Cyberattaque, euro, pétrole: les scénarios fantaisistes des analystes
Comme disait Pierre Dac, « le plus difficile en matière de prospective, c’est de prévoir l’avenir ». Pourtant des analystes se sont liés à l’exercice en envisageant par exemple un pétrole à 40 dollars, un euro égal à un dollar, l’écroulement de la Grèce ou encore un cyber attaque massive aux Etats-Unis. Le problème c’est que les grands événements n’ont jamais été prévus et que cet exercice est assez aléatoire. Il fait notamment l’impasse sur les conséquences de la montée du terrorisme qui risque de porter atteinte aux volumes des échanges et donc à la croissance. On évacue encore la possibilité d’éclatement d’une bulle financière, obligataire ou autre. Bref un exercice à prendre avec des pincettes et qui évacue le scénario d’un période très prolongée de croissance très faible avec ses conséquences sociales, financières voire sociétales (notons que les analystes s’occupent d’économie et de fiances pas de société !). . Exemples :
> L’euro ne vaut plus que 1 dollar
C’est le pari que font les analystes de la banque néerlandaise ING. Ces derniers pensent que la monnaie unique vaudra autant que le billet vert dans le courant de l’année 2015, comme le rapporte le Handelsblatt. Une prévision qui, à première vue, peut sembler audacieuse, quand on sait que l’euro n’a connu qu’une période très brève sous les 1 dollar, entre 2000 et 2002, selon les Echos. Et pourtant la prévision des analystes d’ING est loin d’être irréaliste. L’euro est actuellement en train de dégringoler. Entre mai 2014 et janvier 2015, la monnaie unique est passée de 1,39 à 1,18 dollar, soit une baisse de 15%. Le 14 janvier dernier, l’euro est même passé sous son cours d’introduction face au dollar, en 1999 (1,1747 euro pour un dollar).
> Le baril de pétrole à moins de 40 dollars
Le 12 janvier dernier, la banque d’affaires Goldman Sachs provoque un véritable coup de tonnerre en publiant des prévisions étonnantes sur le marché du pétrole. Ses analystes tablent désormais sur un prix de 39 dollars le baril à six mois pour le WTI, à New York, et de 43 dollars pour le Brent de la mer du Nord, à Londres. Impressionnant quand on sait que les prévisions précédentes étaient de 75 dollars pour le WTI et 85 dollars pour le Brent. Là encore si cette prévision détonne, elle n’en est pas moins crédible. Depuis juin 2014, aussi bien le WTI que le Brent ont perdu plus de 50% et la chute n’a pas encore atteint un plancher. Pour preuve, les prévisions de Goldman Sachs ont eu l’effet d’une prophétie auto-réalisatrice. A l’annonce de ces prévisions, le Brent et le WTI ont perdu 5% et 4,7% à respectivement 47,5 et 46 dollars, lundi.
> Syriza, une bonne chose pour l’Europe
C’est un scénario qui a plusieurs fois grippé les marchés: le parti de gauche radicale Syriza arrive au pouvoir après le 25 janvier prochain. La crainte est que ce parti-austérité enclenche un bras de fer avec le FMI et l’Union européenne en refusant d’implanter les mesures nécessaires pour continuer à percevoir l’aide financière internationale. A contrario de beaucoup d’analyses, Holger Schmieding, de la banque Berenberg envisage un scénario qui renforcerait l’Europe. Si Syriza, une fois arrivé au pouvoir, n’arrive pas à tenir “ses promesses inabordables”, alors “les partis populistes perdraient de leur crédibilité, et les partis traditionnel dans toute l’Europe auraient bien plus de facilité à démontrer combien ces populistes irresponsables sont superficiels”.
> Les Etats-Unis victime d’une cyberattaque massive
Pour être tout à fait exact, il ne s’agit pas d’une prévision à proprement parler. Chaque année, Byron Wien, un analyste du fonds Blackstone, livre 10 “suprises” qu’il définit comme des faits auxquels “un investisseur moyen donnerait 33% de chances de se produire” alors que lui-même mise sur “plus de 50%”. Parmi ces surprises, Byron Wien évoque une cyberattaque massive de la part de hackers, qui envahiraient alors les comptes des clients particuliers et des professionnels d’une importante banque. La Réserve fédérale (Fed) interviendrait alors et suspendrait les transactions de l’établissement en question pendant cinq jours pour réparer les pots cassés. Ce scénario est d’autant plus crédible que les attaques sur internet se sont multipliées aux Etats-Unis. A l’été 2014, des hackers avaient ainsi tenté de voler les données de millions de clients de la banque JP Morgan. Et, selon les enquêtes fédérales en cours, une dizaine d’autres établissements ont été visés. Parmi les autres “surprises” de Byron Wien, on notera une croissance chinoise de seulement 5% ou encore un S&P500 qui prendrait plus de 15% sur l’ensemble de 2015.
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