Mistral : trop de candidats pour l’achat ?
Curieusement il y aurait maintenant une dizaine de pays candidats pour le rachat des Mistral dont on a refusé la livraison à la Russie. Pourquoi soudainement autant de pays ? Sans doute parce que la France sera contrainte de consentir un rabais sur le prix afin de se débarrasser rapidement de ces Mistral. Théoriquement l’opération devrait être blanche puisqu’on rembourse à la Russie son avance financière. Il faut cependant prendre en compte les frais accessoires de formation, de surveillance du navire et de mise aux normes techniques d’un nouvel état acquéreur. Autant de coûts qui sans doute ne seront pas pris en charge. Une dizaine de pays, dont l’Egypte, sont intéressés par le rachat des deux porte-hélicoptères Mistral dont la vente à la Russie a été annulée mercredi, a-t-on déclaré vendredi de source proche du dossier. L’Egypte négocie en outre actuellement l’exercice de son option d’achat de deux nouvelles corvettes Gowind, après en avoir acquis quatre en 2014, a-t-on précisé de même source. Le président égyptien, Abdel Fattah al Sissi, qui a inauguré jeudi en grande pompe l’extension du canal de Suez en présence de François Hollande, a commandé 24 Rafale en février, signant ainsi le premier contrat à l’export pour l’avion de combat français de Dassault Aviation. Le contrat, d’un montant de 5,2 milliards d’euros, comprenait également des missiles de MBDA et de Safran et une frégate multimissions Fremm fabriquée par le constructeur naval militaire public DCNS, détenu à 35% par l’équipementier Thales. »Le besoin initial de l’Egypte était de deux Fremm mais les contraintes budgétaires du pays empêchent actuellement toute négociation sur un deuxième bâtiment », dit-on de même source. La Fremm et les trois premiers Rafale livrés en juillet à l’Egypte ont participé à l’inauguration du nouveau canal de Suez, construit en moins d’un an pour un budget pharaonique de quelque huit milliards de dollars (7,3 milliards d’euros). « Il y a des projets sur beaucoup de matériels, mais c’est un pays qui n’a pas non plus de ressources financières considérables », renchérit-on de source diplomatique française. En marge des célébrations, François Hollande et Abdel Fattah al Sissi ont discuté de l’éventuelle acquisition par l’Egypte des deux Mistral, a précisé cette même source, malgré les critiques des défenseurs des droits de l’homme en France au sujet de la répression orchestrée par le régime égyptien contre l’opposition. « Il n’y a pas de droit de veto donné à la Russie disant ‘non pas ce pays-là’. En même temps on ne va pas les vendre à l’Ukraine non plus », ajoute-t-on, allusion au désaccord affiché par la France face à l’attitude de Moscou vis-à-vis de Kiev. Parmi les pays cités figurent aussi le Brésil, Singapour, l’Arabie saoudite et le Canada, lequel semblant le plus indiqué pour un navire conçu pour des mers froides, a précisé une autre source diplomatique. « La France devenant à nouveau propriétaire de ces bâtiments de projection et de commandement (BPC) à l’issue de l’accord du 5 août, des discussions vont pouvoir commencer rapidement », a-t-on déclaré dans l’entourage du président de la République, en ajoutant que l’armée française possédait déjà trois Mistral et n’avait pas besoin d’autres exemplaires. François Hollande a déclaré jeudi à des journalistes que Paris n’aurait aucune difficulté à trouver un repreneur pour les deux Mistral, sans coût supplémentaire pour le pays. DCNS avait cependant estimé en février à plusieurs centaines de millions d’euros l’investissement nécessaire pour adapter les deux navires à un nouveau client. Le constructeur naval doit déjà débourser un million d’euros par mois pour les entretenir dans l’attente de leur repreneur. Les équipements russes qui avaient été installés pour les deux Mistral, prévus pour être livrés en octobre 2014 et octobre 2015, seront retirés dans les prochaines semaines, une fois ratifié en septembre par le Parlement français le projet de loi validant l’annulation du contrat. Le prix remboursé par la France à la Russie, inférieur au montant total de 1,2 milliard d’euros du contrat, devrait toutefois dépasser les quelques 800 millions d’euros que Moscou avait déjà acquittés lors de la suspension du contrat par François Hollande en 2014, puisqu’il comprend aussi les frais de formation. ».
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