La guerre du Vatican

La guerre du Vatican

 

Le Vatican vit déjà depuis un moment une guerre entre les réformateurs et les partisans du statuquo. Face aux difficultés de réforme le précédant pape avait dû  démissionner. Le pape François lui s’attaque aux  problèmes mais pas forcément avec beaucoup de chances de succès tellement les superstructures ( le gouvernement) de la curie romaine paralysent toute évolution. Du Coup le pape emploie de mots que même les adversaires de l’église n’emploieraient pas forcément pour qualifier cet immobilisme « Alzheimer spirituel » ou   »schizophrénie existentielle ». Odon Vallet, historien des religions et auteur de Dieu et les religions en 101 questions-réponses (Albin Michel), y voit un pape isolé et affaibli. (Intreview JDD)

Comment expliquer une telle dureté du pape François envers les membres de la curie?
 Ses propos sont effectivement très durs. Le pape François parle de « pétrification mentale » au sein de la curie. Depuis le dernier synode (sur la famille, ndlr), le pape voit que ses adversaires sont au cœur du gouvernement de l’Eglise. En particulier, sans les nommer, les évêques américains, africains et italiens.

Ces paroles traduisent-elles une difficulté à mener les réformes qu’il a engagées ?
Rien ne laisse supposer qu’il arrive à faire ses réformes. J’estime qu’il a moins d’une chance sur deux de les mener à bien. La réforme du concile de Trente (XVIe siècle) a duré 18 ans et a requis six papes… Le pape François a 78 ans, son entreprise pour réorganiser l’Eglise sera très difficile. D’autant plus qu’il a 90% de la curie contre lui.

A l’inverse, il est très apprécié par les fidèles…
Il est autant populaire en Europe qu’il est en difficulté avec ceux qui le côtoient. La popularité peut susciter la jalousie. Rappelez-vous la foule qui applaudissait Jésus aux Rameaux et qui le conspuait le Vendredi saint.

Voyez-vous dans ce discours un pape acculé ou un chef qui cherche à affirmer son autorité ?
Le pape François vient de l’école des jésuites. Ils prônent le discernement et la modération. Aujourd’hui, le souverain pontife ressemble plutôt à un médecin de l’extrême. Je rappelle qu’il a déjà comparé l’Eglise à un hôpital. Peut-être aurait-il intérêt à faire relire ses discours par des gens plus diplomates, car ceux qui l’approuvent sur le fond, le désapprouve sur la forme.

Mais contre qui se bat-il ? Pourquoi est-il si isolé au sein du Vatican ?
Lorsqu’il a été élu, il devinait mal les problèmes de la curie. Ce qu’il a découvert va au-delà de ses craintes. Même s’il a nommé des proches, il lui faudrait 10 ou 12 ans pour renverser les évêques en sa faveur. Le problème de la curie est le même que celui de ce gigantesque bateau de croisière qui s’échoue sur les côtes italiennes. On peut imaginer que les cardinaux et les évêques mettent une inertie telle dans les rouages du Vatican que François ne puisse rien faire. Ces pires ennemis sont ceux qui l’encensent dans la foule.

A-t-il déjà perdu la bataille contre ses adversaires en interne ?
En ce moment, il est en train de perdre. Le silence est d’or… et lui se met une catégorie de personnes à dos tous les jours avec ses déclarations. Si j’étais le pape François, je nommerais un cardinal chargé de dire du bien des gens et destiné à mettre de l’huile dans les rouages plutôt que d’en jeter sur le feu.

Imaginez-vous voir le pape François démissionner ?
Oui. Même s’il peut encore renverser la tendance. Son discours est peut-être même une façon de dire « moi je veux mourir debout ».

 

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