Détournement des emplois aidés
Le dispositif des emplois aidés ne paraît pas très efficace. Il est même détourné de son objet. Environ 60 000 salariés sont concernés dans le secteur marchand. Dans le secteur non marchand 330 000 salariés environ bénéficient du dispositif. De quoi s’interroger sur l’intérêt qu’il y a pour les Pouvoirs publics de s’impliquer directement dans l’emploi le cofinançant. Un intérêt peu évident dans le privé et évidemment très coûteux dans le public. Quatre entreprises sur cinq ont recours au sous-emploi et des alors que de toute façon elles auraient quand même embauché sans ce dispositif. Seule une embauche sur cinq en contrat aidé a véritablement permis de créer un emploi, selon une étude de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) publiée jeudi. En effet, uniquement 19 % des entreprises ayant utilisé un contrat aidé n’auraient pas embauché du tout sans ce dispositif. Les autres auraient embauché un profil un peu différent (14 %), voire un peu plus tard (9 %). Surtout, 58 % des entreprises qui ont embauché un salarié en emploi aidé l’auraient fait de toute façon, avec le même profil et au même moment. Ainsi 74 % des entreprises de 50 salariés ou plus, et 54 % des moins de 10 salariés reconnaissent avoir profité de l’aubaine. «Dans le secteur marchand, l’effet d’aubaine domine» pour les embauches en contrat d’avenir et en contrat unique d’insertion (CUI), en conclut la Dares, qui a mené l’enquête en 2014 auprès d’employeurs ayant embauché entre septembre et novembre 2013. Ces résultats jettent un doute sur l’efficacité du dispositif dont bénéficient 59.000 salariés du secteur marchand (chiffre 2014). Rare point positif de l’étude, «les contrats aidés contribuent à stabiliser des parcours professionnels», note la Dares. En effet, un quart des employeurs qui en ont profité pour réaliser une embauche déjà programmée ont accordé un CDI, alors qu’un CDD était auparavant prévu. De plus, 62 % d’entre eux avaient envisagé d’embaucher sur une durée plus courte. Les emplois aidés ont également favorisé les jeunes salariés, moins diplômés et moins expérimentés. En effet, 15 % des entreprises ont revu à la baisse leurs exigences lors du recrutement en contrat aidé. Dans le secteur non marchand (public et associatif), l’effet d’aubaine est bien moindre. Mais il demeure. Si seuls 21 % des embauches avaient eu lieu de manière identique, 64 % n’auraient pas du tout eu lieu. En 2014, la France comptait 331.000 bénéficiaires de contrats aidés dans le secteur non marchand.
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