro donne son point de vue sur la croissance.

Quelle est la situation de l’économie française ?

Pierre Sabatier:

L’économie française a en réalité mieux résisté que les autres économies européennes à la récession mondiale de 2008-2009 (avec un recul du PIB réel de -2,9% en 2009, contre -5,6% en Allemagne, -5,5% en Italie, -3,3% aux Pays-Bas, -3,6% en Espagne et -4,5% pour la zone euro dans son ensemble). La conséquence est simple: une fois la récession passée, la France a moins rebondi que ses voisins. Aujourd’hui, l’économie hexagonale se trouve au milieu du gué, puisqu’elle a certes dépassé son niveau d’avant crise (PIB nominal supérieur de 8,7% au-dessus de son dernier point haut), mais reste loin des grands pays industrialisés (les PIB nominaux de l’Allemagne et des Etats-Unis sont supérieurs respectivement de 16% et de 20% au-dessus de leur niveau d’avant crise) tout en se trouvant en meilleure posture que l’Italie ou l’Espagne (dont les PIB sont respectivement inférieurs de 1% et de 3% en-dessous de leur niveau d’avant crise).

Pourquoi la médiocrité de la croissance

Pierre Sabatier

On  peut dire que l’économie française évolue à un rythme relativement médiocre et légèrement en deçà de son potentiel. Cela étant dit, il est vrai que le gouvernement actuel a, surtout dans sa première période d’exercice, fait preuve d’une grande maladresse en provoquant une crainte des entreprises (second contributeur à la croissance en représentant 20% du PIB) et surtout des ménages (premier contributeur à la croissance en représentant 55% du PIB). Cette situation les a incités à rester prudents, ce qui s’est traduit par le fait de repousser leurs investissements et leur consommation, entraînant par là-même une reprise moins intense de l’économie que chez nos voisins. En d’autres termes, la population française semble, plus qu’ailleurs, douter de la capacité des autorités hexagonales à mettre les agents privés (ménages et entreprises) dans les meilleures conditions possibles pour investir et consommer, dans un environnement structurellement moins favorable que lors des années 1980-2010.

Quelle crédibilité des prévisions gouvernementales ?

Pierre Sabatier:

Les prévisions en économie, en particulier lorsqu’elles sont réalisées par un gouvernement, sont un mélange de réalisme (exercice toutefois difficile car prédictif et sensible au comportement des agents privés que sont les entreprises et les ménages) et de volontarisme (optimisme pour peser positivement sur les comportements de ces mêmes agents privés en les poussant à investir et consommer). Le problème, c’est que les autorités ont fini par se décrédibiliser au cours des dernières années en anticipant des croissances jamais atteintes… Cette année est quelque peu différente: en annonçant +1%, le gouvernement a fait preuve de prudence, sans doute pour pouvoir dire «a posteriori» que son anticipation a été atteinte et qu’il a donc rempli les objectifs fixés. «Nous pourrions continuer à assister, contre toute attente, à la poursuite du marasme économique en même temps qu’à la hausse des marchés actions, avec comme conséquence le gonflement d’une nouvelle bulle»

 

Quelle évolution des marchés boursiers

Pierre Sabatier:

 

La valorisation des marchés boursiers est aujourd’hui (et cela depuis plusieurs années désormais) tout à fait déconnectée de la réalité des économies concernées, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, notamment en raison de politiques monétaires au niveau mondial démesurément favorables à ces derniers. L’Europe n’échappe pas à la donne, avec une politique de création monétaire extrêmement agressive mise en place par la Banque Centrale Européenne depuis quelques mois, et qui devrait soutenir les marchés actions européens, français y compris. Nous pourrions donc continuer à assister, contre toute attente, à la poursuite du marasme économique en même temps qu’à la hausse des marchés actions, avec comme conséquence le gonflement d’une nouvelle bulle risquant d’éclater au moment où les politiques monétaires deviendront moins accommodantes.

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