Chute de la bourse ?

Chute  de la bourse ?

Dans une  intreview à « Capital » le  Président de Valquant, Eric Galiègue évoque de manière nuancée les risques potentiels de chute de la bourse. En creux, il faut y lire une sévère critique de la politique économique et la perspective d’une crise durable.  

 

Capital.fr : Le CAC 40 a regagné beaucoup de terrain depuis le plancher de mi-octobre. Faut-il craindre une rechute ?

Eric Galiègue : Il convient d’être prudent, l’alerte baissière de la première quinzaine d’octobre faisant écho à celle de la première quinzaine d’août. A l’instar de la plupart des autres indices actions européens, le passage du CAC 40 sous sa moyenne mobile à un an ou à 200 jours (moyenne des cours de clôture des 200 dernières séances, NDLR) l’a fait basculer dans une zone de danger, avec le risque d’un décrochage. Le récent rebond de l’indice parisien n’a pas réussi à lui faire refranchir à la hausse ces moyennes mobiles. Il s’apparente ainsi à un « rebond du chat mort » (traduction mot à mot du dead cat rebound, expression britannique, NDLR). Cela signifie que la reprise des cours n’est qu’un sursaut sans lendemain, à l’image d’un chat lancé d’un étage élevé, qui rebondira après avoir atteint le sol, même s’il sera tué sur le coup. Le scénario le plus probable est donc celui d’une rechute des marchés d’actions sur les prochains mois, avant un rebond.

Capital.fr : Quels sont les principaux dangers planant sur les marchés d’actions ?

Eric Galiègue : En Europe, les prévisions de bénéfices des sociétés cotées ont été révisées en baisse pour 2015, de 6% pour les pétrolières ou encore de 3% pour les valeurs du secteur de la construction et des matériaux, selon Facset. La baisse de la parité euro/dollar finira par avoir un impact positif sur les comptes, mais cela prendra un certain temps. La confirmation d’un net ralentissement de la croissance, à l’image du trou d’air de la conjoncture allemande, serait dommageable. La montée des tensions géopolitiques, notamment en Ukraine, où le cessez le feu a pris fin, pourrait réserver par ailleurs de mauvaises surprises. En parallèle, la montée en puissance des républicains outre-Atlantique pourrait favoriser un durcissement de la position de Washington au Proche-Orient. Enfin, d’autres accidents, comme le développement du virus Ebola ou encore le retrait d’un pays européen de l’Union monétaire, pourraient survenir…

Capital.fr : A contrario, quels sont les facteurs de soutien ?

Eric Galiègue : En zone euro, Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, a confirmé qu’il était disposé à laisser le bilan de l’institution s’accroître de 1.000 milliards d’euros et a souligné qu’il travaillait à l’élaboration de mesures complémentaires. La BCE a commencé à racheter des titres adossés à des actifs et va reprendre le risque de crédit des banques, ce qui aura des effets très positifs, mais à terme. De même, la baisse des cours du pétrole est favorable, mais son impact ne se fera sentir que l’an prochain. Les pays européens, France et Allemagne en tête, doivent mener une politique budgétaire de relance volontariste.

Capital.fr : Le scénario de la déflation est-il envisageable ?

Eric Galiègue : Un phénomène de déflation serait très pénalisant, dans un environnement de surendettement généralisé, avec une accélération de la dégradation de la conjoncture et un service de la dette de plus en plus difficile. Une déflation comparable à celle des années 1930, quand les prix baissaient de 5% à 10%, me paraît toutefois improbable. Une déflation « à la japonaise », avec une stabilité ou un effritement des prix, semble plus réaliste. En effet, les politiques monétaires expansionnistes à l’œuvre se traduisent par une monétisation de la dette publique. Ce qui revient à détruire peu à peu le stock de dettes, moyennant une dévalorisation de la monnaie.

Capital.fr : Tokyo semble déterminée à rompre avec la déflation…

Eric Galiègue : Le relèvement de la TVA au Japon en avril dernier a été un choc pour la croissance. La Banque du Japon, qui était déjà engagée dans un programme de rachats d’actifs massif, a ainsi décidé d’aller encore plus loin, le total de bilan de l’institution devant passer de 50% à 75% du produit intérieur brut ! Toutes proportions gardées, l’archipel s’apprête à faire en 2015 ce que les Etats-Unis ont réalisé en cinq ans… Le fonds de retraite public nippon va acheter des actions, ce qui constituera un soutien. Pour autant, la fuite en avant du Japon est incroyable, d’autant qu’elle ne fonctionne pas, la croissance n’étant toujours pas au rendez-vous, tandis que les importations, notamment la facture énergétique, se renchérissent…

 

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