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«La gauche française : une crise fondamentale» (Jacques Julliard)

«La gauche française :  une crise fondamentale» (Jacques Julliard)


Dans uen interview au Figaro Jacques Julliard, historien de formation, pense que la crise de la gauche se nourrit surtout du changement  de terrains  d’action. Faute de pouvoir agir sur le terrain social la gauche ( en fait surtout le PS)  tente de reformer sur le plan sociétal. Face à l’échec économique et social on fait des réformes sur les mœurs.

FIGAROVOX. – La gauche française tiraillée entre une ligne radicale et une ligne sociale-démocrate apparaît désorientée idéologiquement. Quels sont aujourd’hui ses points d’appui doctrinaux?

Jacques JULLIARD. - La gauche française vit une crise fondamentale. Elle est née, dans notre pays, de la rencontre de deux idées: celle du progrès scientifique et technique et celle de justice sociale. C’est la conjonction de ces deux idées, et par conséquent de ces deux groupes sociaux que sont la bourgeoisie progressiste et le prolétariat qui constitue l’essence de la gauche. Aussi longtemps que les deux parties ont pu cheminer ensemble, le socialisme lui-même n’a pas eu de problème théorique majeur. Aujourd’hui, la situation est différente. Le peuple a le sentiment d’une dissociation: il pense que le progrès ne sert plus la justice sociale.  Partant de ce constat, les socialistes se divisent en deux camps. Les réalistes (dont François Hollande est le chef de file) qui considèrent que, sans croissance, il n’y a pas d’amélioration possible du revenu des individus. Les autres qui affirment que c’est une illusion et qu’il faut, dès que la gauche arrive au pouvoir, en tirer le maximum pour les plus humbles. Ce désaccord est tactique. Même Mélenchon, malgré son goût pour le tourisme révolutionnaire, ne promet pas le grand soir. Le débat est entre sociaux-démocrates de tendance libérale et sociaux-démocrates dirigistes. En définitive, la seule valeur propre qui reste à la gauche, c’est l’égalité. La preuve, c’est que personne ne la lui dispute.

Le Parti socialiste et François Hollande sont en proie à une véritable frénésie sociétale. Légiférer sur tous les aspects de l’existence de la naissance à la mort, est-ce cela le socialisme?

Tout cela est nouveau dans la philosophie socialiste. Ses racines sont collectives, sinon toujours collectivistes. Elles développent des valeurs de solidarité, d’esprit de groupe, d’esprit de classe, disait-on autrefois. Or, toutes les lois actuelles qui ont trait à la génération, à la vie privée, à la sexualité sont au contraire inspirées par un individualisme profond. Faisons un retour historique: la Révolution française est individualiste mais, quand elle rencontre au milieu du XIXe siècle le prolétariat, la gauche devient collectiviste. Aujourd’hui nous vivons un retournement diront les uns, un retour aux sources assureront les autres, mais quoi qu’il en soit la gauche ne défend plus guère que des valeurs individualistes. Elle s’est alignée sur le socialisme scandinave. Faute de faire une révolution sociale, le Parti socialiste s’efforce de faire une réforme sociétale.

 

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