Tapie : nouvelle mise en examen

Tapie : nouvelle mise  en examen

Cette fois Tapie pourtant pas économe de  déclarations fracassantes et  contradictoires n’a pas voulu s’exprimer en apprenant la nouvelle mise en examen. L’homme « d’affaires » a de nouveau été mis en examen mercredi 6 mai, pour détournement de fonds publics, dans l’affaire de l’arbitrage controversé qui lui a accordé plus de 400 millions d’euros dans son litige avec le Crédit Lyonnais, a-t-on appris de source judiciaire. Mi-février, la justice avait annulé cet arbitrage, rendu en juillet 2008 pour mettre fin à une longue bagarre sur la vente d’Adidas, que Bernard Tapie avait racheté avant de s’en défaire en 1993. Cette nouvelle mise en examen s’ajoute à celle pour escroquerie en bande organisée notifiée à Bernard Tapie en juin 2013 et à cinq autres personnes. Contactés par l’AFP, ni l’homme d’affaires ni son avocat n’ont souhaité faire de commentaire. Au début du mois de mars, Bernard Tapie avait été interrogé par les juges financiers chargés de l’enquête sur l’arbitrage controversé. Les juges d’instruction soupçonnaient alors que cette sentence de 2008 ne soit le fruit d’un « simulacre d’arbitrage« . Il s’agissait du premier interrogatoire de Bernard Tapie par les magistrats sur le fond du dossier. Ils s’interrogeaient notamment sur les relations anciennes et cachées entre Bernard Tapie, un de ses avocats, Maurice Lantourne, et un des trois juges arbitres, l’ancien magistrat Pierre Estoup — des liens susceptibles de jeter le doute sur l’impartialité de ce dernier. Outre Bernard Tapie, trois personnalités sont susceptibles d’être inquiétées par ce nouveau cap procédural. D’abord, l’ex-ministre de l’Économie Christine Lagarde, qui s’était déjà retrouvée en première ligne en 2011 avec l’ouverture d’une enquête de la Cour de justice de la République pour « complicité de faux » et « complicité de détournement de biens publics ». En tant que patronne de Bercy, elle avait tranché en faveur d’un arbitrage privé dans le litige opposant Bernard Tapie au Consortium de réalisation (organisme héritier du Crédit lyonnais). Entendue comme simple témoin assisté par la CJR, Christine Lagarde avait par la suite été mise en examen pour « négligence » par les magistrats du pôle financier. Ces derniers ont estimé qu’elle avait failli à sa mission en n’empêchant pas l’arbitrage frauduleux, mais qu’elle n’est pas pour autant complice des manœuvres supposées de Bernard Tapie pour échapper à la justice ordinaire. Son directeur de cabinet à l’Économie, Stéphane Richard, lui, a été mis en examen pour « escroquerie en bande organisée », tout comme l’énarque Bernard Scemama, président de l’EPFR, l’entité publique chargée de veiller à ce que le passif du Crédit lyonnais soit soldé dans les meilleures conditions. Le rôle décisif qu’ont joué les deux hommes dans la décision d’aller à l’arbitrage avait été retenu contre eux par les magistrats.  Longuement interrogé sur son « implication personnelle » dans ce dossier, l’ancien secrétaire général de l’Élysée Claude Guéant a pour sa part été placé en garde à vue en 2014 sans qu’aucun chef d’accusation n’ait à ce jour été retenu contre lui. En optant pour un second angle d’attaque, les magistrats instructeurs comptent-ils mettre à mal la défense de l’ancien ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy, qui avait fréquemment reçu Bernard Tapie lorsqu’il était en poste au Château ? En requalifiant les faits, les juges offrent la possibilité de réentendre les différents protagonistes de l’affaire et de les interroger sur d’éventuels faits nouveaux.

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