Renault: l’Etat impose sa position à Carlos Ghosn
Finalement c’ est l’Etat qui a gagné en imposant sa position à Carlos Ghosn. Les détenteurs d’action de plus de deux ans auront donc un droit de vote double. Reste à savoir si c’est une bonne chose que l’Etat soit monté de 15 à 20% au capital de Renault. Renault est en effet une entreprise bien gérée qui n’a pas besoin de l’Etat. A l’inverse l’Etat ferait mieux de se préoccuper de sociétés nationalisées ( ou dans lesquelles elles détient une grande partie du capital) dont la gestion est calamiteuse. Cependant l’idée générale du droit au double vote est intéressante car elle permet de limiter l’influence de l’actionnariat à caractère éphémère et spéculatif, elle peut être utile à la définition de stratégie de long terme. Mais en l’ occurrence Renault actuellement n’a nullement besoin de l’Etatt pour bien gérer son développement et sa compétitivité . Les détenteurs de titres du groupe au Losange, réunis à Paris, ont voté à 60,53% en faveur d’une résolution soutenant le principe « une action, une voix », mais une majorité qualifiée des deux tiers était requise par la loi pour qu’elle soit adoptée. Le taux de participation était de 72,45%, soit sept points de plus qu’en 2014. Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, qui rejetait le dispositif des votes doubles, n’a pas fait de commentaire à l’énoncé du résultat du vote, se contentant d’en prendre acte. Le gouvernement sort donc victorieux de l’épreuve de force engagée depuis trois semaines avec le constructeur automobile pour lui imposer les dispositions de la « loi Florange », visant à récompenser l’actionnariat à long terme et à décourager les spéculateurs. Cette loi, promulguée en mars 2014, stipule que tout actionnaire, y compris l’Etat, se voit automatiquement attribuer un droit de vote double à l’issue d’une période de deux ans de détention continue des titres. Seule l’assemblée générale des actionnaires pouvait empêcher l’application de ces dispositions en votant une résolution, en l’occurrence la 12e. Dans le cas de Renault, le gouvernement avait sorti une botte secrète pour repousser la 12e résolution: augmenter sa part dans le capital de 15 à 19,74%, via un rachat d’actions pour un montant situé entre 814 et 1.232 millions d’euros. Le groupe Renault avait réaffirmé sa position jeudi peu avant l’ouverture de l’assemblée générale et concédé que le vote n’irait sans doute pas dans son sens. Toutefois, « cela ne change pas l’analyse de fond faite par la très large majorité du conseil d’administration », a-t-il dit dans un communiqué. Le 16 avril, le conseil s’était séparé sur une déclaration de soutien à la 12e résolution. Le groupe automobile japonais Nissan, partenaire de Renault, avait également appuyé cette position à l’issue d’une réunion de son état-major.
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