Des consommateurs rationnels …. quand tout va bien !
C’est la conclusion d’uen jeune économiste, Xavier Gabaix a remporté vendredi le prix Maurice Allais, , qui démontre que les consommateurs sont beaucoup moins bien armés, moins rationnels en cas d’imprévus, de crise, comme les Etats ! Or si la science économique a vraiment une utilité c’est précisément en cas de crise. Reste cependant à définir ce qui est rationnel ou pas ( une question pas seulement économique mais aussi philosophique). Alors que les modèles économiques traditionnels privilégient un consommateur omniscient et totalement rationnel, le jeune économiste l’envisage, lui, moins éclairé sur toutes les réalités du monde. « On apprend très tôt à l’université comment le consommateur décide, comment il existe un équilibre général dans l’économie avec plein de consommateurs qui prennent des décisions de manière optimale: c’est le modèle traditionnel », alors que les choix s’opèrent « de manière non complètement optimale dans mon modèle alternatif », dit-il Il convoque un consommateur « myope » ou « naïf » qui « ne fait pas attention » ou « oublie qu’il peut arriver un certain nombre d’événements rares ». Et dans ce cas, ce consommateur est « impréparé » et risque de trop s’endetter ou de ne pas assez épargner. Là, intervient « dans le modèle un rôle pour le gouvernement, la société de faire ou des régulations ou des politiques d’éducation pour que les gens prennent mieux leurs décisions ». « Au lieu de supposer que tout le monde réfléchit à tout ce qui va se passer, dans ce modèle les gens réfléchissent seulement à une partie de ce qui va se passer: par exemple, ils vont planifier pour le cas moyen mais pas pour les cas extrêmes », comme une crise. Bonne nouvelle, cela signifie qu’en moyenne « ils vont plutôt bien se débrouiller ». En revanche, ils seront « sous-préparés pour les événements rares ». Ses recherches doivent permettre « de refonder une partie de l’économie avec des agents supposés être moins rationnels que dans le modèle standard, plus réalistes, plus proches de la réalité », détaille l’économiste. Considérant ses travaux comme un « prélude » à d’autres, transposable à l’ensemble des agents économiques, Xavier Gabaix observe que « ça marche aussi bien au niveau de l’individu qui est au chômage qu’au niveau de l’Europe qui s’était sous-préparée pour des événements qui avaient l’air rares comme la crise des dettes souveraines ». Ce brillant économiste diplômé d’Harvard et qui a fait toute sa carrière aux Etats-Unis se veut « dans l’esprit de Maurice Allais », qui était jusqu’à cette année et le sacre de Jean Tirole, le seul économiste français à avoir remporté le prix Nobel. « C’est un des pionniers de l’économie comportementale qui essaie de faire attention à la manière dont les gens prennent réellement des décisions », décrit-il, évoquant des liens forts avec la psychologie. Il explique d’ailleurs que cette idée d’un consommateur insuffisamment protégé contre le système ou d’entreprise, de banque, d’Etat, censés être plus rationnels qu’ils ne peuvent l’être en réalité ne lui est pas venue « à cause de la crise » des dernières années. « C’est vrai que la crise a donné beaucoup plus de légitimité à ce genre d’approche hétérodoxe », reconnaît-il. Mais selon lui, beaucoup d’économistes s’accordaient déjà auparavant à reconnaître que « l’économie suppose trop de rationalité des agents ». « La question est de savoir comment modéliser ça d’une manière utilisable », poursuit l’économiste dont la première spécialité étaient les mathématiques. « J’aimais beaucoup les mathématiques mais je voulais faire des choses plus concrètes », se rappelle-t-il. Du coup, à peine sorti de l’Ecole normale supérieure, il suit des cours d’économie, frappé par une matière où les « questions intéressantes » posées donnent lieu à des « réponses insatisfaisantes ». (AFP)
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