Jeux olympiques ou exposition universelle ?
La question se ose car il peu vraisemblable que la France puisse obtenir d’organiser deux événements si proches ( sans parler du coût). . Quelque deux millions de visiteurs, plus de 20.000 journalistes accrédités, 3,7 milliards de téléspectateurs… pendant plus de deux semaines, les jeux Olympiques braquent l’attention du monde entier sur le pays hôte. La phase de candidature engendre aussi d’importantes retombées médiatiques. Plus discrètes, les expositions universelles drainent pendant six mois un public variable: Milan qui ouvre le 1er mai attend 25 millions de visiteurs, Shanghai en a accueilli 73 millions en 2010 (dont 5,8% d’étrangers). Jean-Christophe Fromantin (UDI), président de l’association ExpoFrance 2025 qui a défendu la candidature française jusqu’à présent, table sur au moins 40 millions de visiteurs. La question des retombées économiques des JO est complexe, comme le relève le cabinet de conseil Microeconomix dans une note récente. «Les bénéfices attendus de ces événements ne sont que rarement atteints et les budgets initiaux systématiquement dépassés». Le gouvernement britannique a toutefois fait état en 2014 de 14,2 milliards de livres générées en deux ans par les Jeux londoniens, alors qu’il en attendait 11 en quatre ans. Désormais décidée à défendre la candidature de Paris aux JO, Anne Hidalgo veut éviter la multiplication d’éléphants blancs – ces équipements surdimensionnés sans utilité après les Jeux – et réduire la fracture territoriale entre Paris et sa périphérie, particulièrement la Seine-Saint-Denis. M. Fromantin imagine de son côté la création d’un grand «pavillon d’immersion numérique», situé «dans le Grand Paris», et de douze «forums», six en Ile-de-France et six en région, qui pourraient soit être des créations ex nihilo, soit s’appuyer sur des bâtiments existants. Il met surtout en avant le rôle d’accélérateur pour l’innovation que peuvent jouer les exposition universelles, et souligne l’importante part d’initiative qu’elles laissent au pays hôte, alors que le cahier des charges des JO est «formaté». Plus de 11 milliards d’euros pour Londres, soit plus du double de l’estimation initiale, 34 milliards pour Sotchi en 2014… les JO sont toujours plus dispendieux. Le mouvement sportif français a toutefois élaboré une candidature plus sobre, autour de 6,2 milliards d’euros dont environ trois pour les infrastructures. La facture de la candidature parisienne peut être allégée grâce au grand nombre d’équipements déjà existants, et au lancement indépendamment d’elle des travaux du Grand Paris Express. Du côté des Expositions universelles, le chef de la délégation française auprès du Bureau international des expositions (BIE) Pascal Rogard (cité dans le rapport de la mission d’information parlementaire présidée par M. Fromantin), dit que leur coût oscillerait aujourd’hui entre 2 et 6 milliards d’euros, et qu’elles sont rarement bénéficiaires. M. Fromantin table pourtant sur un coût de 2,9 milliards d’euros, pour un chiffre d’affaires de 3,1 mds, sans aucun financement public. A la tête de la candidature de Paris aux JO se trouve le mouvement sportif, avec en soutien l’Etat, la région et la mairie de Paris, à qui il appartient formellement de s’engager. Le président de la fédération internationale de rugby (World Rugby, ex-IRB) Bernard Lapasset et le triple champion olympique de canoë et membre du CIO Tony Estanguet, apparaissent comme un ticket quasiment idéal pour toucher l’institution de Lausanne. La candidature française, qui se veut moins coûteuse et plus écologique que les dernières éditions, est en ligne avec la nouvelle feuille de route du CIO… à condition que celui-ci s’y tienne. Rome, Hambourg et Boston sont déjà en lice. Le projet d’Exposition universelle est actuellement défendu par l’association ExpoFrance 2025, présidée par Jean-Christophe Fromantin. Anne Hidalgo s’est publiquement inquiétée des orientations prises par le député-maire de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). «Une exposition multi-sites, ça n’existe pas», a-t-elle notamment affirmé. Le rapport de la mission d’information souligne lui-même que le BIE est réticent «à se priver d’un site unique d’exposition auquel il est attaché». Un délégué interministériel va être nommé mardi pour superviser une éventuelle candidature à l’Exposition universelle. Sa mission : «Remettre sur les rails» la candidature française, à moins qu’il ne s’agisse de la «débrancher», selon des proches de la maire de Paris. Les Français, pour leur part, préfèrent l’Exposition Universelle aux JO: s’ils sont 61% à être favorables à l’accueil de ces derniers, 57% disent préférer la première aux seconds (41% l’inverse), selon un sondage Odoxa pour Le Parisien-Aujourd’hui en France publié dimanche.
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