Baisse de l’ISF : merci au conseil constitutionnel

Baisse de l’ISF : merci au conseil constitutionnel

Les plus hautes instances juridique de l’État ont souvent des problèmes existentiels mais aussi des solidarités avec les plus riches. Grâce à la censure du conseil constitutionnel sur une proposition du gouvernement Airault l’impôt sur la fortune a fait perdre près d’un milliard à l’État. Certes on peut évidemment discuter de la pertinence de cet impôt kqui  sans doute pas le meilleur moyen pour rectifier les injustices fiscales. Il aurait sans doute été préférable à cet égard de lutter réellement contre les différentes procédures permettant l’optimisation fiscale. Ceci étant l’impôt sur la fortune existe et force est de constater que grâce à la compassion du conseil constitutionnel à l’égard des plus nantis l’impôt sur la fortune déjà insignifiant quant à son rendement a encore diminué. Fin 2013, le Conseil constitutionnel avait censuré le dispositif visant à lutter contre l’optimisation fiscale des contribuables assujettis à l’ISF, via le système de plafonnement de cet impôt. Le résultat de cette décision favorable aux « riches » est aujourd’hui connu. Le bouclier fiscal version Hollande, soit le plafonnement de l’ISF et des autres impôts directs à 75% des revenus- est plus coûteux que le bouclier conçu par Nicolas Sarkozy, pourtant plus favorable, en théorie, aux contribuables. Sous Sarkozy, le total des impôts ne pouvait dépasser 50% des revenus. Comment expliquer que le plafonnement à 75% des revenus ait engendré en 2014 un manque à gagner pour les finances publiques de plus de 900 millions d’euros, alors que le coût du bouclier à 50% était sous Sarkozy d’environ 700 millions?  L’explication est simple. Les contribuables se sont engouffrés dans une brèche favorisant l’optimisation fiscale, ouverte par le Conseil constitutionnel. Imaginez un très riche contribuable à la retraite, à la tête d’un patrimoine important. Son objectif est de réduire autant que faire se peut la facture d’ISF. Comment? En faisant jouer le mécanisme de plafonnement. Pour que celui-ci entre en jeu, il faut payer beaucoup d’impôts -ce n’est pas l’objectif- ou afficher des revenus limités. Voire nuls. Le plafonnement joue quand les impôts représentent 75% des revenus?  75% de zéro, cela fait bien zéro. Celui qui n’a aucun revenu à déclarer ne paie par définition aucun ISF, même si sa fortune est considérable. Mais les riches ont nécessairement des revenus… sauf s’ils investissent  en assurance-vie.  Car les rendements tirés de ce placement ne sont pas considérés comme imposables. D’un point de vue fiscal, ce ne sont pas donc pas de revenus. Un contribuable très fortuné bénéficiant d’un rendement de 500.000 euros annuels, issus de ces placements en assurance vie, n’aura pas à les déclarer. Et si ce sont ces seules ressources, son revenu fiscal de référence (RFR) sera égal à zéro. Tout comme son ISF: 75% de zéro égalent zéro. Comment vivre alors? N’importe quelle banque privée accorde des prêts à des taux d’intérêt très faibles à ces riches clients, comme le soulignent les gestionnaires de patrimoine. L’existence de ce type de montage est confirmée par nombre d’entre eux, dont les spécialistes de la banque Lazard. 8.872 contribuables ont ainsi plafonné leur ISF en 2014, soit 16% de plus qu’en 2013. En moyenne, ils se sont vu restituer une somme de 104.415 euros.

 

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