Russie : Poutine au chevet des banques

Russie : Poutine au chevet des banques

 

Poutine dans la précipitation recapitalise certaines banques. Un plan de 14 milliards d’euros est prévu dès janvier. En cause évidemment une économie qui s’effondre sous le poids des sanctions occidentales suite au conflit ukrainien, le pétrole qui a perdu la moitié de sa valeur en 6 mois, le rouble qui s’effondre (moins 40%°. Tout cela conduisant à une inflation de 10 à 12% du fait en particulier du relèvement à 17% du taux directeur de la banque centrale. Même si Poutine  dispose encore d’un large soutien de la part de la population, les décideurs eux ont tendance à partir avec leurs capitaux ou à les convertir en devises étrangères. Au total le bilan de Poutine est catastrophique. Et ceux qui en France louaient son intelligence ont sont quitte pour revoir leur diagnostic de l’état mental du dictateur fou (il vient encore de condamner son principal opposant à la prison). . Le nouveau soutien de l’Etat est prévu pour début 2015 et chiffré à 1.000 milliards de roubles (14 milliards d’euros). Ses bénéficiaires doivent être connus d’ici à la mi-janvier-2015. D’ores et déjà, VTB, s’est vu verser mardi 100 milliards de roubles (1,4 milliard d’euros) et doit recevoir au premier trimestre 150 milliards de roubles supplémentaires (2,1 milliards d’euros). Gazprombank, établissement créé par le gazier Gazprom en 1990 pour financer la production d’hydrocarbures devenue une banque généraliste complète avec quatre millions de clients, est de son côté recapitalisée à hauteur de 40 milliards de roubles (560 millions d’euros). Ces deux groupes bancaires avaient été au cours de l’été ajoutées à la liste noire des entreprises sanctionnées par les Etats-Unis pour l’annexion de la Crimée par la Russie et son rôle dans le conflit dans l’Est de l’Ukraine qui a fait plus de 4.700 morts.  Les mesures de rétorsion annoncées dans la foulée par Bruxelles les privent, comme toutes les grandes banques publiques, de financement à long terme sur les marchés européens. Or, ces banques jouent un rôle essentiel pour financer l’activité économique et le gouvernement avait fait savoir rapidement qu’il était prêt à les soutenir, de même que des grands groupes énergétiques comme le pétrolier Rosneft ou le gazier Novatek. VTB a promis que l’aide versée servirait à financer des travaux d’infrastructures. L’Etat ne compte pas seulement sur les banques puisqu’il a débloqué mercredi des fonds directement pour plusieurs projets cruciaux: 50 milliards de roubles (720 millions d’euros) pour la modernisation des lignes de chemin de fer à travers la Sibérie (Transsibérien et BAM) et 150 milliards (2,1 milliards d’euros) pour la production de gaz sur la péninsule de Iamal dans le Grand Nord.  Le soutien du secteur financier s’annonce indispensable pour traverser 2015: les autorités russes ont d’ores et déjà prévenu que le produit intérieur brut pourrait chuter de plus de 4%, après une croissance évaluée pour 2014 à 0,6%, et aucune reprise n’est prévue avant 2017. Les recettes budgétaires sont plombées par la chute des cours du pétrole et le déficit pourrait dépasser 3% du PIB en 2015 après plusieurs années d’équilibre. Renforcer les banques est devenu plus que jamais nécessaire vu le plongeon subi par le rouble à la mi-décembre, d’une violence plus vue depuis le placement de la Russie en défaut de paiement en 1998. Si la monnaie russe s’est reprise depuis, le prix de cette crise monétaire est lourd pour le secteur, jugé vulnérable avec plus de 800 établissements hérités des années post-soviétiques. Pour défendre la monnaie, la banque centrale a dû augmenter son taux directeur à 17%, un durcissement monétaire qui renchérit l’accès aux liquidités et risque de rendre intenable tout emprunt pour les ménages et entreprises. Déjà en manque de carburant, le secteur financier a dû faire face à une hémorragie de la part des déposants lorsque le rouble s’effondrait à vue d’oeil. Les Russes ont converti en masse des roubles en devises étrangères (pour 30 milliards de dollars au total sur l’année selon le ministre de l’Economie). Pire: ils se sont mis à retirer leurs roubles pour les conserver en liquide, de peur d’un effondrement du système, comme dans les années 1990. Signe de la violence du phénomène, la banque centrale a dû mettre sous tutelle d’urgence une grosse banque, Trust, et la renflouer à hauteur de 127 milliards de roubles (1,8 milliard d’euros), ce qui en fait le deuxième plus gros sauvetage bancaire de la Russie post-soviétique

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